Les Journées de la Miséricorde à Toulouse – 1ère édition
A l’occasion de la commémoration de la naissance de notre bien-aimé Prophète (paix sur lui), le Centre Toulousain de la Spiritualité Musulmane (CTSM) a pour la première fois organisé “les Journées de la Miséricorde”.
Afin d’en connaître le programme et les visées, nous avons posé quelques questions à l’un de ses organisateurs.
Pourquoi avez-vous choisi la Miséricorde comme thématique de ces journées ?
Si l’on s’en réfère au Coran, on constate que Dieu décrit Son Prophète dans ce qu’il a d’essentiel et de fondamental : « Nous ne t’avons envoyé que comme Miséricorde pour l’univers » (Coran 21/107). Et c’est sous cet aspect que le Prophète choisit de se présenter : « Je suis la Miséricorde providence ». Un homme béni par Dieu dont la vie toute entière ne fut que la traduction de cette miséricorde, élevée au rang d’une valeur absolue qui ne connait aucune frontière. Le thème de la Miséricorde s’est donc imposé comme une évidence. Une évidence qui hélas, a besoin d’être réaffirmée et renouvelée face à une actualité qui tend à occulter cette dimension et à empêcher son déploiement comme projet de société. Car si le Prophète de l’islam était une Miséricorde pour l’univers, nous avons, en tant qu’héritiers de son message et continuateurs de son projet, le devoir d’agir comme Miséricorde dans le monde.
Nous tenions donc, par le biais de cette thématique, à rappeler avec force les valeurs qui sont au cœur de l’islam et affirmer l’universalité et l’actualité de ce message dans un monde en proie à la guerre, à la haine et à la violence sur l’homme et sur son environnement.
A travers ces journées, que nous comptons inscrire dans la durée par la grâce de Dieu, nous souhaitons faire connaître le Prophète de l’islam dans une démarche d’interculturalité non prosélyte. Je profite de cette occasion pour lancer l’idée d’une “Semaine de la Miséricorde” qui se tiendrait chaque année pour célébrer la naissance du Messager de Dieu et rendre ce rendez-vous national, voire européen, pour en faire un temps fort dans la vie de la communauté. Un temps d’ouverture, d’interaction et de partage.
Pourriez-vous nous apporter des précisions sur le contexte de cette rencontre ?
Au lendemain des attentats qui ont secoué la France, de nombreuses voix se sont élevées pour rappeler, au-delà de l’expression d’une émotion légitime et de la condamnation unanime de la violence, la nécessité pour notre société de rester fidèle aux valeurs qui sont au cœur du pacte citoyen et ainsi éviter le piège qui nous est tendu par les extrêmes de tous bords. Ce piège de la division et du choc des civilisations, actualisé et attisé par la violence et la simplification à outrance des problématiques complexes que traverse notre pays, nous devons refuser d’y succomber.
C’est pourquoi les citoyens de toute tradition religieuse ou philosophique doivent ensemble relever le défi de la solidarité et de la convivencia (du “bien vivre ensemble”).
C’est donc dans cette optique que nous avons organisé les “Journées de la Miséricorde” dans leur première édition, pour commémorer la naissance de notre Prophète bien-aimé, qui coïncidait cette année avec les fêtes de la nativité de Jésus-Christ, paix et bénédictions de Dieu sur eux.
Cet heureux calendrier nous a donc offert l’agréable occasion d’affirmer ensemble, chrétiens et musulmans, les valeurs qui sont au cœur de nos messages spirituels et sociaux respectifs, et que l’actualité tend à occulter : l’amour, la miséricorde et la solidarité universelle.
Quel était le message que vous souhaitiez communiquer ?
L’ambition de ces journées n’était autre que celle de faire entendre la voix de ceux qui construisent des ponts de compréhension mutuelle, qui luttent contre l’ignorance de l’autre et contre l’indifférence. Notre quotidien, qui se noie sous les informations de ce qui nous divise, devient anxiogène sous le vacarme de ceux qui détruisent et cloisonnent, que ce soit au nom d’une religiosité dévoyée ou d’un laïcisme mal intentionné.
Nous œuvrons depuis plusieurs années à la faveur d’une pratique profondément spirituelle qui s’enracine dans la réalité locale et qui épouse le cadre culturel de son contexte. Nous continuerons donc d’être dans l’action positive, tisser les liens entre les hommes et être des artisans de la paix, du dialogue et d’un “nous” universel.
Quel était le programme de cette semaine ?
Plusieurs temps forts ont structuré ces journées afin d’offrir une programmation riche et variée :
– Une table ronde sur le thème de la Miséricorde en Islam et dans le christianisme, animée respectivement par Jaouad Laoui, un des cadres de PSM, et Martin Pochon, prêtre jésuite ignacien. Ce fut une première au niveau de notre région. C’est à ma connaissance, la première fois qu’une mosquée abrite un débat de cette nature où des intervenants chrétiens et musulmans croisent leurs regards sur une thématique commune.
– Une deuxième conférence sur le thème “Prophète de la Miséricorde et Miséricorde du Prophète”, fut une rencontre centrée sur le lien que le musulman devrait avoir à l’égard de celui que Dieu a envoyé comme miséricorde universelle. Ahmed Bakari a d’ailleurs développé la nature de la relation très intime que tout croyant devrait avoir à l’égard du Messager de Dieu et qui reste la clé du cheminement vers Dieu.
– Une délégation du Centre Toulousain de la Spiritualité Musulmane (CTSM) a rendu visite aux paroissiens du quartier pour partager ensemble un chocolat de l’amitié.
– Une Journée Portes Ouvertes de la mosquée a couronné cette manifestation et a donné lieu à un échange convivial et constructif entre musulmans et non-musulmans.