Consensus : Pour une nouvelle Humanité
Chaque nouveau jour dans la vie de la crise globale qui secoue notre monde, ébranle un peu plus les fondements de l’ordre mondial établi au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Les alliées ont transformé leur victoire militaire écrasante en une main mise sur les destinées du monde basée sur une suprématie militaire, politique et économique. Durant plus de cinquante ans cette hégémonie absolue était partagée par les deux versants du capitalisme : le capitalisme libérale d’un côté et le capitalisme d’état de l’autre, mais depuis l’effondrement du bloc soviétique, le libéralisme est seul maître du monde.
Ainsi le destin d’un monde peuplé par plusieurs milliards d’âmes et animé par une infinité de cultures différentes s’est retrouvé sous la coupe d’une seule et unique idéologie. Une anomalie absolue. Conscients de l’importance de l’économie comme moyen d’asseoir leur hégémonie, le premier souci des nouveaux maîtres du monde était d’imposer à toutes les sociétés leur dogme fondateur : le capitalisme débridé et la chimère du marché régulateur, il faut dire que malgré les résistances, ils ont réussi à atteindre leur objectif par le biais des institutions sous leur contrôle (banque mondiale, FMI, OMC…) et par le jeu des alliances avec des gouvernants locaux. Devenu l’alpha et l’oméga de l’organisation des sociétés, ce dogme n’a pas tardé à produire ses effets dévastateurs au sein de ces mêmes sociétés et – sous l’effet de la mondialisation- à l’échelle planétaire. Nul besoin d’être spécialiste pour énumérer ses effets : Déclenchement de la spirale inégalitaire, recul absolu des indicateurs les plus vitaux du développement humain, l’élimination de toute possibilité de souveraineté alimentaire pour beaucoup d’Etats, l’affaiblissement continue de l’économie réelle, la mise en danger des équilibres fondamentaux de notre planète…. La liste est encore longue.
La crise que ce système a enfanté atteint aujourd’hui son paroxysme : les effets qu’on vient de mentionner ont pris des dimensions autrement plus dramatiques et le pouvoir mondial est pris par une oligarchie financière hors de tout contrôle. Malgré ce bilan qui a amené l’humanité au bord du gouffre, on assiste toujours à des gesticulations des têtes pensantes du libéralisme et des dirigeants qui essaient de nous faire croire qu’ils sont à pied d’œuvre pour trouver les solutions à cette crise sans précédent, pure manœuvre démagogique à la quelle on peut poser la question toute simple : le libéralisme peut-il réellement renier son âme en prenant des mesures qui sonneront le glas de son idéologie ? Les faits nous ont montré l’impossibilité d’une telle évolution, lors de la crise de 2008, les dirigeants du libéralisme ont été incapables de décréter un combat contre la spéculation financière bien au contraire, les grandes mesures prises ont consisté au sauvetage des banques qui sont devenues des arrière bases aux spéculateurs est ce à coup de milliards de l’argent public. La spéculation est repartie de plus belle et nous constatons aujourd’hui que cette machine infernale excelle dans l’art de mettre en danger la souveraineté de divers États.
Il est de plus en plus évident que la pensée unique conduit le monde vers un cataclysme.
L’espoir d’éviter un tel sort réside dans ces différentes formes de protestation et d’opposition au libéralisme qui, bien que encore en stade de gestation, prouvent que ce cataclysme n’est pas inéluctable.
Le processus de Barcelone est une initiative qui veut contribuer au renforcement de cet espoir en inaugurant une démarche résolument entreprenante basée sur une logique opposée à celle du libéralisme dans la finalité, les méthodes et les valeurs. Deux éléments donnent corps à cette démarche.
1) L’acte fondateur d’un vrai consensus ne peut-être autre chose qu’un vrai débat. Le consensus de Barcelone a inauguré un véritable laboratoire d’idées en faisant appel des hommes et des femmes experts, académiciens, leaders d’opinion ainsi que des mouvements sociaux afin qu’ils débattent et fassent des propositions à propos des thèmes névralgiques concernant la marche de notre monde. Ce débat qui est aux antipodes des discussions de salon feutré a une importance majeure sur deux plans :
-Il valorise l’expertise citoyenne et la renforce face l’expertise dominante véritable soutien idéologique du capitalisme.
-Il met aussi en valeur la diversité du monde dans ses opinions et ses cultures, conscient qu’il s’agit d’une véritable richesse qui ouvrira les voies vers les alternatives au libéralisme.
2) La quête d’un autre monde passe nécessairement par une remise en cause radicale des valeurs et objectifs imposés par l’idéologie libérale. Le libéralisme a imposé la croissance comme dogme indiscutable basé inévitablement sur une logique prédicatrice et dévoratrice des ressources naturelles. Pour le libéralisme les indicateurs du développement humain n’ont plus de poids sauf dans les discours démagogiques de certains dirigeants, l’économie réelle ne cesse de perdre du terrain au profit de l’économie spéculative.
Face à ce sinistre constat, il est une nécessité impérieuse de revenir aux valeurs qui mettent en avant la dignité et la liberté de l’homme ainsi que ses droits fondamentaux, qui prônent un développement centré sur la satisfaction des besoins sociaux ainsi que la subordination des normes économiques aux normes sociales, sanitaires et environnementales.
L’aboutissement de cette entreprise de longue haleine sera sans doute la meilleure réponse à l’imposture : « there is no alternative » souvent répétée par les chantres du libéralisme.