« Le Jeûne de Ramadan a été ma 1ère adoration »
Témoignage d’une convertie
Il est parfois des périodes dans la vie dont on garde des souvenirs amers ou au contraire ces moments restent inoubliables et surtout irremplaçables.
C’est ce que je ressens lorsque je me rappelle mes premiers moments de jeûne, de l’âge de 14 ans jusqu’à mes 23 ans, dans ma famille non musulmane…
Des repas évolutifs
Au début, je prenais des petits-déjeuners copieux… Puis, au bout de 15 jours, je préparais un plateau dans ma chambre, près de mon lit, car la fatigue commençait à se faire sentir… Je me réveillais juste pour manger car je ne priais pas encore… Je me rappelle qu’une connaissance du lycée avait entendu que je jeûnais et m’avait apporté des gâteaux préparés par sa maman pour mon ftour. Ce geste m’a beaucoup touchée, surtout qu’ils étaient délicieux et avaient le goût du partage !
Puis parfois quand j’avais trop faim dans la journée, je me préparais du riz ou autres sucres lents pour tenir la journée suivante… Surtout quand je savais que je pratiquerai du sport le lendemain. C’était un petit-déjeuner un peu particulier !
Le jeûne de ce mois béni a été ma 1ère adoration, que je n’ai jamais délaissée jusqu’à ce jour. Pourquoi? Car Dieu a inondé mon cœur de Son amour et j’ai commencé à changer positivement. Je n’ai prononcé l’attestation de foi que cinq années plus tard…
Mes ftours étaient simples et s’adaptaient à la vie familiale. Par exemple : ftour sous forme de goûter et dîner en famille. Je ne mangeais ni datte, ni soupe traditionnelle,… Je n’ai commencé à goûter ces délices qu’au bout d’environ 2 années, lorsque j’ai été invitée chez des amies.
Le week-end, même si je ne mangeais pas le midi, je m’installais à table avec ma famille. Je me suis faite beaucoup taquiner par mon grand frère et mes deux sœurs qui se faisaient un malin plaisir à me narguer avec les plats délicieux que préparait ma mère.
Mes parents…
Mon père et ma mère m’ont laissée faire mon expérience. Mon frère avait ouvert la voie en pratiquant le jeûne du ramadan une année avant moi. Finalement il ne poursuivra pas cette pratique disant “qu’il ne pensait qu’à manger et n’avait pas l’esprit qu’il fallait, c’est-à-dire de penser aux nécessiteux”.
Mes parents pensaient que j’étais en pleine crise d’adolescence et que ce n’était qu’une expérience parmi d’autres. J’avais du mauvais caractère et la tête dure… Ils ne se sont jamais opposés à mes choix à partir du moment où ils m’ont trouvée heureuse et de plus en plus épanouie…
J’apprendrais, à mes 25 ans, le jour de mon mariage, que ma mère avait pu observer que je me disputais moins avec ma petite sœur, que j’étais moins agressive même si je gardais du caractère et surtout que mon comportement changeait… j’étais plus serviable par exemple.
J’ai beaucoup pleuré le soir de ma nuit de noces, par émotions et par joie… Parce que mes parents étaient fiers de moi et de mes choix (qu’ils ont toujours respectés) …
Quelques regrets…
Ces premiers pas restent des souvenirs extraordinaires pour moi… Mes premières invocations, mes premières prières, mes premiers amours en Dieu… Ma chère Zahia, mon amie, et tous ceux dont j’ai croisé le chemin en ce mois béni, m’ont apporté par leurs sourires, leurs encouragements, leurs bons conseils, la joie de vivre ce mois de jeûne entourée. Lorsque j’étais invitée à rompre le jeûne chez Zahia, j’avais cette impression d’être dans ma famille de cœur. Sophie a fait un bout de chemin avec moi, on a pu échanger sur nos expériences dans nos familles et cela a été aussi un soutien.
En même temps, j’aimais me retrouver seule, en parlant à Dieu en fin de nuit… J’avais cette impression qu’Il était à mon écoute, rien que moi et moi seule…
Lorsque j’ai commencé à prier, ma famille s’est habituée : si je ne répondais pas, ils ouvraient la porte, voyaient que j’étais sur mon tapis de prière et refermaient discrètement la porte…
Je ne remercierais jamais assez Dieu…
Je n’ai pas rencontré d’obstacles à pratiquer le jeûne du ramadan dans ma famille. Au fur et à mesure du temps, c’est devenu des instants de partages de ftours mais aussi d’expériences spirituelles. À présent, nous invitons, mon époux et moi, chaque année, ma famille à rompre le jeûne avec nous… Puis nous échangeons sur nos expériences de retraites spirituelles… Ma mère est toujours très investie à l’Eglise et mon frère est devenu diacre.
Ma famille transmet parfois mieux que nous le message de l’islam, ce message de foi mais surtout d’Amour…