« Jamais il ne m’a réprimandé … »
Anas, que Dieu l’agrée, rapporte : « Je n’ai jamais touché de brocart ni de soie plus doux au toucher que la paume du Prophète, paix et salut sur lui. Je n’ai jamais senti d’odeur plus suave que celle du Prophète, paix et salut sur lui. Pendant les dix années durant lesquelles je l’ai servi, jamais il ne m’a dit : « Fi ! » ni ne m’a réprimandé pour telle chose que j’avais faite en me disant : « Pourquoi as-tu fait cela ? » ou bien blâmé pour telle autre chose que je n’avais pas faite en disant : « Tu aurais dû faire cela ! »[1]
Anas ibn Malik qui rapporte ces paroles fût le serviteur du Messager de Dieu, paix sur lui, depuis ses 10 ans. A cet âge, un enfant commence à ressentir le besoin d’autonomie et de responsabilité à sa mesure, et a toujours besoin de cet apport d’amour venant des adultes de son entourage. C’est ce que le Prophète, paix sur lui, par sa haute Humanité lui a apporté. Le Prophète aimait Anas et aimait plaisanter avec lui. Il l’appela un jour en lui disant : « Ô toi qui as deux oreilles ! »[2].
L’amour, la tendresse et même la complicité partagés entre ces deux êtres transpirent de ces récits. Quoi qu’il arrive, quelles que soient les situations de tensions et les épreuves qu’a rencontrées le Prophète, paix sur lui, jamais sa langue ne s’est abaissée à une parole blessante, jamais il n’a montré de mépris ou d’agacement envers lui. Sa parole était toujours juste et vraie. Cela montre, s’il en fallait la preuve, son éthique infaillible.
L’éthique est composée de valeurs qui orientent le comportement d’une personne. Les valeurs positives, aimées par Dieu et Son Prophète, comme la sincérité, l’esprit de justice envers tout être, la patience, l’affection,… sont ancrées, sont innées en nous. Seulement notre éducation, notre environnement de vie et la société dispersent cette éthique au gré des vents des passions. Il s’agit alors de nous recentrer, nous concentrer sur notre âme. C’est une bonne nouvelle, puisqu’il s’agit de puiser en nous-mêmes (et non pas à l’extérieur par quelque recette miracle), de redécouvrir en notre être cette éthique qui comble notre âme de joie et de contentement.
Comment développer notre éthique pour nous rapprocher du modèle du Prophète, paix sur lui ?
– Nous pouvons d’abord reprendre conscience des valeurs par lesquelles Dieu sera satisfait de notre comportement et prioriser ces valeurs selon ce qui, au jour le jour, nous tient le plus à cœur, selon celles que nous avons envie d’améliorer dans notre vie. Cela permettra de nous améliorer concrètement au quotidien de manière efficace en étant concentrés sur un aspect précis de notre comportement. Par exemple, demain je peux me concentrer sur l’affection que j’apporte à mes parents, puisque je sais que c’est un comportement très valorisé par Dieu ; et ainsi faire un bilan à la fin de ma journée sur ce point précis.
– Nous pouvons ensuite renouveler notre intention chaque jour, chaque matin, en nous rappelant régulièrement de nos valeurs et notre objectif pour rester concentrés sur le chemin. Cela nous permettra dans les moments difficiles, où notre patience est mise à rude épreuve, d’éviter un comportement impulsif que nous regretterions.
– Enfin, le plus bel outil pour améliorer son éthique est de travailler sa foi et sa relation à Dieu. « Un cœur habité par l’amour n’en veut à personne sinon à son propre ego et à Satan qui le font dévier du droit chemin »[3]. Et cet amour, c’est celui que procure au cœur la proximité de Dieu. Quand on s’accroche fermement à Dieu, les contrariétés de cette vie éphémère ne pèsent plus aussi lourd, et ainsi cette miséricorde et cette innéité en nous peuvent irradier notre entourage et les personnes que nous côtoyons.
« Soyez comme la fleur qui donne même son parfum à la main qui l’écrase. » Ali Ibn Abi Talib, que Dieu l’agrée.
[1] Boukhari et Mouslim
[2] Abou Daoud et At-Tirmidhî
[3] L’imam Abdessalam Yassine, « La révolution à l’heure de l’Islam »