Implorer Dieu
En ce mois béni propice à la multiplication des adorations, les invocations occupent une place particulière. En effet, l’invocation accompagne les autres adorations, que ce soit durant la prosternation, au moment de rompre le jeûne ou encore à la fin d’une lecture du Coran. Plus encore, elle est une manifestation du lien intime qui lie le croyant à son Créateur, puisque invoquer Dieu revient à s’adresser à Lui directement. Ce n’est pas sans raison que le Prophète, paix et salut sur lui, a dit que « l’invocation est l’adoration même »[1].Alors réjouissons-nous et adressons-nous longuement à Dieu durant le mois de Ramadan, car le Prophète, paix et salut sur lui, nous a informés que « l’invocation de celui qui jeûne sera exaucée chaque fois qu’il rompt son jeûne »[2]
Les mérites de l’invocation se manifestent de trois manières différentes. Dieu peut répondre en cette vie à la demande qui Lui est adressée. Il peut autrement la réserver pour l’au-delà. Il peut sinon, en remplacement, repousser un mal qui était destiné à la personne. La certitude est que « vos dou’as seront exaucés tant que vous ne vous montrerez pas impatients et ne direz pas : « Je fais des dou’as, mais ils ne sont jamais exaucés. »[3]. Par ailleurs, outre l’exaucement d’une demande spécifique, l’invocation est une manifestation de notre confiance en Dieu et de l’abandon de soi en Lui. Elle a ainsi pour conséquence le renforcement de la relation individuelle du croyant avec son Seigneur, une récompense incommensurablement supérieure à bon nombre de demandes.
Néanmoins, il convient d’adopter une attitude digne du Roi des rois. L’invocation doit être faite avec humilité « Invoquez votre Seigneur en toute humilité et recueillement, et avec discrétion »[4] De même, elle doit être précédée de louanges à Dieu et de bénédictions au Prophète, paix et salut sur lui. En effet, « un jour, alors que le Prophète était assis dans la mosquée, un homme entra, fit sa prière, puis dit à voix haute : « Ô mon Dieu, pardonne-moi et fais-moi miséricorde. » Le Prophète l’entendit et dit : « Tu t’es trop hâté, ô adorateur! Lorsque tu es assis, après avoir fait ta prière, loue Dieu comme Il mérite d’être loué et envoie-moi des bénédictions, puis fais appel à Dieu. »[5]. Il est enfin recommandé de lever les mains car « votre Seigneur, béni et exalté soit-Il, est Bon et Très Généreux. Et si Son serviteur lève les mains en L’invoquant, Il est trop bon pour le laisser ramener ses mains vides vers lui. »[6]
A l’attitude s’ajoute le sens.Selon la mère des croyants ‘Aïcha, que Dieu l’agrée, le Messager de Dieu aimait de préférence les invocations concises et pleines de sens et s’abstenait des autres formules d’invocation[7]. Plus précisément, le compagnon Anas, que Dieu l’agrée, rapporte que « la plupart des invocations du Prophète consistaient à dire: «Seigneur Dieu! Donne-nous dans ce monde une bonne chose et dans l’autre une bonne chose et préserve-nous des tourments de l’Enfer »[8]. Bien entendu, cela n’exclut pas les demandes plus prosaïques. Mais ces dernières ne doivent pas prendre l’ascendant sur les finalités. De plus, nos proches comme le reste de l’humanité ont aussi leur place dans nos demandes, pour eux comme pour nous-mêmes, car un ange dit « Amine! Et puisses-tu recevoir le même bienfait » à chaque fois que l’on invoque pour autrui[9].
Enfin, à l’attitude et au sens s’ajoutent des moments propices à l’invocation, comme au moment de la rupture du jeûne, durant la prosternation ou le dernier tiers de la nuit, ainsi que lorsque l’on est porté par le groupe de croyants qui nous entoure. Je ne saurais trop vous recommander d’intégrer, durant ce mois béni, du temps d’invocation à des moments choisis de la journée, au même titre que l’on en réserve pour la lecture du Coran… ou la sieste.
Que Dieu illumine nos cœurs durant ce mois de Ramadan et pour les mois qui nous restent à vivre, et qu’Il nous inspire des formulations dignes de Sa Grandeur. Amine.
[1] Hadith rapporté par Abou Dawùd et At-Tirmidhi
[2] Hadith rapporté par Ibn Mâja
[3] Hadith rapporté par Mouslim
[4] Coran : Chapitre 7, verset 55
[5] Hadith (Rapporté par At-Tirmidhi
[6] Hadith rapporté par Abou Daoud
[7] [7] Hadith rapporté par Abou Daoud
[8] [8] Hadith unanimement reconnu authentique
[9] [9] Hadith rapporté par Mouslim