CARNET DE BORD D’UNE PELERINE « Voyage éphémère pour l’éternité » : jour 2

L’ihram, le vêtement de l’humilité

(Jeudi 04 Novembre/27 Dhu al Qa’da 13H54)

A quelques minutes du départ (enfin je l’espère, ils viennent d’indiquer à l’instant « départ retardé », combien de temps allons-nous attendre ?… Armons-nous de patience dés maintenant !
Dés le début de la journée, de bon matin, la pression est montée, avec toujours cette incessante question : vais-je avoir mon hadj exaucé ? Plutôt vais-je tout mettre en ma possession pour L’adorer, me rapprocher de mon Seigneur (qse) ??…

Je suis très émue… mais les larmes ne coulent toujours pas…
Surtout lorsqu’avec mon mari, une fois dans la voiture pour le départ, nous avons ensemble pris conscience de ce que cela représentait vraiment…
Je m’explique, effectuer son cinquième pilier est un souhait que tout musulman dissimule au fond de lui… Lorsque ce souhait émerge pour devenir enfin réalité, c’est presque incroyable !!

Tous les deux, ensemble, au même moment, mon mari et moi avons fondu en larmes, des larmes de joie, de peur, de stress, d’espoir… des larmes chaudes, lourdes de toute la pression qui peu à peu venait se poser sur nos frêles épaules … de pêcheurs…
Autre moment fort, à l’aéroport, nous étions tout deux, seuls, j’étais encore une fois émue… très émue… (Mais toujours en retenue !) . De voir que nous étions seuls, aucun membre de nos familles ou amis pour nous accompagner, non je ne leur en veux pas, mais cette situation m’a étrangement fait penser au jour du jugement dernier, seul, avec nos actions, bonnes ou mauvaises, devant notre Seigneur (qse)…
Je fus surprise lorsque j’entendis des personnes accompagnants certains futurs hajjajs s’esclaffer de « youyou « … et là je dis à mon mari « nous, il n’y a personne pour nous ! »
Spontanément, mon mari de me répondre sagement, « nous, il y a Allah (qse) qui nous attend… »
Soubhana Allah, cette phrase, seule, a suffi à réchauffer mon cœur refroidit par ce sentiment de solitude…

(Jeudi 04 Novembre/27 Dhu al Qa’da 13H54)

Istanbul…

Première partie du voyage de faite : le décollage et l’atterrissage ont été laborieux, en tout cas pour moi, plus je prends l’avion et plus j’en ai peur… encore la peur !…
Le groupe se distingue mieux, parmi nous, toutes générations confondues, différentes ethnies : le début du melting pot ! Chouette !!
J’ai hâte…je suis toute excitée… dans quelques heures Jeddah et surtout MEKKA 

Je ne peux poursuivre ce journal de bord sans faire un aparté au sujet de « l’ihram », le vêtement que seuls les hommes portent.
Tout à l’heure, à l’aéroport d’Istanbul, la tenue a été portée par tous les futurs pèlerins : quel beau spectacle !
C’est sans ironie bien sûr ! Un paysage blanc, simple, naturel, en somme l’humilité, c’est le mot qui me vient à l’esprit…
Oui, l’ihram, je pense, est le vêtement type de l’humilité, deux draps, de même longueurs, de même couleurs, rien en dessous, ni au dessus, rien de tel pour effacer les différences, les inégalités, sociales, raciales… tous identiques devant notre Seigneur (qse)…

Je pense à l’instant à ce hadith « Dieu (qse) ne regarde ni vos apparences, ni vos vêtements, mais Dieu (qse) regarde vos CŒURS ».
C’est exactement cela, une histoire de cœur… une histoire de cœur pure et blanc ou noir et impure…
Je ne me lasse pas de ce spectacle… « Le bal des blancs ». Dommage que les femmes ne puissent y assister… en apparence… simples spectatrices mais je peux dire que de voir son mari vêtir ce noble vêtement, c’est émouvant… Aujourd’hui, vivant dedans… demain, inerte, devenant son linceul…

A vrai dire, plus je m’approche de ce lieu sacré, plus j’ai l’impression de vivre outre-tombe…
« M’arracher au temps et à l’espace
Pour vivre au-delà du Temps, auprès du Maître du Temps (qse) »