La bonne parole
« Ceux qui ont cru, et dont les cœurs s’apaisent à l’évocation de Dieu (dikhr), n’est-ce point par l’évocation de Dieu que s’apaisent les cœurs »[1]. « Ô vous qui croyez ! Invoquez Dieu d’une façon abondante »[2].
L’imam Ghazali définit l’évocation de Dieu (le dikhr) comme une sorte de jeûne du cœur, un combat spirituel consistant à le polir, à s’éloigner des péchés et à se rapprocher de Dieu. Il est meilleur que tout autre acte de piété et de dévotion. Le Prophète, paix et salut sur lui, questionne : « Voulez-vous que je vous annonce quelles sont les meilleures de vos actions, les plus pures auprès de votre Seigneur, celles qui vous élèvent le plus en degré, meilleures pour vous que de dépenser or et argent en aumône, et meilleures pour vous que de rencontrer vos ennemis lors d’une bataille pour les tuer ou pour qu’ils vous tuent ? Ils répondirent : « Oui. Certes ». Il reprit : « Eh bien c’est l’évocation de Dieu le Très-Haut ». Un homme demanda : « L’évocation est-elle meilleure que le combat pour Dieu (jihad) » ? Le Prophète, paix et salut sur lui, répond alors : « Même si le combattant (moujâhid) frappe avec son épée jusqu’à ce qu’elle se brise et se remplit de sang, l’invocateur restera toujours meilleur que lui ».[3]
Parmi les formules de dikhr, attester qu’Il n’y a de Divinité que Dieu (dire la illaha illa Allah ) est d’une importance capitale pour l’aspirant à Dieu qui souhaite purifier son cœur et atteindre par là le degré d’excellence (al ihsan). Cette formule comporte d’innombrables bienfaits qu’il serait difficile d’énumérer dans leur totalité. Nous n’en citerons que quelques uns :
– elle est une parole de piété, de sincérité, une attestation et un appel à la vérité, un désaveu de l’association, la raison première de la création et la mission par laquelle ont été envoyés les Messagers. Dieu dit : « Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent »[4]. « Et nous n’avons envoyé avant toi aucun Messager à qui Nous n’ayons révélé : « Point de divinité en dehors de Moi. Adorez-Moi donc ».[5]
– elle renouvelle la foi dans le cœur et brise les voiles de l’ascension vers Dieu. Le Prophète, paix et salut sur lui, recommande à ses Compagnons : « Renouvelez votre foi ». Ils dirent : « Et comment renouveler notre foi ? » Il répondit : « Dites : la illaha illa Allah »[6]. Le Prophète, paix et salut sur lui, explique qu’ : « Il n’y a aucun voile entre Dieu et (la parole) la illaha illa Allah jusqu’à ce que cette dernière parvienne à Lui ».[7]
– elle est la clef du Paradis, un effacement des péchés et une protection contre l’enfer. Le Prophète, , paix et salut sur lui, a dit : « la illaha illa Allah est une parole honorable pour Dieu, elle a sa place auprès de Lui, et Dieu fait entrer au Paradis celui qui la prononce avec sincérité. Quant à celui qui la dit avec hypocrisie, cette parole obstrue son sang et entrepose son argent, et il rencontrera Son Seigneur qui lui demandera des comptes ».[8] Le Prophète, paix et salut sur lui, a entendu un jour un muezzin dire la illaha illa Allah, il lui affirma alors : « Tu es sorti de l’Enfer ».[9]
– Rien n’égale cette parole dans la balance des bonnes actions. Et si elle était comparée aux cieux et à la terre, elle l’emporterait. Le Prophète Nuh, paix et salut sur lui, à sa mort, enjoint à son fils : « Je t’ordonne (de transmettre) la illaha illa Allah, car certes, si l’on mettait dans le plateau d’une balance les sept cieux et les sept terres, et que l’on mette « la illaha illa Allah» dans l’autre plateau, ce dernier l’emporterait. Et si les sept cieux et les sept terres formaient un chaînon hermétique, la illaha illa Allah l’aurait brisé ».[10]
– Dieu observe celui qui la prononce et exauce son invocation : Le Prophète, paix et salut sur lui, a dit : « Il n’y a pas un serviteur qui dise : la illaha illa Allah, wahdahou la charika lahou, lahou lmoulkou wa lahou lhamdou, wa houwa ‘ala kulli chay°in Qadir (Il n’y a de divinité que Dieu, L’Unique et sans associé, c’est à Lui qu’appartient la royauté et c’est à Lui qu’appartient la louange, et Il est Omnipotent) sincèrement, de toute son âme, son cœur authentifiant sa parole, sans qu’on ne fende les portes du ciel afin que Dieu voit celui qui la prononce. Et il est du droit du serviteur que Dieu a vu, que sa demande soit exaucée. »[11]
Après avoir tenté de percevoir la portée, les mérites et les bienfaits de l’attestation de foi, il est temps de prendre un moment pour s’asseoir afin de prononcer abondamment cette noble parole, qui plus est en ce mois béni comme nous l’a recommandé notre Prophète, paix et salut sur lui, « (…) Multipliez-y (en évoquant le mois de Ramadan) quatre choses : deux pour satisfaire votre Seigneur et deux dont vous ne saurez passer outre. Les deux premières sont l’attestation qu’il n’y a d’autre divinité que Dieu et l’imploration de Son pardon. Les deux autres sont la demande à Dieu pour vous accorder le Paradis et le refuge contre le Feu ».[12]
Ainsi, seul ou en groupe, de nuit ou de jour, domptons notre égo et parvenons à faire partie des évocateurs de Dieu. Et si le temps venait à nous faire défaut, énonçons-la en vaquant à nos occupations.
Que Dieu nous permette de comprendre le sens profond de cette parole, de la prononcer avec un cœur présent et de parcourir ainsi le chemin qui mène à Lui.
[1] Sourate 13, verset 28
[2] Sourate 33, verset 41
[3] Rapporté par Ibn Mâja et At-Tirmidi.
[4] Sourate 51, verset 56
[5] Sourate 21, verset 25
[6] Rapporté par Mousnad
[7] Rapporté par At-Tirmidi
[8] Rapporté par Al Bazzâr
[9] Rapporté par Mouslim
[10] Rapporté par l’imam Ahmed dans Mousnad
[11] Rapporté par An Nasâ’î
[12] Selon Salman d’après Ibn Khouzayma