L’enfant et la sexualité

L’éducation sexuelle est une dimension importante qu’il ne faut pas négliger. Or, ce n’est pas un sujet facile à aborder, c’est pourquoi beaucoup de parents sont gênés, mal à l’aise, voire refusent de parler de ça avec leur enfant. Parce qu’ils ne savent pas quoi dire, comment le dire, alors ils préfèrent éviter d’aborder ce thème. Mais peut-on leur en vouloir quand on sait que pour la majorité d’entre eux, cela n’a jamais été un sujet de discussion avec leurs propres parents, sentant bien qu’il ne fallait pas évoquer « ces choses là ». Cela est d’autant plus vrai dans notre culture. Alors comment faire pour trouver les mots justes ? Comment trouver la bonne manière ?

Cet article vous apportera quelques pistes, quelques éclaircissements qui pourront, je l’espère, vous apporter des réponses.

En fait, l’apprentissage culturel de la sexualité commence dès la petite enfance. Le bébé vit dans un environnement familial, et c’est donc tout naturellement les parents qui sont ses premiers éducateurs.

Durant la toute petite enfance, la communication entre parents-bébé se fait surtout par le toucher et le regard. Le bébé existe parce qu’il est touché, caressé, manipulé, ce qui lui procure les premières sensations corporelles (là c’est ma jambe, mon bras s’arrête ici…). Cependant, le parent ne touche pas son appareil génital de la même manière que les autres parties de son corps. Ça sera toujours dans le cadre de la toilette, et quand l’enfant est encore petit. Ainsi, l’enfant apprend très tôt que cette région lui appartient et qu’il doit en prendre soin intimement.

A partir de 3-4ans, l’enfant acquiert le langage. Et comme l’enfant est un être naturellement curieux de toutes choses, il va poser des questions sur tout ce qui l’entoure, et la sexualité en fait partie. Il faut savoir que l’enfant apprend très tôt à différencier une fille d’un garçon, et qu’il sait à quelle catégorie il appartient, ce qui lui permet de se comporter très tôt comme une fille ou un garçon de sa culture, en imitant son père ou sa mère.

A cette période, l’enfant demandera « comment fait-on les bébés? ». Cette question nous surprend toujours et nous déstabilise. On se demande comment et quoi lui répondre. En fait, à travers cette question, il veut s’assurer qu’il est bien l’enfant de ses parents, se rassurer sur son identité et ses origines. Une des réponses possibles est de lui expliquer qu’il est le fruit de l’amour entre ses parents, et qu’il a été attendu et accueilli avec beaucoup de joie.

C’est également un âge où nous pouvons le surprendre entrain de toucher son organe intime. Par ce geste, il le découvre, l’explore, et pourra poser des questions sur ses découvertes. C’est à partir de cette période qu’il faut instaurer un dialogue, parce qu’à 3-4 ans, il est capable de comprendre ce que lui dit l’adulte. Il faut toutefois faire attention à ne lui dire que ce qui concerne un enfant de cet âge.

Durant la préadolescence (à partir de 9-10ans), l’enfant peut être angoissé parce que son corps commence à changer en même temps que l’aspect psychologique. Les interrogations qu’il peut avoir, il les posera surtout au parent du même sexe (« que sont les règles ? » par exemple), mais à condition qu’il sente que le dialogue est toujours possible. Si le dialogue s’interrompt, il ira chercher les réponses ailleurs. Il est important de définir les règles et les limites, en expliquant évidemment les raisons, sinon l’enfant ne comprendra pas, et ne les intégrera pas.

A l’adolescence (à partir de 13-14ans), c’est le printemps de la vie. Souvent, les besoins et les envies de l’enfant entrent en conflit avec les interdits parentaux. Cela se traduit alors par une révolte contre l’autorité, en ayant par exemple de mauvaises fréquentations. Par ces attitudes, l’adolescent veut se détacher de ses parents pour s’autonomiser et se connaître en tant que futur adulte. L’enfant connaît les limites, mais il est toujours utile de les lui rappeler. Il parlera plus facilement à ses amis qui ont les mêmes préoccupations que lui. C’est normal qu’il se sente gêné de parler de ça avec ses parents. Mais cela ne doit pas interrompre le dialogue qui sera toujours possible si les parents ne le considèrent plus comme un enfant. Tout en évitant que l’enfant vive cela comme une intrusion, les parents peuvent évoquer les valeurs, les interdits, les permissions ou alors expliquer que la sexualité est comme toute chose, elle obéit à des règles dont la principale est l’institution du mariage. L’enfant attend de ses parents qu’ils l’encouragent à prendre son envol à l’intérieur des règles fixées, car il a besoin de limites précises à respecter, même s’il ne le formule pas. Les interrogations de l’adolescent porteront sur ses amis, son entrée dans la vie adulte et l’éveil de sa propre sexualité.

Il n’existe pas de recettes miracles ou de formules toutes faites, parce que chaque famille est différente, et chaque enfant évolue à son propre rythme. Le rôle fondamental des parents, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte, est un rôle d’accompagnement nécessitant le maintien du dialogue, garant du lien affectif et de la continuité de l’éducation.

5 commentaires

  1. Bonjour, merci infiniment pour cet exposé , on en a vivement besoin , malheureusement j’attendais des solutions et de la façon de se comporter face à ce problématique ,
    la question que je me pose c’est comment accompagner cet enfants et comment installer un terrain de communication ouverte sur la sexualité,
    une fois je voulais reviser avec ma fille ses leçons du coup je suis tombé sur le chapitre de la reproduction, c’était vraiment gênant .
    Fraternellement
    AA

  2. Salam alaykoum! Baraka Allahoufikoum pour cet article on en a vraiment besoin car c’est vrai que c’est un sujet sur lequel on se pose beaucoup de questions et pour lequel on n’ose pas poser de questions! J’aurais aimé savoir svp comment réagir lorsqu’on surprend son enfant en train de se toucher les parties intimes? Est ce qu’il faut le laisser faire? Je veux dire vis a vis de la religion. Baraka Allahoufikoum!

  3. Salam,
    Je vous remercie également pour cet article très interressant, mais malheureusement beaucoup de question reste ouvertes étant donné qu’il n’y a pas de recette miracle. Il serait très interressant de devellopé cet éxposer via une formation ou une rencontre entre parent.

    Il est également même durant ces rencontres de pârler de ses enfant et de ces questions, mais c’est via l’experience des autre que nous apprenons et il faut franchir ce pas de la honte pour le bien de nos enfants.

    Je me permet également de demander un conseil aux frères et soeurs qui lirons ce commentaire:
    J’ai surpris à plusieur reprise ma fille se frotter avec un oreiller, je lui demande à chaque fois d’arreter sans la punir tout en lui disant que ce n’est pas bien.
    Mais cela ne l’empeche pas de cotinuer à le faire des que je tourne le dos!
    conseillez moi svp? mon comportement est il le bon ?

    Wa alaykum salam!

  4. salam alaykoum

    Merci tout d’abord pour tous vos commentaires. Vous évoquez le fait que l’enfant “se frotte” ou “se touche” son appareil génital.Tout enfant passe par ce stade. Il découvre ainsi son appareil génital et son fonctionnement. Punir ne servirait pas à grand chose et ne l’empêcherait pas de recommencer. Il serait plus judicieux de lui expliquer que cela ne doit pas devenir une habitude, et répétez lui autant de fois que nécessaire, car c’est dans la répétition que l’enfant apprend et intégre.. Je ne pourrais malheureusement pas apporter une réponse de jurisprudence car les avis divergent beaucoup.Comme je l’ai indiqué dans l’article, il faut que l’enfant sache qu’il peut aborder ce sujet avec ses parents.Cela peut nous gêner, nous parents, mais il faut essayer de lever cette barriére, et il est possible de s’aider de livres qui évoquent ce sujet…et evidemment faire appel à un professionnel, si besoin. Qu’Allah nous aide dans l’éducation de nos enfants

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