Affluents de la foi : jeûner
L’éducation de l’ego, la maîtrise de ses passions est l’ascèse par laquelle l’homme se purifie. La discipline du jeûne est l’une des pratiques les plus rigoureuses en Islam par laquelle la volonté s’affirme et triomphe sur la nécessité.
Un mois chaque année, le mois de Ramadan, chaque homme et chaque femme dès l’âge de la puberté doivent observer le jeûne total, de l’aube jusqu’au coucher du soleil. C’est le quatrième pilier de l’Islam.
L’expérience montre que la spiritualité monte en flèche durant cette période de jeûne ; c’est pourquoi les musulmans qui ont fait cette expérience attendent avec nostalgie le retour de Ramadan.
Se maîtriser est la vertu exécutive par excellence. Vouloir et persister dans le vouloir sans faiblir devant les tentations, sans se laisser décourager par les difficultés ni dévier pas les passions, voilà ce qui nous rend accessibles les exploits les plus nobles. Le jeûne, pour l’enfant qui fait ses débuts dans la responsabilité, est la première occasion sérieuse qu’il rencontre pour se colleter avec les pulsions instinctuelles et mettre en échec les automatismes biologiques. La personnalité islamique s’éduque et s’élève sur les cinq principes de l’Islam :
1° La conscience d’appartenir à Dieu souverain, c’est la chahada.
2° L’attitude multi-quotidienne de la prière, c’est la personne soumise à Dieu qui s’exerce à la présence…
3° Le détachement des biens terrestres par la zakat et le don, c’est la personne présente à Dieu qui prouve concrètement sa soumission.
4° Le sacrifice des plaisirs et des passions par la discipline du jeûne qui ne se limite pas à se priver de nourriture, mais exige la continence sexuelle, l’abaissement des tensions sociales par le don, l’affabilité pour contrer la mauvaise humeur naturelle aux egos virulents frustrés, le refus des émotions et des excitations, la maîtrise de la langue et de tous les organes. Le jeûne est l’épreuve de purification annuelle qui permet à la personne islamique de retrouver l’équilibre du côté spirituel que onze mois de liberté sont faits pour dérégler.
5° L’abandon symbolique de tout pour aller à Dieu en pèlerinage, c’est l’occasion, une fois au moins dans la vie, d’échapper aux contraintes quotidiennes pour dépasser l’ego casanier et collé à ses habitudes de confort.
Cette récapitulation des cinq piliers de l’Islam est entendue comme un rappel du contenu éducatif des cinq épreuves pour insister sur l’importance du jeûne.
Il est utile de rappeler ici que les cinq pratiques, dont l’observance correspond au niveau islam représentent le minimum et que ces mêmes pratiques, considérées comme affluents de l’iman, doivent s’exercer comme une éducation de l’arrachement. Le jeûne nous libère et met l’être supérieur en nous en possession des énergies obscures et tumultueuses.
Extrait de « Révolution à l’heure de l’islam », Abdessalam Yassine