Qui ne change rien, n’a rien ! (1/2)
On nous enjoint de changer de portable, de lieu de vacances, de conjoint, de vie, pourquoi pas ? Quelle signification donner au changement dans une société qui ne lui en donne aucune ?
On définit le plus souvent le changement comme l’acte de passer d’un état à un autre et bien souvent ce changement concerne nos actions, nos comportements. On réfléchit alors sur comment aspirer à quelque chose de meilleur, de plus adapté.
Cela dit, quand on y pense, qui songe au changement lorsqu’il juge que tout va « bien » dans sa vie ? Soyons honnêtes, pas grand monde ; c’est même une règle de vie : lorsque « tout va bien dans le meilleur des mondes » on ne change pas « une équipe qui gagne » !
C’est seulement lorsque les choses ne vont plus comme on le souhaite que l’on commence à songer qu’il faudrait peut-être envisager de changer.
Tout change, toutes choses sont en devenir, mais tout changement n’est pas forcément évolutif. La rigidité mentale peut être la règle commune, autrement dit les œillères avec lesquelles la plupart d’entre nous fonctionnent pour pérenniser le passé.
En effet, nous autres, être humains, avons une aptitude toute particulière à vivre avec nos incohérences, nos incompréhensions et parfois même une bonne couche de mal-être. Pour cela tous les moyens sont bons : de la rationalisation (« de toute façon c’était la seule solution logique ») à la déresponsabilisation, (« c’est de la faute des autres »), en passant par le fatalisme (« c’est le destin », « j’ai jamais de chance ») sans oublier ce bon vieux caractère qui nous sert de couverture depuis pas mal d’années (« Moi, j’ai toujours été nerveux »).
Une fois toutes « nos excuses » dépassées, ce n’est pas fini ! Reste à fuir le village des marchands d’illusions en tout genre qui promettent monts et merveilles pour changer. Puis, enfin, se retrouver seuls avec nous-mêmes en essayant de réfléchir à l’essence même de nos changements.
Cela constitue à mon sens, un vrai défi dans un monde où tout nous pousse à être sans cesse occupés et entourés et ce, dès notre plus jeune âge.
Comment alors prendre l’habitude et le temps de se poser et de réfléchir sur soi ?
Ce sentiment qu’on pourrait appeler responsabilité dans cet exercice de remise en question me semble être la condition nécessaire mais loin d’être suffisante sur le chemin du changement. Se sentir responsable, c’est avant tout reprendre espoir en Soi.
Reprendre espoir, c’est aussi dépasser cette peur qui nous paralyse : peur de trahir nos modèles (parentaux, culturels, sociétaux), peur de l’inconnu, peur de l’insécurité.
La répétition des modèles, la reproduction des schémas est difficile à mettre en lumière. On sait seulement qu’il y a en nous des pensées, croyances, émotions construites avec le temps, mêmes néfastes, qui continuent à régner en maître dans nos esprits.
Déstabilisés intérieurement, notre réflexe est d’enclencher des comportements mille fois répétés pour essayer de retrouver une sécurité. Pour ce faire, nous nous imposons un « devoir-être » même s’il n’est pas tout à fait cohérent avec ce en quoi nous croyons.
Tout ceci nous éloigne un peu plus de la sincérité, de l’honnêteté, de la simplicité.
Ces mots, souvent utilisés dans notre langage, ont cela de gênant qu’ils ont perdu de leur essence. « Sois honnête avec moi », « Je sais que tu es quelqu’un de sincère », autant de phrases qui marquent cette prédomination de l’autre dans notre relation au monde. Être sincère, c’est avant tout l’attestation d’un rapport authentique à autrui.
Qu’en est-il du « Soi »? Comment être sincère avec les autres et se dissimuler vis-à-vis de Soi ?
C’est ici que se situe, il me semble, le premier jalon sur le chemin du changement : se regarder tel que l’on est sans se mentir.
C’est aussi ici que se termine la première partie de cet article.
A suivre…