De retour de la Marche de la Liberté pour Gaza.
La réponse de la conscience humaine à la barbarie et contre l’oubli.
27 décembre 2008, début d’une attaque israélienne meurtrière sur Gaza qui va durer 22 jours. Gaza, sous blocus israélien depuis plus de 3 ans : 1 million et demi de personnes assiégées, une tragédie humanitaire effroyable… et un état criminel, Israël, qui reste impuni.
Depuis, la conscience de l’Humanité est ébranlée.
Depuis, la population de Gaza exhorte la communauté internationale à aller au-delà des paroles de condamnation.
Un an après l’attaque militaire d’Israël, j’ai décidé d’être à Gaza pour participer à une Marche internationale non violente afin de briser symboliquement le blocus et attirer l’attention du monde sur le sort injuste imposé aux Gazaouis et aux Palestiniens.
Un élan du cœur et un engagement moral pour un message de solidarité, un témoignage de soutien… de quelque 1500 délégués venant des Etats-Unis, de France, d’Italie, du Royaume-Uni, du Canada, de Belgique, d’Espagne, d’Allemagne, de Grèce, d’Australie, d’Afrique du Sud, des Pays-Bas et du Japon. Nous avons aussi des délégations de Suède, de Turquie, d’Inde, d’Irlande, de Suisse, de Jordanie, du Maroc, du Danemark, du Liban, d’Autriche, du Luxembourg, de Norvège, du Portugal, de Tunisie, d’Algérie, des Philippines, de Corée du Sud, de Bahreïn, de Bosnie, d’Israël, de Nouvelle-Zélande, de Slovénie, d’Arabie saoudite, de Bulgarie, du Cameroun, d’Indonésie, de Libye, du Mexique, de Mauritanie, de Roumanie et de Serbie.
Une marche pour témoigner de l’obligation morale que nous avons d’être, en ce triste anniversaire des bombardements israéliens d’il y a un an, aux côtés de toute une population qui résiste pour sa liberté et sa dignité.
La Marche de la liberté pour Gaza a eu lieu… au Caire.
Dès le départ, nous n’avions aucune garantie de pouvoir entrer dans la bande de Gaza, mais nous escomptions au moins pouvoir nous en rapprocher suffisamment pour que les Gazaouis sentent notre proximité physique à quelques kilomètres au-delà du poste frontière de Rafah. Black-out total du gouvernement égyptien. J’ai vécu la Marche au Caire.
De déceptions en frustrations, de moments d’espoir en instants de découragement, dans une atmosphère de tension constante, d’informations contradictoires, d’actions difficilement coordonnées, des moments de fatigue, physique et psychologique, intenses. La colère des uns, la détermination des autres… une atmosphère tellement étrange par moments à gérer, à digérer. Et pourtant, au-delà, un sentiment tellement beau et tellement fort qui a soudé tous les marcheurs : la conviction d’être dans le Vrai, le Juste, le Beau.
D’aucuns ont dit et disent encore que la Marche de la liberté pour Gaza, une initiative internationale sans précédent, n’a pas eu lieu. J’affirme qu’elle a bel et bien eu lieu. Sans doute pas sous la forme espérée, envisagée et préparée, mais la perfection est rarement dans l’action elle-même, elle réside bien souvent dans l’intention. Et tous les barrages égyptiens édifiés entre Gaza et nous, tous les check-points, même la frontière hermétiquement fermée, ne nous ont pas empêché d’être aux côtés des Gazaouis. Une chimère ? Non, c’est eux-mêmes qui nous l’ont dit. Alors plus que jamais, tous les murs de la honte érigés entre la Palestine et nous, toutes les complicités gouvernementales occidentales et arabes, ne nous feront ni reculer ni renoncer. Les peuples du monde entier se sont mis en marche pour la Liberté…
Telle Hedy Epstein, une «marcheuse» et survivante de l’Holocauste âgée de 85 ans, en grève de la faim au Caire, à qui j’ai tenu la main en scandant, les larmes aux yeux, « free, free Gaza », il est temps d’amplifier la mobilisation, de faire monter la pression pour faire cesser l’injustice.
Il est temps pour chacun d’agir. Il est temps de se mettre en route pour cette LONGUE MARCHE VERS LA LIBERTE. Et sur cette voie, aucune action n’est négligeable. Grande marche ou petits pas, aucun effort n’est vain, aucune action n’est perdue.