L’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale
Solitude, dépression, anxiété sociale ; on oublie souvent à quel point les réseaux sociaux peuvent nuire à notre bien-être et nous saper le moral.
Alors que Facebook vient tout juste de souffler ses 16 bougies, notre dépendance aux réseaux sociaux n’a jamais été aussi importante. Derrière le progrès technologique, la transition numérique et la diversité des outils qui nous permettent aujourd’hui de communiquer, le danger rôde. Solitude, dépression, anxiété sociale ; autant d’effets néfastes que peuvent provoquer les réseaux sociaux sur notre santé mentale.
Ces dernières années, plusieurs études ont pointé du doigt le risque d’isolement chez les jeunes adultes, évoquant les conséquences liées à une utilisation excessive des réseaux sociaux (manque de sommeil, harcèlement, dépression, rejet de soi…). Et si on y regardait de plus près ?
Sur l’estime de soi
À force de scroller sur Facebook, Twitter ou Instagram, on est facilement amené à comparer ses photos, ses statuts et parfois sa vie toute entière, à celle des autres. Face à des clichés retouchés, des hashtags stylés et des quotidiens rythmés, beaucoup développent une certaine jalousie à l’égard de leurs amis virtuels. Car dans le monde merveilleux des réseaux sociaux, tout le monde semble avoir une vie géniale, sauf vous. C’est d’ailleurs ce qu’avait révélé en 2016 une étude menée par l’Université de Copenhague, indiquant que Facebook rendait les gens malheureux, jaloux et particulièrement tristes. Le fait de ne plus fréquenter la plateforme pouvant ainsi augmenter le sentiment de bien-être, soulignait le rapport « En obtenant un sentiment de valeur basé sur ce que l’on fait par rapport aux autres, on place notre bonheur dans une variable qui échappe totalement à notre contrôle », explique le docteur Tim Bono, auteur du livre When Likes Aren’t Enough, cité par The Independent.
Sur le contact humain
Cela peut sembler paradoxal (et peut-être un peu ringard). Mais à force d’être constamment connectés à travers des partages sur Facebook, des émojis sur Messenger ou des likes sur Instagram, on finit par perdre le véritable lien humain qui nous lie les uns aux autres. En prenant l’habitude de communiquer par écrans interposés, approcher ou encore discuter « pour de vrai » devient de moins en moins facile et certains ont tendance à se replier sur soi. Une conséquence qui peut mener à ce qu’on appelle le FOMO (de l’anglais « fear of missing out »), ou la peur de rater quelque chose. Une sorte d’anxiété sociale « caractérisée par la peur constante de manquer une nouvelle importante ou un événement quelconque donnant une occasion d’interagir socialement ». S’attarder sur les photos d’un événement auquel on n’a pas assisté peut alors créer un sentiment plus ou moins fort de solitude et d’anxiété.
Sur la mémoire
En tant que boîte à souvenirs ou trésor à archives, les réseaux sociaux ont parfois du bon. Mais la manière dont nous les utilisons peut parfois fausser certains détails du passé. En passant plusieurs (parfois longues) minutes à prendre la photo/vidéo parfaite qui illustrera le moment parfait que l’on souhaite partager avec le monde entier, on oublie totalement de vivre pleinement l’instant. Le « souvenir » que l’on gardera de ce coucher de soleil ou de ces retrouvailles sera donc davantage lié au cliché qu’au moment en lui-même. « Le fait de concentrer toute son attention sur la capture des plus belles photos à exposer sur les réseaux fait que l’on est moins disponible pour profiter en temps réel des autres aspects du moment », explique Tim Bono. Ce qui peut alors « saper le bonheur que ce moment pourrait nous procurer ».
Sur le sommeil
Pour beaucoup, le smartphone est devenu comme un doudou de substitution à celui de notre tendre enfance. Sans lui, impossible de s’endormir. Du moins, pas avant d’avoir fait un dernier tour sur son fil d’actualité. Pourtant, utiliser son téléphone sur l’oreiller et tout sauf une bonne idée. « Baigner dans l’anxiété ou la jalousie à force de traîner sur les réseaux maintient le cerveau en alerte, ce qui nous empêche de s’endormir paisiblement », explique le docteur Bono. Sans compter que « la lumière de l’appareil à quelques centimètres de notre visage peut empêcher la libération de mélatonine, une hormone qui nous aide à nous sentir fatigués ».
Sur la concentration
Selon une étude conduite par Microsoft en 2015 au Canada, l’émergence des réseaux sociaux et la généralisation des smartphones a fait perdre à l’individu sa capacité de concentration. « Un smartphone en main, votre temps de concentration est inférieur à celui d’un poisson rouge », titrait même le Huffington Post après la publication de l’étude. À force de toucher du bout des doigts une quantité innombrable d’informations (actualités, messages, posts sur les réseaux sociaux, événements, etc.), nous sommes devenus terriblement distraits. Pour Tim Bono, « les réseaux sociaux ont permis de céder constamment à la tentation du divertissement instantané et facile d’accès ». Dès lors, se concentrer pleinement devient une véritable corvée et à la moindre occasion, on replonge illico dans son bain de distraction.
Sur la santé mentale
Utilisés de façon excessive, les réseaux sociaux peuvent entraîner l’apparition de problèmes psychologiques comme les crises d’angoisse ou la dépression. D’après un sondage réalisé en mars dernier cité par The Independent, plus d’un tiers des personnes de la génération Z ont déclaré vouloir se retirer des réseaux sociaux « pour toujours », alors que 41% des sondés fréquentant ces réseaux ont affirmé être « anxieux, tristes et/ou déprimés ».
Afin de se protéger, plusieurs personnes font ainsi le choix de quitter certaines plateformes. Bien qu’un simple (et juste) dosage du temps que l’on choisit de passer sur les réseaux suffit à contourner ses dangers et se sentir mieux dans sa tête.