Apprendre et Enseigner le Coran
Dans un hadith rapporté par l’imam Ahmad et an-Nassaï selon Anas, le prophète, paix et salut sur lui, dit : « Dieu a des proches parmi les gens. » Les compagnons l’interrogèrent : « Qui sont-ils Ô prophète de Dieu ? » Il répondit : « Ce sont les gens du Coran. Ils sont les proches de Dieu et Ses privilégiés. »
Dans un autre hadith, le prophète, paix et salut sur lui, dit : « Le meilleur d’entre vous est celui qui apprend le Coran et l’enseigne. »[1]
Le grand imam Rifa’i dit en parlant du Coran : « il est le lien puissant avec le Créateur… Grâce à lui les bien-guidés trouvent leur chemin… Il est le moyen d’arriver à la Face de Dieu… Il est l’attitude et l’éthique du prophète, paix et salut sur lui, … Il est aussi la porte de Dieu, Son miracle permanent et Sa lumière qui ne se voile jamais… »
On note dans le livre : « Al-Minhaj An-Nabawi » (La Méthode Prophétique) de l’imam rénovateur Abdessalam Yassine, que Dieu soit satisfait de lui : « le Coran est un remède pour les cœurs, un remède et une miséricorde pour les fidèles. C’est autour de sa lecture, son étude et sa méditation permanente que s’élabore la médecine des cœurs afin de les préparer à accueillir la Foi. Il est la Lumière. »
Dieu a privilégié la communauté du prophète, paix et salut sur lui, en lui accordant cet honneur d’apprendre et de transmettre Sa Parole. Il en a fait par ailleurs le moyen de protéger et de préserver le Coran de toute altération ou déformation.
La récompense que Dieu réserve à ceux qui apprennent le Coran et l’enseignent n’a pas d’égal. Le prophète, paix et bénédiction sur lui, était le premier à avoir reçu les versets lumineux par l’intermédiaire de l’Archange Jibril, que la Paix soit sur lui.
La première école de Coran fut donc celle de la grotte du mont Hira réunissant le Messager des Cieux, Jibril, avec celui de la Terre, Mohammad, paix et salut sur lui. Et le premier cercle de Coran fut celui où Jibril transmettait au Prophète Mohammad, paix et salut sur lui, le premier verset « Iqraa ! » (« Lis »).
Le Prophète, paix et salut sur lui, prend dès lors et simultanément le rôle d’élève et d’enseignant transmettant le message dans « Dar Al-Arqam » puis dans d’autres lieux, au fur et à mesure qu’il le recevait.
Le prophète, paix et salut sur lui, nous a ainsi enseigné l’importance d’apprendre le Coran par un chaykh (maître). Car ce dernier n’est qu’un maillon d’une longue chaîne, qui débute par Dieu le Tout-Puissant, puis passe par l’ange Jibril puis par notre prophète bien-aimé , paix et salut sur lui, puis ses compagnons puis ceux qui ont suivi… Et ainsi de suite jusqu’ à nos jours, et jusqu’à ce que Dieu tout Puissant hérite la terre et tout ce qui s’y trouve.
Le premier ambassadeur de l’Islam a été Mus’ab Bnu Umayr. Le prophète, paix et salut sur lui, l’envoya à Médine pour y enseigner le Coran… Son cercle de Coran fut le premier après celui du prophète, paix et salut sur lui.
A l époque médinoise, le prophète, paix et salut sur lui, envoya soixante-dix compagnons dans les environs de Médine pour enseigner le Coran.
Et c’est ainsi que les tabi’ine (la génération après les compagnons) ont continué à enseigner et transmettre La Parole divine. On compte parmi eux Saïd Ibnu l’mussayyab, Abdur-Rrahmane As-Sulami et d’autres…
Abu Hurayra nous rapporte que le Prophète, paix et salut sur lui, a dit : « Chaque fois qu’un groupe de personnes se rassemble dans une maison de Dieu pour lire le Coran et l’étudier ensemble, la quiétude descend sur eux, la miséricorde les enveloppe, les anges les entourent et Dieu les évoque à ceux qui sont auprès de Lui. »[2]
Cercles et écoles de Coran
Dans son livre « Gouverner la Oumma », le professeur Abdessalam Yassine cite ce dernier hadith et y relève quatre conditions pour la réussite d’un cercle de Coran :
1- Le fait de se rassembler : C’est se regrouper en Dieu et être avec les « mouminines ». C’est la bonne compagnie avec les croyants…
2- L’endroit : « dans une maison de Dieu » souligne la sacralité du lieu, pour que puissent se concrétiser la célébration, le recueillement et l’émerveillement autour de la splendeur du Coran.
3- La lecture : Cet acte de pure adoration par la récitation du texte sacré.
4- L’étude et la méditation dans un processus où le cœur et le cerveau participent ensemble à évoluer de l’adoration par la lecture du texte sacré vers l’application des ordres à travers le pont de l’apprentissage et de l’entraide mutuelle sur le chemin de la patience et de la vérité.
Pour une meilleure concrétisation de ces conditions, nous allons essayer dans ce qui suit de souligner quelques outils pratiques nécessaires à la réussite de nos écoles de Coran, où l’apprentissage du texte reste l’un des objectifs premiers.
A- L’intention :
· Aussi bien pour l’élève que pour l’enseignant, il est primordial de purifier l’intention d’apprentissage du Coran. Faire partie des « proches » de Dieu et Ses « privilégiés » que sont « les gens du Coran », être parmi ces « meilleurs » d’entre les croyants que sont « ceux qui apprennent et enseignent le Coran » doivent être parmi les principales motivations.
· Cette intention purifiée contribuera à souder ce rassemblement en Dieu et à persévérer sur la voie de l’apprentissage dans la patience.
B- Les conditions :
· La préparation d’un lieu approprié est indispensable. Ce lieu doit permettre aux élèves, dans des conditions de confort minimum, de réciter, d’apprendre et d’être concentrés.
· La présence d’une administration engagée garantit le sérieux nécessaire à la réussite de la mission.
C- L’enseignant :
· L’enseignant doit être conscient de la grande responsabilité qu’il a de transmettre La Parole divine, à l’image du Prophète, paix et salut sur lui.
· Il doit être compétent aussi bien sur le plan scientifique que pédagogique.
· Son comportement ne doit pas trahir les grands principes de l’éthique du Coran.
D- Les élèves :
· Les élèves doivent avoir une volonté sans relâche d’apprendre tout le Coran.
· Ils doivent être motivés et désireux de progresser.
Pour finir, rappelons ce verset : « En vérité c’est Nous qui avons fait descendre le Coran, et c’est Nous qui en sommes gardien »[3]. C’est donc à chacun de nous d’avoir cette volonté inébranlable de faire partie de ceux que Dieu a choisis pour conserver et transmettre Sa parole. A chacun de nous d’être une école transcendante à travers les générations.
[1] Hadith rapporté par Boukhari
[2] Hadith rapporté par Muslim et Ibn Majah
[3] Coran : Sourate 15, V9