La miséricorde : vertu primordiale
La miséricorde est définit comme pitié ou compassion qui tend à pardonner et à venir en aide par pure bonté. Elle est synonyme de clémence et d’indulgence. Il est difficile de parler de miséricorde comme d’une action ou d’un concept distinct. C’est une disposition qui se retrouve dans toutes les formes d’adoration et les sublime.
« Ma miséricorde embrasse toute chose » (7 ; 156)
Elle se retrouve dans toute les vertus : la générosité, la patience, le courage en faveur de la justice, la tempérance. Mais aussi qualités humaines : Amour, bienveillance, bienfaisance, compassion, douceur de caractère. Elle est néanmoins plus honorable lorsqu’elle se manifeste devant une injustice et domine la colère. C’est ce qu’on appelle la longanimité « Indulgence qui porte à pardonner ce qu’on pourrait punir. » (Larousse)
« Ma miséricorde l’emporte sur Ma colère. » (Bukhari)
Le Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu soit sur lui) a dit : « Le serviteur atteint d’éminentes stations et de nobles rangs dans l’au-delà par ses vertus, même s’il accomplit peu d’actes d’adoration. »
C’est une disposition éminemment présente en Islam, non seulement elle fonde la religion mais elle en est aussi la finalité.
« Le Tout Miséricordieux a enseigné le Coran » (55 ; 3)
« Et Ma miséricorde embrasse toute chose. Je la prescrirai à ceux qui (Me) craignent, acquittent la Zakat, et ont la foi en Nos signes. Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu’ils trouvent écris (mentionné) chez eux dans la Thora et l’évangile. Il leur ordonne le convenable, leur défend le blâmable, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les mauvaises, et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux. Ceux qui croiront en lui, le soutiendront, lui porteront secours et suivront la lumière descendue avec lui ; ceux-là seront les gagnants » (7 ; 56-157)
Le respect des prescriptions divine assure miséricorde à celui qui les applique en ce qu’il se libère du « fardeau » et du « joug » des passions mais aussi à autrui en ce qu’il bénéficie de la justice et de la bonté de la part du croyant. C’est en cela que constitue la mission du Prophète « Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers. » (Coran 21 ; 107). Tout croyant qui veut suivre le modèle prophétique tend irrémédiablement vers l’incarnation même de la miséricorde. C’est pourquoi chaque bonne action ne doit pas être considérée comme une formalité que l’on appliquerait avec rigidité. Elle doit être enveloppée de douceur afin de transmettre la miséricorde qu’elle est supposée apporter.
« Tu as été doux à leur égard par une miséricorde de Dieu. » (3 ; 159).
« Dieu est doux est Il aime la douceur en toute chose. » (Bukhari et Mouslim)
« La douceur embellit toute chose, et lorsqu’on l’enlève, toute chose s’enlaidit. » (Mouslim)
Il est important de donner priorité à ceux qui ont un droit sur nous et nos biens :
– Tout d’abord Dieu et de son Prophète : Les aimer c’est d’abord être reconnaissant des bienfaits par le respect des obligations et des limites imposées par Dieu et l’observance des pratiques religieuses enseignées par le Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu soit sur lui).
– L’amour envers la famille et les proches du Prophète qui ont transmis le message et les enseignements aux générations qui les suivirent. L’on peut exprimer notre gratitude à travers des invocations en leur faveur auprès de Dieu.
– Le bon comportement envers nos proches et en particulier notre mère qui nous a mis au monde, sans qui nous ne pourrions connaître Dieu. « Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu’envers tes parents.» (31 ; 14). La reconnaissance est l’obéissance aux ordres ainsi le croyant doit obéir à ses parents dans la mesure où cela ne s’oppose pas aux prescriptions divines. Le Prophète, paix et bénédiction sur lui a dit à ses compagnons : « Ne voulez-vous pas que j’attire votre attention sur les grands péchés ?»Les compagnons répondirent : « Bien sûr, ô Envoyé de Dieu ». Alors le Prophète a cité en premier lieu : l’association à Dieu, puis la désobéissance aux parents. »
– La bienveillance envers les orphelins : « Moi et la personne qui prend soin d’un orphelin et pourvoit à ses besoins serons comme ceci, au Paradis (et il colla ensemble son index et son majeur). » (Abou Daoud)
Aujourd’hui, la possibilité de parrainer des orphelins nécessiteux dans le monde entier ou leur venir en aide est grandement facilité par la miséricorde de Dieu.
– Honorer les pauvres, les personnes faibles et méprisées : Selon Abou Sa’id Al Khoudri (que Dieu soit satisfait de lui), le Messager de Dieu (que la paix et la bénédiction de Dieu soit sur lui) a dit : « Il y eut une dispute entre le Paradis et l’Enfer. L’Enfer dit : « J’ai chez moi les tyrans et les orgueilleux ». Le Paradis répliqua : « J’ai chez moi les faibles et les miséreux d’entre les humains ». Dieu arbitra alors entre eux en disant : « C’est toi, Paradis, qui es Ma miséricorde et c’est par toi que Je la donne à qui Je veux. Et toi, Enfer, tu es Mon supplice et c’est par toi que Je tourmente qui Je veux. Je M’engage personnellement à assurer son plein à chacun de vous deux ». (Mouslim)
Sahl Ibn Sa’d Asâ’idi (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Quelqu’un passa devant le Prophète (paix et bénédiction sur lui) qui dit à un homme assis près de lui : « Que penses-tu de cet homme ? » L’autre dit : « Il fait partie des notables. Par Dieu, il mérite qu’on lui donne la main de toute femme qu’il demande en mariage, et s’il intercédait, il serait digne d’être entendu. » Le Messager de Dieu ne dit rien. Puis vint à passer quelqu’un d’autre. Le Messager de Dieu dit à son compagnon : « Que penses-tu de celui-ci ? » Il dit : « O Messager de Dieu! Voilà quelqu’un appartenant aux pauvres des Musulmans. Il mérite qu’on lui refuse la main de celle qu’il demande en mariage, qu’on n’accepte pas son intercession et, s’il parle, qu’on n’écoute pas ce qu’il dit ». Le Messager de Dieu dit alors : « Cet homme est préférable à la Terre entière peuplée de gens comme celui-là (le premier). » (Bukhari et Muslim)
Une personne peut être méprisée pour son apparence physique, son statut social, un handicap ou toute chose considérée comme une faiblesse. Aujourd’hui ces critères de distinction sont encore plus marqués dans nos sociétés où la valeur est donnée à ce qui est apparent. La miséricorde envers ces personnes est une lumière et une protection pour eux en ce monde, de même qu’elle le sera pour nous dans la vie dernière si Dieu le veut.