Générosité : maitriser son rapport à la richesse
« Mon Dieu conduis-moi à adopter les plus estimables caractéristiques. Nul ne peut y conduire si ce n’est Toi. Et préserves-moi des plus méprisables caractéristiques. Nul ne peut m’en préserver si ce n’est Toi. » (Muslim d’après Ali (que Dieu soit satisfait de lui))
Tel est la prière que notre Prophète, paix et miséricorde sur lui, faisait. Ces caractéristiques estimables dont il aspirait sont les vertus de l’âme et celles méprisables dont il voulait échapper sont les vices.
Ibn ‘Abbass a dit « Le Prophète (paix et bénédiction sur lui) était le plus généreux des hommes. » (Boukhari et Muslim)
La générosité est une vertu qui caractérise le juste milieu par rapport à l’usage des biens. En effet, la richesse est une chose utile et il nous appartient d’en faire le meilleur usage.
«La jalousie n’est permise que dans deux cas : Un homme à qui Dieu a donné une fortune et lui a donné la force de la dépenser dans les causes justes. Un homme à qui Dieu a donné une sagesse (un savoir) qu’il emploie pour arbitrer les litiges et qu’il enseigne aux autres».
La générosité s’oppose à la prodigalité et l’avarice qui sont respectivement un excès ou un défaut dans l’usage des biens.
« Qui, lorsqu’ils dépensent, ne sont ni prodigues ni avares mais se tiennent au juste milieu. » (Sourate 25, 67)
La prodigalité est un vice à combattre et est caractérisée par la dilapidation des biens. Elle dépasse la juste mesure dans les dons et les dépenses et celui qui en est atteint est aussi de nature à s’abstenir des dons d’autrui. Cela tient pour grande partie de son ignorance tandis que l’avarice elle, est plus grave en ce qu’elle refuse de donner et pèche dans l’excès de recevoir. Il faut se rappeler que l’avarice est plus naturelle à l’homme que ne l’est la prodigalité, elle est aussi plus difficile à guérir :
« Dis : “Si c’était vous qui possédiez les trésors de la miséricorde de mon Seigneur; vous lésineriez, certes, de peur de les dépenser. Et l’homme est très avare! » (17 ; 100)
« Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent. » (59 ; 9)
Le généreux est celui qui sait donner à ceux à qui il doit donner au moment approprié. Et c’est de la même façon qu’il sait recevoir. Il fait ainsi une bonne action et permet aux autres d’en faire de même.
La générosité est un défi majeur dans notre société en ce qu’elle s’oppose à l’avarice dont se nourrit le capitalisme financier. Non seulement elle permet à celui qui la met en pratique de se libérer des injonctions narcissiques et individualistes pour élever son âme aux belle vertus, mais surtout elle s’attaque à la source des injustices sociales. Si aujourd’hui l’Occident fait la promotion des apparences au point où les Hommes y consacrent tout leur effort à atteindre l’idéal de vie proposé, l’Islam a aussi une apparence et une beauté palpable qui peut être perçu par celui qui voit comme celui qui ne peut voir et que le Prophète a le mieux incarné et nous invite à en faire de même.
Un homme demanda au Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu soit sur lui) : « Quel est le plus bel aspect de l’Islam ? Il répondit : « Offre à manger aux gens et donne le salut à ceux que tu connais comme à ceux que tu ne connais pas. »
C’est cette image de l’Islam qui est apte à toucher autrui tant elle exprime les plus belles qualités telles que la fraternité, la justice et la bienveillance. C’est elle qui est à l’origine de la conversion des masses aux temps du Prophète (paix et bénédiction sur lui) :
« Le prophète, n’a jamais refusé de donner une aumône à celui qui la lui demande. Un homme lui avait demandé une aumône,et il lui a accordé des moutons qui se trouvaient entre deux monts. L’homme accourut chez son peuple et leur dit : « O gens, embrassez l’Islam car Muhammad est un homme généreux qui fait des dons tel un homme qui ne craint pas la pauvreté »
Un homme vint à lui et demanda son aide. « Je n’ai rien à te donner », lui dit-il, « mais vas acheter ce que tu veux àmon compte. Je rembourserai le vendeur lorsque j’aurai dequoi le payer. »
Le Ramadan est un mois béni où les diables sont enchaînés, la valeur des bonnes actions est décuplées et où dans les Cieux on appelle : « O toi qui veut faire le bien accours ! »(At-Tirmidhî).
Le Messager de Dieu (paix et salut sur lui) a dit : “La meilleure charité est celle accomplie pendant le mois de Ramadan.”( At-tirmidhî).
« On avait demandé à Ibn Abbas de parler de la générosité du Messager de Dieu, il avait dit : « Le messager de Dieu que Dieu le bénisse et le salue, était le plus généreux des hommes. Sa générosité atteignait son culminant au mois de Ramadan, lorsque Gabriel venait àsa rencontre et lui apprenait le Coran. » (Bukhari)
La générosité s’exprime selon certaines conditions et priorités qui convient de respecter :
–Il faut tout d’abord, avoir la ferme intention de le faire pour satisfaire uniquement Dieu.
–Le don doit être licite et provenir de moyen licite
–La générosité est aussi l’art de recevoir, il faut que les dons reçus soient licite
–Ne pas rappeler ses dons ultérieurs comme moyen de pression. « O croyants! N’annulez pas vos aumônes par un rappel ou un tort, comme celui qui dépense son bien par ostentation devant les gens sans croire en Dieu et au Jour dernier. » (2 ; 264). Il est conseillé de ne pas évoquer ses dons, celles qui sont cachées étant meilleures que celles faites en public.
–Ne pas donner quelque chose que nous voudrions pas pour nous-même : « Et ne vous tournez pas vers ce qui est vil pour en faire dépense. Ne donnez pas ce que vous-mêmes n’accepteriez qu’en fermant les yeux! » (2 ; 267)
Concernant les biens donnés :
–Donner ce que l’on a de meilleur par rapport aux moins bons : « O croyants! Dépensez des meilleures choses que vous avez gagnées et des récoltes que Nous avons fait sortir de la terre pour vous. » (2 ; 267)
–Donner ce que l’on aime le plus : « Vous n’atteindrez la (vraie) piété, que si vous faites largesses de ce que vous chérissez. » (3 ; 92)
–Faire don de ce qui est plus utile par rapport au moins utile. En effet, il est plus important d’aider une personne âgée ou infirme à ranger sa maison ou faire quelques courses plutôt que de lui donner ce qu’elle peut se procurer d’elle-même.
Concernant les priorités, le mois de Ramadan est limité dans le temps, dès lors il faut être efficace et judicieux dans ses dons. En effet, Dieu a favorisé des actions par rapport à d’autres. Il faut privilégier celles qui sont importantes :
–Etre vigilant concernant son comportement et son attitude envers autrui, l’améliorer s’il le faut et perfectionner les bonnes qualités. Un don matériel ne saurait remplacer une grandeur d’âme qui est principalement ce que Dieu attend des Hommes : « Une parole agréable et un pardon valent mieux qu’une aumône suivie d’un tort. Dieu n’a besoin de rien, et Il est Indulgent. » (2 ; 263)
–Il est indéniable que la famille occupe un rang d’honneur après Dieu et que ses membres sont les plus dignes d’obtenir la générosité et l’attention du musulman. Il faut favoriser la bonne entente, l’entraide et le don envers eux. Rappelons-nous du rang de la mère désigné par le Prophète (Paix et bénédiction sur lui) qui mérite notre bon comportement. C’est ce qui a valu à l’Israélite la compagnie du Prophète Moise (que la paix soit sur lui) car il se comportait bien envers sa mère.
–Le voisin a aussi un droit fondamental sur le musulman: « L’Ange Gabriel (que la paix soit sur lui)n’a cessé de me faire des recommandations au sujet du voisin, au point que j’ai cru qu’il allait l’imposer comme héritier.» (Al-Bukhârî). En ces jours de repas commun, favoriser le partage avec le voisin ou l’inviter chez soi pour la rupture du jeûne.
–Viennent ensuite ceux qui sont dans le besoin : l’orphelin, le voyageur, les mendiants. Jabir Ibn Zayd (que Dieu lui fasse miséricorde) disait : « Je préfère donner en aumône un dirham à un orphelin ou un pauvre plutôt que d’accomplir un pèlerinage, après le pèlerinage d’Islam (obligatoire) ».
Puisse Dieu nous parer des plus belles vertus et nous permettre d’être généreux et bon envers autrui comme Il l’est à notre égard. Que la Paix et la bénédiction de Dieu soit sur le Prophète, l’homme sage et vertueux par excellence.
Qu’Allah bénisse