Donner de ce qu’on aime
Le don est devenu une denrée rare, en particulier dans nos sociétés modernes, où l’individualisme règne trop souvent. La crise économique est passée par là, mais aussi un repli social et humain. Il est pourtant connu que ce ne sont pas les personnes les plus riches financièrement qui sont les plus généreuses, et de nombreux pays en voie de développement sont connus pour leur hospitalité malgré des conditions matérielles difficiles.
Alors, de quoi a-t-on réellement besoin pour donner à l’autre, de son temps, de ses biens, de sa personne ? De très peu en réalité, cela est accessible à tous, encore faut-il en faire l’effort. ‘Adyy Ibn Hâtim, que Dieu l’agrée, a dit : J’ai entendu le Prophète, paix et salut sur lui, prononcer ces mots : « Evitez l’Enfer autant qu’il vous soit possible, fût-ce en faisant l’aumône avec une demi-datte »[1]. De plus, ce don, si petit soit-il, grandit auprès de Dieu. D’après Abou Hourayra, que Dieu l’agrée, l’Envoyé de Dieu, paix et salut sur lui, a dit : « Toute aumône faite d’un argent licite -et Dieu n’accepte que le licite-, tombera dans la main droite du Miséricordieux. Même si elle était une datte, celle-ci augmenterait au creux de la main du Miséricordieux jusqu’à ce qu’elle devienne plus grande encore qu’une montagne, tel qu’un poulain ou un chamelon ne grandissent »[2].
Le Jour du Jugement, l’Homme devra rendre compte de quatre choses ayant trait au don : le temps de la vie et de la jeunesse, le don de ses biens, et le don de soi par la science et ce que l’on en fait. Le Prophète, paix et salut sur lui, dit : « Les hommes se tiendront debout, au jour du Jugement, et ne pourront avancer tant qu’ils n’auront pas rendu de comptes sur quatre choses : leur vie et comment ils l’ont passée ; leur jeunesse et comment ils l’ont mise à profit ; leurs biens et comment ils les ont acquis et administrés ; leur savoir et comment ils l’ont appliqué. »
On donne parfois beaucoup de temps et de moyens pour des choses qui n’en valent pas la peine (bavardages futiles, regarder la télévision, achats inutiles…). Le croyant doit alors veiller à la bonne gestion de ces éléments.
Donner de soi à autrui, pour le délivrer de ses difficultés, est une action très estimée auprès de Dieu. Selon Abou Hourayra, le Messager de Dieu, paix et salut sur lui, a dit : « Quiconque en ce bas-monde, a allégé l’affliction d’un croyant, verra Dieu alléger son affliction au Jour du Jugement dernier. Quiconque secourt un homme dans la gêne, verra Dieu le secourir en ce bas-monde et dans la vie dernière. Quiconque couvrira les fautes d’un musulman, verra Dieu les lui couvrir en ce bas-monde et dans l’autre. Dieu aide Son serviteur tant que ce dernier aide son frère. [3][…] ».
En ce mois de jeûne, on peut penser à donner à manger à une personne dans le besoin : besoin de nourriture, mais aussi besoin de présence comme les nouveaux musulmans qui n’ont personne avec qui rompre le jeûne. On peut aussi donner de son temps, et de soi à sa famille et/ou à son conjoint, en favorisant des moments de complicité et de partage au quotidien. Donner de soi à autrui, c’est aussi s’arracher de l’égoïsme, ne serait-ce que par un simple sourire, tenir une porte, dire bonjour, merci.
Ces petites choses, qui ont auprès de l’autre et auprès de Dieu, un grand retentissement. Pour multiplier ces actes de dons, pourquoi ne pas noter dans son agenda ce que l’on prévoit de donner dans ces différentes dimensions pour chaque journée ? A chaque journée, ses bonnes actions !
« Ils donnent la préférence aux autres, fussent-ils eux-mêmes dans la gêne. Bienheureux sont ceux qui se gardent de l’avarice ! »[4]
[1] Sahih Mouslim.
[2] Sahih Mouslim
[3] Hadith rapporté par Mouslim
[4] Coran : Sourate l’Exode, verset 9.