“Vis sans idées !”
POURQUOI IL FAUT VOUS MOBILISER EN SOUTIEN A L’ACTION DU COLLECTIF « MAMANS TOUTES EGALES » ET VENIR EN PERSONNE AU RASSEMBLEMENT QU’ELLES ORGANISENT LE 18 MAI
La discrimination envers les jeunes filles et les femmes portant un foulard est humainement inacceptable. On ne doit pas accepter la violence qui est faite à ces jeunes filles présentées devant des conseils de discipline comme si elles avaient commis une faute et exclues de l’école; et la violence faite à ces mères de famille qui se voient interdire d’accompagner leurs enfants dans les sorties scolaires. Et que dire de la violence faite à ces enfants -dans cette période si friande du droit des enfants- qui voient leurs mères subir un traitement « à part » comme si elles étaient fautives ou indignes. Réfléchissez à ce que la discrimination envers leurs parents peut signifier pour les enfants – et à l’insigne bassesse de l’argument des interdiseurs de la crèche, qui osent prétendre que la vue d’une assistante maternelle en foulard serait nuisible à leurs chers petits à eux. Même les esclavagistes et les coloniaux endurcis n’osaient prétendre à de tels arguments et confiaient volontiers leurs petits qui à des nounous noires, qui aux fatmas arabes à leur service..Oui, pour ces tristes sires d’aujourd’hui, il y a enfants et enfants: à leurs bébés doit être épargnée la vue d’une femme portant un foulard! Aux enfants de cette femme est réservé d’assister à la mise à l’écart humiliante de leur mère !
Mais que signifie donc cette folie d’exclusion qui a saisi l’État à l’encontre de ces femmes et jeunes filles ? Non seulement les plus hautes instances de l’État, mais la totalité des partis de l’espace parlementaire, les médias, les pétitionnaires comme Mme Badinter et consorts ? Quand l’État est saisi de folie, et surtout de folie d’exclusion, il faut s’en inquiéter, il faut l’analyser, il faut s’en démarquer.
On peut employer le mot folie quand on constate que le Conseil d’État se saisit du problème « d’État » que pose une jeune fille de collège qui porte une jupe longue et un bandeau sur ses cheveux ! Le Conseil d’État en personne s’est occupé d’avaliser la décision du conseil de discipline d’un collège de Villiers sur Marne d’exclure cette jeune fille. Et quand la Cour de Cassation se montre un peu moins folle en déclarant que rien n’interdit à une femme portant un foulard de continuer à travailler dans une crèche, c’est une tempête qui se déclenche : la République est déclarée en danger, le Président de la République, deux de ses ministres, Harlem Désir premier secrétaire du Parti Socialiste, les médias unanimes, députés et pétitionnaires Badinter, etc.., s’enflamment en exigeant et promettant pour bientôt de nouvelles lois qui mettront hors de vue les femmes portant foulards (ou jupes trop longues ?) et leur interdiront le travail comme l’école !
Folie d’exclusion dont le délire se manifeste dans les mots employés non seulement à contre-sens mais à l’envers, comme par exemple, « intégration » signifiant : il faut exclure. Est-il possible de faire une analyse de ce délire ?
Lisons par exemple l’article signé du député PS Jean Glavany dans l’hebdomadaire « Marianne » (N° 835 du 20 au 26 avril 2013) sous le titre suivant : « Crèche Baby Loup, une loi, oui, mais laquelle ? Pour sortir du psychodrame (sic) de l’affaire dite de « la crèche Baby Loup », il faut un projet de loi traitant tous les problèmes posés par l’application du principe de laïcité, afin de redonner sens au pacte républicain ». (sic !) Il appelle de ses vœux un « projet de loi, non pas seulement pour traiter du cas Baby Loup, mais pour traiter de tous les problèmes posés par l’application en France du principe de laïcité ». Cependant, il a pris soin d’indiquer que la « laïcité ne s’est pas construite contre les religions, mais contre la religion catholique, parce qu’elle prétendait exercer une domination hégémonique sur la sphère publique ». Oui, nous savons que la laïcité signifie la séparation de l’Église, et/ ou de tout appareil religieux, et de l’État. Mais quel rapport avec le foulard et la jupe de la jeune fille et de la dame ? Poursuivons. C’est que Monsieur Glavany, le député PS, a peur de « l’islam ». Le mot est lâché, et on doit donc comprendre que la vue d’un foulard de femme dans une crèche au travail ou à l’école vaut comme métonymie de l’Islam (est l’Islam en personne), lequel Islam menace la République.
Avançons donc dans notre lecture, de plus en plus attentivement. Nous avons déjà compris que toute jeune fille ou femme portant un foulard doit être exclue en tant que son foulard représente « l’islam » lequel menace « la République ». Mais, de quelle nature est cette menace ? Nous devons maintenant citer le député PS in extenso jusqu’à la fin. « Ils n’ont pas compris [il parle ici des défenseurs de l’enseignement privé catholique, ses ennemis « de droite »] que toutes les concessions faites depuis [la séparation de l’Église et de l’État en 1905) sont autant de concessions qui mettent, ipso facto, la République en situation de faiblesse face à une religion grandissante en France, l’islam. Que lui dira-t-elle, la République, à cet islam quand il demandera, demain, les mêmes privilèges pour ses établissements d’enseignement privé ?
Là nous croyons comprendre. Le député du Parti Socialiste craint que les établissements d’enseignement privés musulmans ne demandent des subventions à l’État à l’égal des établissements privés catholiques et il veut ménager le budget de l’État. Fort bien. Mais quel rapport avec les jeunes filles ou femmes portant un foulard ?? Eu égard à la crainte formulée ici par notre député, la seule mesure à prendre est de supprimer ou limiter les subventions accordées par l’État aux établissements religieux catholiques. En quoi le fait de légiférer pour exclure jeunes filles et femmes portant un foulard va-t-il l’aider à prendre cette mesure ? Croit-il dans l’extension de son délire que ces pauvres jeunes filles ou femmes portant le foulard, métonymies de l’islam, sont maintenant des agents infiltrés de l’Église catholique ??? Le mystère semble s’épaissir. Nous poursuivons notre lecture.
« Elle [il parle de la République] sera coincée : ou bien elle cédera et fera le lit du communautarisme, ou bien elle refusera et rendra insurmontable le sentiment de colère et de frustration qui empêche l’intégration républicaine ! »
On est donc dans une opération paranoïaque classique. Le délirant est machiné par son effroi de sorte qu’il provoque et crée lui-même ce qui le cause. Ainsi, saisi d’effroi devant la perspective de : communautarisme et frustration, notre porte-parole médusé propose quoi ? : L’exclusion ! Des lois et des lois d’exclusion.
Nous voyons donc fonctionner ce délire, mais finalement en aurons nous la clef, saurons-nous ce qui cause, sous le nom d’Islam dont le foulard est le fatal emblème, l’effroi de tout l’État ?
Patience, lisons la phrase suivante (soulignée par mes soins).
« Et qu’on ne me dise pas que ce « demain-là » n’est pas pour demain ! Voyez le lycée musulman Averroès de Lille et son classement récent dans les premiers établissements pour la réussite au bac.. Il préfigure ce qui nous attend ». »
Ainsi voilà enfin la cause de ce terrible effroi .De bons élèves ! Ces musulmans sont bons élèves ! Voilà ce qui fait menace et fait trembler la République. Sous le foulard de ces jeunes filles et de ces femmes, il risque d’y avoir une tête qui pense.
Et bien, nous le voyons aussi ainsi. Par leur parure vestimentaire, ces femmes et ces jeunes filles indiquent, déclarent, affirment, qu’elles ne sont pas seulement un corps, mais qu’elles se placent sous le signe d’une Idée. Ce qui provoque la folie dans l’Etat.
L’Idée est chose intolérable et doit être interdite. Est-ce qu’on en a, nous, des Idées, une seule Idée ? Mais non, les gens, et spécialement les jeunes convenables pour notre État ne sont, et ne doivent être, que corps marchands et marchandises tout entiers consacrés à la circulation marchande. Une foule de publicistes, au premier rang les « féministes », sont d’ailleurs là pour y veiller. Et ces jeunes filles, des filles du peuple, des femmes issues des rangs des pauvres, des musulmanes, osent faire savoir qu’elles se réservent une part d’elles-mêmes, qu’elles ne sont pas de part en part sur le marché ? Nos « féministes » écument de rage, elles crient au scandale, elles pétitionnent tandis que l’État se déclare menacé dans ses fondements mêmes et fait savoir qu’il ne peut tolérer, tout spécialement pour la jeunesse, qu’une seule maxime : achète, consomme, vends un bon prix ce que tu es ce que tu as, mais impérativement : VIS SANS IDEE.
Nous écrivons, tout spécialement, le peuple, les pauvres. Oui, car à ce qu’on voit, personne ne s’avise de vouloir interdire le port du foulard islamique dans les établissements de luxe et dans les grands hôtels, sur les Champs-Elysées, en maint lieux pourtant emblématiques de « l’image de la France ». Il y a foulard et foulard. C’est que les monarchies, les États islamiques du Golf sont des bailleurs de fond et les meilleurs amis de la France, fournissant argent moyens et bataillons pour les entreprises coloniales en cours. Mais en outre, la femme d’émir qui vient acheter chez Louis Vuitton, outre qu’elle apporte d’agréables pistoles, ne sera pas soupçonnée d’affirmer par son voile une Idée, son habit s’avère donc parfaitement homogène au décor, il ne gêne donc personne.
Au point où nous en sommes, vous pourriez objecter: mais non, ce n’est pas à l’Idée en général que notre député en veut, mais à cette Idée particulière qu’est l’Idée de Dieu. Selon lui, la République devrait nécessairement se réclamer de la Libre Pensée et en ce sens, se rapportant à une notion de progrès copiée sur celle de progrès de la science, à l’instar de ce savant immunologiste à qui l’on demandait : en quoi consiste la recherche et qui avait répondu: cà consiste à essayer d’avoir une idée et si possible ensuite, une meilleure idée, la République se devrait d’invoquer l’Athéisme comme son Idée révoquant celle de Dieu dont elle interdirait l’expression en tant qu’obscurantiste et arriérée. Mais dans ce cas, il chercherait, notre député, à attirer dans ses classes républicaines les bons élèves musulmans et les jeunes filles portant foulard, plutôt que les chasser .Or, poursuivons la lecture de son texte. Après « le lycée musulman de Lille.. préfigure ce qui nous attend (de bons élèves, horreur!), il poursuit:
« Voilà pourquoi toute mesure sur les crèches doit être accompagnée d’autres mesures sur d’autres sujets encore, et, en particulier sur l’école, par souci d’équilibre, pour agir républicain. C’est pourquoi je plaide pour la méthode suivante: le précédent président de la République avait promis la création d’un Observatoire de la Laïcité. Il n’a pas tenu cette promesse. L’actuel président vient de la tenir. Tant mieux. Que cet observatoire reprenne le travail de la commission Stasi pour parvenir, concrètement, à un projet de loi, non pas seulement pour traiter de cas Baby Loup (sic!), mais pour traiter de tous les problèmes posés en France par l’application du principe de laïcité. Ce serait la meilleure manière de donner suite au discours du Bourget sur la « refondation de la République »
(Sic! Excusez du peu!)
Bon, direz-vous, ce député socialiste n’est qu’un parfait benêt qui croit qu’on combat une Idée à coups d’exclusions interdictions d’expression et lois répressives. Mais tournons nous alors vers son mentor, le premier secrétaire du parti socialiste Harlem Désir qui sous le titre « La société française a besoin de plus de laïcité. L’affaire de la crèche Baby Loup le montre: la République a besoin d’être consolidée par une évolution législative qui réaffirme la laïcité comme principe d’égalité », s’exprimait quant à lui dans le numéro précédent de la revue » Marianne » (numéro 832 du 30 mars au 5 avril). Il écrit : « Contre la laïcité dévoyée de l’extrême droite, qui ne vise qu’à exclure, stigmatiser et diviser, la gauche doit renouer avec les principes fondamentaux de la laïcité. Une laïcité qui, à l’heure de la résurgence des obscurantismes, redonne toute sa force à la République qui éclaire et qui émancipe….. La République a besoin de citoyens libres, émancipés, qui puissent construire leur libre arbitre et former leur esprit critique sans emprise religieuse « Magnifique, quelle est donc cette Idée avec laquelle la République « éclaire et émancipe »? Voilà la suite: « Nous traversons un moment critique où la laïcité, ciment de notre République, » (souligné par moi) doit être réaffirmée «. Le fait est que certains dont je suis n’avaient jamais appris que la « laïcité » était ciment de notre République et avaient lu au fronton des écoles les mots « liberté égalité fraternité ». Mais Mr. Desir ne propose pas de restructurer l’école et « refonder la République » autour de l’étude de ces grandes Idées que sont la Liberté l’Égalité et la Fraternité, il les remplace par « la laïcité, ciment de notre république » laquelle n’a aucun contenu positif, c’est l’idée d’une « séparation », (séparation des appareils et de l’État) dont le seul contenu n’est pas d’exclure, mais… d’exclure, à l’aide encore de nouvelles lois.
Mr. Désir et le député de son parti parlent donc de la même voix. Ils en appellent à « la laïcité » comme fondement de « notre République, » c’est-à-dire un principe d’exclusion des personnes inscrit dans des lois d’exclusion appelées à être renforcées. Et l’égalité à laquelle ils se réfèrent est bien celle de « tous pareils, zéro Idée », VIS SANS IDEE, au nom de quoi ceux et celles qui indiquent par leur vêtement qu’ils sont pour ce qui les concerne tenant d’une Idée doivent être punis et exclus qui de l’école, qui du travail, qui de la sortie des enfants à la piscine ou au musée.
Chacun peut poursuivre l’enquête. Un délire d’Etat est une chose dangereuse. L’injonction « Vis sans Idée » est des plus néfastes, tout particulièrement pour la jeunesse. La répression légale et l’exclusion qui s’ensuivent, dirigées contre des personnes sous le motif de leur tenue vestimentaire est une chose grave et même très grave, terrible et qu’on ne doit absolument pas accepter. Il est très important de réveiller les esprits de l’hypnose consensuelle dans laquelle beaucoup sont plongés à ce sujet ; de s’écarter du délire d’Etat, de s’opposer à toute loi et toute circulaire d’exclusion, passée et à venir. Et avant tout de venir entourer les femmes et les jeunes filles qui portent le foulard, de les assurer de notre amitié, considération et respect.
C’est pourquoi nous vous appelons à venir en personne et à convier autant que vous le pouvez au rassemblement appelé par le collectif « Mamans Toutes Egales » le samedi 18 mai 14 heures devant l’UNICEF, 1 rue Pierre Lescot (métro Chatelet- les Halles)