Colloque « Lutter contre l’islamophobie, un enjeu d’égalité ? » Université Lyon 2, le 14 octobre 2017
Cette journée de colloque se veut une réponse au contexte ouvert en France par l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo en janvier 2015 et marqué ensuite par une série d’attentats perpétrés au nom d’organisations terroristes se réclamant de l’islam.
Le climat social tendu s’est traduit dans un premier temps par une montée spectaculaire des déclarations et actes islamophobes recensés par les associations de défense de victimes. Si le nombre de ces actes a décru de façon significative en 2016, ils demeurent à un niveau inadmissible. A une stigmatisation liée à l’origine (arabe, nord-africaine, maghrébine…) s’est ajoutée ces dernières années une discrimination à l’encontre des musulman-e-s ou supposé-e-s musulman-e-s. Ainsi, plusieurs associations se sont mobilisées pour réfléchir et combattre ensemble ce qui est devenu un fléau social parce qu’il clive la société en enfermant les citoyen-ne-s dans des catégories ethnico-religieuses et qu’il nuit à la paix sociale.
La société française est amenée à s’interroger : au-delà d’un développement de l’islamophobie, la persistance d’inégalités, l’ampleur des discriminations, la remise en débat de mesures portant atteinte aux droits des femmes, les incitations à la haine, l’essor de manifestations homophobes ou d’actes racistes et antisémites interpellent les citoyen-ne-s quant aux conditions d’exercice du vivre et de l’agir ensemble dans le respect de l’altérité. Ces enjeux sont au cœur même de la notion de laïcité. Le monde universitaire, dans toutes ses composantes, est concerné au premier chef, tant dans son fonctionnement, dans l’égalité d’accès au savoir que dans la recherche. Cette articulation entre le militantisme pour les droits humains et la réflexion universitaire vient montrer que les phénomènes qui préoccupent la société font écho à l’intérêt porté par l’université aux problématiques sociales. Il n’existe pas de cloisonnement hermétique entre ces deux mondes qui au contraire se complètent pour la construction d’une collectivité responsable et citoyenne.
Une première journée d’étude a été organisée en partenariat avec l’Institut supérieur d’Etude des religions et de la laïcité (ISERL) le 5 mars 2016. Sous le titre : « Islamophobie, le poids des mots, la réalité des maux ». Son objet était de réfléchir à l’émergence des mots et de leur usage, qu’il s’agisse de l’islamophobie ou de l’antisémitisme. L’objet de la journée était de mettre en évidence la réalité des discriminations face aux polémiques visant à délégitimer l’usage du mot « islamophobie » comme manière d’interdire toute critique de l’islam. Il s’agissait aussi de mesurer le risque de politiques publiques qui ne se donneraient pas pour priorité de respecter les libertés, susceptibles de porter atteinte à la dignité, à l’intégrité physique ou à l’égalité citoyenne des musulman-e-s. Si la critique de l’islam ou l’approche critique des textes qui le fondent relèvent de la liberté d’expression ou des libertés académiques, on a pu s’accorder, au terme de cette journée, sur le fait que l’islamophobie pouvait être définie comme un racisme antimusulman, comme la stigmatisation et l’essentialisation d’un-e individu-e ou d’un groupe en fonction de ses convictions religieuses réelle ou supposée en vue de le-la discriminer, l’agresser ou l’exclure de la vie sociale.
En organisant ce colloque, nous entendons questionner la catégorie : «islamophobie» sous plusieurs angles : celui du rapport de l’islam à la laïcité dans la République et celui de l’histoire de la présence musulmane en France, au regard des stéréotypes et discriminations rencontrées. Il s’agira dans un premier temps d’aider à la compréhension de l’islamophobie en tant que discrimination et facteur d’inégalités, à partir d’une approche historique et sociologique des musulman-e-s en France. Dans un second temps, nous chercherons à interroger la relation de l’État à l’islam de France en nous demandant si la laïcité peut être à géométrie variable selon les religions. Il s’agit surtout, dans cette journée, de couper court à une représentation fantasmagorique des musulman-e-s conduisant à des débats passionnés sans fondement scientifique.
Liste des associations partenaires : Alternatives Catholiques, Association France-Algérie Rhône-Alpes (AFARA), Cercle des Algériens et franco-algériens en Rhône-Alpes, Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), Coup de Soleil en Auvergne-Rhône-Alpes, Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), Etudiants musulmans de France (EMF), Institut français de civilisation musulmane (IFCM), ISM CORUM, Organisation Racism Islamophobia Watch (ORIW), Participation et spiritualité musulmane (PSM), Raja-Tikva (association d’amitié arabo-juive citoyenneté en Auvergne-Rhône-Alpes), Radio Salam, Radio MIT.