Le mérite exceptionnel du don pendant le mois de Ramadan
Le Prophète décrit le généreux et l’avare comme deux hommes qui portent chacun une armature en fer. A chaque fois que le généreux décide d’accomplir une aumône, l’armature s’élargit et s’étend. L’homme ne trouve plus sa pression et agit librement. Quant à l’avare, à chaque fois qu’il s’apprête à accomplir une aumône, les anneaux se resserrent et l’armature se bloque ne laissant aucune marge de mouvement.
Dans cet article concis, nous voulons nous arrêter sur l’un des avantages du mois de Ramadan, à savoir le mérite des dons et de l’aumône sur la voie de Dieu.
At-tirmidi, Al Bayhaqui, Al Mundiri et Ibn Hajar ont rapporté d’après Anas Ibn Malek qu’on a dit au Prophète : « Laquelle des charités est meilleure ? »
– La meilleure des charités, dit-il, est celle accomplie pendant le Ramadan.
L’imam Al Mounâwi a dit en commentant ce Hadith : « La meilleure des charités est celle accomplie pendant Ramadan car c’est la période des bonnes œuvres et des adorations. » Puis il rajoute : « Parce que Dieu a assigné le mois du Ramadan pour distribuer abondamment Sa Miséricorde sur Ses serviteurs plus que tout autre mois, l’aumône y est plus récompensée. En effet, plusieurs traditions prophétiques informent qu’il est désirable de faire beaucoup de dons envers les nécessiteux et de répandre cette générosité sur sa famille, ses proches et ses amis proches. »
L’imam Ibn Khouzayma a rapporté dans son Sahih, ainsi que Al Mundiri dans son livre « Attarghib wa A-ttarhib » d’après Salmane que le Prophète a dit : « Ô hommes ! Un mois honoré vous ombrage, un mois durant lequel se trouve une nuit plus précieuse que mille mois ; un mois pendant lequel Dieu a prescrit le jeûne obligatoire de jour et la veillée volontaire. Celui qui fait quelque bien dans ce mois aura la même récompense que celui qui accomplit un devoir obligatoire en dehors de ce mois ; et celui qui s’acquitte d’un devoir obligatoire pendant ce mois est comparable à celui qui accomplit 70 fois le même devoir obligatoire durant un tout autre mois ! Outre l’absolution de ses péchés, celui qui donne à manger à un jeûneur se verra libéré des chaînes de l’Enfer et son action lui vaudra la même récompense que celle de ce jeûneur sans rien diminuer la valeur de ce dernier. » On lui dit : « Messager de Dieu ! ce n’est pas tout le monde qui trouve de quoi donner à manger à un jeûneur ! » Il répondit : « Dieu donne cette récompense à quiconque qui donne à manger une datte, ou donne à boire de l’eau ou du lait. La première décade de ce mois est une miséricorde, la décade suivante est une absolution des péchés et à la dernière décade, Dieu sauve de l’Enfer un nombre de croyants. »
Ibn Hajar a rapporté dans son livre « Talkhiss Al habir » selon certains savants que l’action obligatoire est récompensée 70 fois par rapport à une action surérogatoire. Leur argument est le Hadith de Salmane précité.
Quand au comportement du Prophète dans ce mois, l’Imam Boukhari a rapporté selon Ibn Abbas : « Le Prophète était l’homme le plus généreux. Il l’était encore plus au mois de Ramadan quand il rencontrait l’archange Gabriel. Ce dernier le rencontrait chaque nuit le long du Ramadan et ils étudiaient ensemble le Coran. Lorsque Gabriel, puisse Dieu le saluer, rencontrait le Messager de Dieu, ce dernier était plus généreux à dispenser le bien que le vent qui ramène la pluie. »
L’Imam Ibn Hajar a dit dans son livre « Fath al bari » : « Il y a beaucoup d’enseignements dans ce Hadith, notamment l’incitation à la générosité toute l’année, la multiplication des oeuvres de bienfaisance. Particulièrement pendant le mois de Ramadan et lorsque l’on se réunit avec les gens pieux et vertueux. »
Ibn Al Qayyim a dit dans son livre « Zâd al Maad » : « L’une des coutumes du Prophète dans ce mois, est de multiplier les différentes sortes d’adorations. Quand Gabriel, puisse Dieu le saluer, venait le rencontrer, ils étudiaient ensemble le Coran et alors le Prophète, était plus généreux à dispenser le bien que le vent qui ramène la pluie, c’est à dire le vent qui transporte le bien et la bénédiction. Il était le plus généreux des humains et plus encore pendant Ramadan, il multipliait les bonnes œuvres telles que la charité, la bienfaisance, la lecture du Coran, la prière et la retraite spirituelle. Il privilégiait Ramadan par certaines adorations auxquelles il ne se consacrait pas les autres mois. »
Concernant la situation et les états des compagnons du Prophète et de nos prédécesseurs pieux dans ce mois, Anas Ibn Malek nous l’a relaté en disant : « Dès que le croissant de Cha’bâne était visible, les compagnons du Prophète se précipitaient à la lecture du Coran et les musulmans versaient leur Zakat pour aider les pauvres à jeûner le mois de Ramadan. Les gouverneurs rappelaient leurs prisonniers et ils faisaient appliquer les jugements sur ceux qui les méritaient et libéraient le reste. Quant aux commerçants, ils réglaient leurs transactions commerciales restant encore inachevées, et lorsqu’il voyaient le croissant de Ramadan, ils se lavaient (rituellement) et entraient en retraite spirituelle. »
On déduit de ce qui précède, concernant la charité, que la meilleure des charités est celle accomplie pendant Ramadan ; que le salaire des œuvres pieuses est multiplié 70 fois ; et que la majorité des dons du Prophète et de ses aumônes était pendant Ramadan, et que nos prédécesseurs pieux remettaient leurs aumônes afin d’aider les pauvres à accomplir le jeûne dans de meilleures conditions.
Quant aux aumônes et aux dons spécifiquement dépensés sur le sentier de Dieu, elles ont un effet spécial et formidable. Dieu dit dans le Coran : « Ceux qui dépensent leurs biens sur le chemin de Dieu sont à l’image d’un grain qui fit germer sept épis, dans chaque épis se trouvant cent grains. Dieu multiplie à qui Il veut. Dieu est plein de largesses et de savoir. » [La vache 261]
L’imam Tabari a dit en commentant ce verset : « Ceux qui dépensent leurs biens et se dépensent eux-mêmes sur le chemin de Dieu sont à l’image d’une graine de blé ou d’orge. » Puis il rapporte que l’imam Dahhak a dit : « Dieu accorde à celui qui a dépensé sur le chemin de Dieu 700 fois le salaire de celui qui a accompli un autre acte de bien. D’autres exégètes du Coran, poursuit-il, ont donné une autre interprétation de ce verset en précisant que Dieu multiplie le salaire de 700 fois à deux millions(1) de fois. »
L’imam Ibn Abi Hatim a rapporté d’après Abou Othmane A-nnihdi : « Personne ne fréquentait Abou Hourayra plus que moi et pourtant, après son voyage pour le pèlerinage, les gens de Basora relataient de lui qu’il a entendu le Prophète dire que Dieu multiplie la rétribution de la bonne action (hasana) par un million de bonnes actions. Je leur ai dit malheur à vous, il n’y a aucune personne parmi vous qui n’a fréquenté Abou Hourayra plus que moi, et pourtant je n’ai jamais entendu de lui ce Hadith.
Ensuite, je me suis précipité pour aller au pèlerinage afin de rencontrer Abou Hourayra. Quand je l’ai rencontré, je lui dit : « Ô Abou Hourayra, qu’est-ce que j’ai entendu des gens de Basora ! »
Il dit : « C’est quoi ? »
Je lui répondit : « Ils prétendent que tu as entendu le Prophète dire que Dieu multiplie la rétribution de la bonne action par un million de bonnes actions. » Alors il dit : « Othmane ! de quoi t’étonnes-tu alors que Dieu dit : « Qui donc avance à Dieu un prêt pur et bien consenti afin que Dieu le lui rende au centuple. » [La vache 245], et Il dit encore : « Alors que les jouissance de la vie ici-bas ne sont que très peu de chose en regard de l’autre. » [La vache 38]. Je jure par celui qui détient mon âme, j’ai entendu le Prophète dire : « Certes, Dieu multiplie la bonne action deux millions de fois. » »
Dans son commentaire du verset : « ceux-là verront leurs efforts loués. » [Voyage nocturne 19], l’imam Qortobi a dit : « C’est à dire verront leurs efforts acceptés et non refusés. » Ce même verset a été interprété au sens où les bonnes oeuvres seront multipliées par 10, 70 à 700 fois voire plus encore. On a posé la question suivante à Abou Hourayra : « Dieu, Exalté, multiplie-t-Il la rétribution de la bonne action par un million ? » Il répondit : « J’ai entendu le Prophète, paix et salut sur lui, dire : « Certes, Dieu multiplie la bonne action par deux millions. » »
Faire des dons et aumônes sur le chemin de Dieu sera récompensé par deux millions de fois leurs salaires, et ce le long de l’année. Pendant le mois de Ramadan, Dieu pourrait multiplier ces deux millions par 70 fois.
Dieu dit : « Dieu multiplie à qui Il veut, Dieu est plein de Largesses et de Savoir. » [La vache 261 ]
« Dieu ne lèse pas du poids d’un grain de poussière et quand c’est une bonne action, Il l’a multiplie et Il donne de Sa part un salaire énorme. » [Les femmes 40]
Faire des dons sur le sentier de Dieu a plusieurs avantages bénéfiques ; citons entre autres, le soulagement de l’esprit. L’imam Ibn Al Qayyim a dit : « Le généreux est l’homme le plus soulagé des gens, celui qui a l’âme la plus apaisée et un cœur des plus heureux, tandis que l’avare est celui qui a la poitrine la plus serrée, la vie agacée et le plus de souci et de chagrin. Le Prophète décrit le généreux et l’avare comme deux hommes qui portent chacun une armature en fer. A chaque fois que le généreux décide d’accomplir une aumône, l’armature s’élargit et s’étend. L’homme ne trouve plus sa pression et agit librement. Quant à l’avare, à chaque fois qu’il s’apprête à accomplir une aumône, les anneaux se resserrent et l’armature se bloque ne laissant aucune marge de mouvement. »
Ainsi se présente l’image de l’épanouissement de la poitrine du croyant généreux et son soulagement d’une part, et celle du malheur et du resserrement du cœur de l’avare d’autre part.
Ibn Al Qayyim de poursuivre : « Le modèle du Prophète, paix et salut sur lui, incarne la bienfaisance et la charité. C’est pour cela que le Prophète était l’homme le plus heureux, celui dont le cœur était le plus joyeux et l’âme la plus soulagée. »
Par ailleurs, la vertu de donner et d’accomplir l’aumône est parmi les facteurs importants pour raffermir les itinérants dans le cheminement vers Dieu, à la quête de son agrément. Dieu dit : « L’image de ceux qui dépensent leur biens en vue de la satisfaction de Dieu et sous l’effet de leurs intimes convictions est celle d’un jardin sur un monticule, une averse est tombée sur lui et il donna sa récolte en double. S’il ne lui tombe pas d’averse, c’est une rosée. Dieu est parfaitement informé de ce que vous faites. » [La vache 265]
Par ailleurs, l’aumône éteint la colère de Dieu. L’imam Bayhaqui a rapporté dans son livre « Les affluents de la foi » d’après Anas Ibn Malek que le Prophète, bénédictions et saluts de Dieu sur lui, a dit : « Le summum de la raison après la foi en Dieu est d’être affectif envers les gens, les personnes qui ont un caractère affectif envers les gens auront un degré au sein du Paradis, celui qui a un degré au Paradis y assurera une place. La moitié de la science est de savoir demander. L’économie rend la vie moins chère et permet de réduire les dépenses. Deux rak’as accomplies par un être vertueux valent mieux que mille rak’as effectuées par un insouciant. La foi d’un homme ne s’accomplit qu’avec la complétude de sa raison. Les implorations repoussent les sentences divines. L’aumône accomplie dans la discrétion éteint la colère de Dieu. Les œuvres de bienfaisance à l’égard des gens protègent des mauvaises fins, des épreuves et des anéantissements. Les bienfaiteurs (Mouhsinîne) le Jour Dernier sont ceux qui l’étaient dans la vie ici-bas. La bienfaisance s’interrompt entre les humains, mais demeure à jamais entre Dieu et celui qui l’a accomplie. »
Dans un autre Hadith : « L’aumône ferme 70 portes de malheurs. »
En outre, les anges prient en faveur de l’homme charitable comme l’illustre ce Hadith : « Nul être humain n’ouvre ses yeux le matin sans que deux anges ne descendent des cieux. Le premier invoque Dieu en disant : « Seigneur restitue à l’être charitable ce qu’il a dépensé », et l’autre de dire : « Seigneur, dissipe la fortune de l’avare. » »
L’être charitable, homme ou femme, sera abrité le Jour du Jugement. Ibn Khuzayama rapporte dans son Sahih selon Okba ibn Amer que le Prophète a dit : « Chaque fils d’Adam sera sous l’ombre de son aumône jusqu’à ce que Dieu finisse de juger les gens. »
Nous tirons de ce qui précède le mérite de donner sur le chemin de Dieu pendant le mois sacré de Ramadan. Il reste à nous inciter nous-mêmes et les autres à profiter de cette grande occasion.
Que l’on considère le mois de Ramadan comme le dernier mois de notre vie, et donc qu’on s’empresse de dispenser la zakat de nos biens aux huit catégories désignées dans le Coran, notamment la catégorie intitulée « dans la voie de Dieu ».
Que l’on donne nos cotisations annuelles aux associations et mosquées, afin que Dieu les bénisse et les multiplie à l’occasion de ce mois béni. Dieu dit : « Tout ce que vous dépensez (au service de Dieu), Il vous le restitue et c’est Lui le meilleur des donateurs. » [Saba 39]
Que l’on fasse attention de porter préjudice à soi-même en se montrant avare. Dieu dit : « Vous voilà, vous autres, invités à dépenser sur le chemin de Dieu, il en est parmi vous qui se montrent avares. Or, celui qui se montre avare ne le fait qu’à son seul préjudice. C’est Dieu qui est le Riche qui se passe de tous et c’est vous qui êtes pauvres et dans le besoin. Si vous faites volte-face, Il vous remplacera par un peuple autre que vous et ils ne seront point comme vous. » [Mohammad 38]
Que l’on renouvelle son intention et que l’on veuille avec cette intention la certitude dans sa foi et le raffermissement de son cœur. Dieu dit : « Ceux qui dépensent leurs biens à la recherche de la satisfaction de Dieu et sous l’effet de leur propre conviction sont à l’image d’un jardin sur un monticule, une averse est tombée sur lui et il donna sa récolte en double… » [La vache 265]
Que l’on veuille avec cette intention, la Face de Dieu. Dieu dit : « Tout ce que vous dépensez comme bien c’est pour vous-mêmes, vous ne dépensez qu’en vue de la Face de Dieu. » [La vache 272]
Que l’on veuille avec cette intention, d’établir un commerce rentable avec Dieu. Dieu dit : « Ceux qui récitent le Livre de Dieu, ont pratiqué scrupuleusement la prière et ont dépensé discrètement et publiquement de ce que Nous leur avons donné, ceux-là aspirent à un commerce qui ne connaît ni perte ni marasme afin que Dieu leur donne leur salaire entier et qu’Il leur en ajoute de Sa générosité. Il est infiniment Absoluteur et Reconnaissant. » [Le Créateur 30-29]
Que l’on veuille avec cette intention, atteindre le plus haut degré de l’Ihsan. Dieu dit : « (Je loue) Ceux qui dépensent dans l’aisance et le besoin, qui refoulent leur colère et qui pardonnent aux gens, et Dieu aime les Mouhsinîne (bienfaiteurs). »
(1) Le terme « million » n’existait pas à l’époque, nous l’utilisons pour traduire le terme original « Mille mille »