Le prix méconnu de nos Smartphones
Un peu plus de 14% des téléphones mobiles vendus dans le monde sont des Smartphones.
La scène des fans de la marque à la pomme qui campent en attendant l’ouverture des « Stores » en cache bien d’autres qui surprendront plus d’un.
En effet, la course pour le premier à posséder le tout nouveau Smartphone Apple se passe dans des parties du monde qui méconnaissent les conditions difficiles dans lesquelles ces produits sont réalisés. En septembre 2012, une usine Foxconn[1], premier assembleur mondial de Smartphones, a fermée en Chine suite à une bagarre massive impliquant 2 000 salariés et 5 000 policiers.
Dans un communiqué, Foxconn indique qu’un différend personnel opposant plusieurs ouvriers a dégénéré en bagarre générale dans un dortoir privé, nécessitant l’intervention de la police[2].
Ce fait-divers permet de se faire une idée sur les tensions et souffrances qui traversent les lieux où nos Smartphones sont produits de même que la condition sociale des travailleurs qui y travaillent. Voyons de plus près de quoi il s’agit.
« Lorsqu’on a un environnement de travail comme celui de Foxconn, où les ouvriers sont traités comme de simples unités de production, des robots, et non des êtres humains, la violence reste parfois le seul moyen de s’exprimer et des peccadilles peuvent très vite dégénérer » a commenté à l’AFP Geoffrey Crothall, porte-parole de l’association China Labour Bulletin, basée à Hong Kong.
Imaginez une usine de 400.000 ouvriers, où l’on travaille 12 heures tous les jours de la semaine. L’usine est un espace fermé avec des agents de sécurités partout qui contrôlent les accès et le respect de « l’ordre », les ouvriers sont condamnés à rester 24h/24h dans l’usine où ils disposent de dortoirs et d’autres services pour se « détendre » le reste des heures de leurs journées. Deux semaines de vacances sont obligatoires par an, le temps de voir sa famille. Lorsqu’ils sont respectés par les employeurs, ils sont fixés pour tout le monde aux mêmes moments de l’année. Le salaire moyen est de 130 USD, soit 110€ par mois (dans le cas de Foxconn)[3].
Il ne s’agit certes pas de simples usines, mais d’une monstrueuse chaine de production qui écrase toute forme de vie sociale humaine. Les travailleurs se trouvent réduits à de simple machines au service du profit. Le tout blanchi par l’alibi du progrès technologique et des succès managériaux.
Dans ces conditions, on ne peut même plus compter le nombre de suicides et les problèmes médicaux et psychologiques du personnel.
Des gestes insuffisants ?
Tous les intervenants dans ce domaine sont au courant aujourd’hui de ce mode de production. Pendant plusieurs années, des usines ont poussés comme des champignons dans des pays où la pauvreté est à son paroxysme. Les habitants de ces zones pauvres sont ainsi prêts à tout sacrifier pour avoir un revenu leur permettant de survivre ainsi que leurs petites familles.
Ce constat est tellement devenu accablant que des compagnies comme Apple lui consacrent une partie de leurs chartes de partenariat industriel :
« Le Code de conduite des fournisseurs interdit tout type de travail forcé, comme l’esclavage, les servitudes pour dette, le travail des enfants et le travail en captivité. Nos fournisseurs certifient leur conformité avec les lois locales applicables à leurs activités, y compris toutes les lois relatives à l’esclavage et à la traite des personnes, et nous vérifions qu’ils respectent pleinement celles-ci en réalisant des audits approfondis de leurs sites. »[4]
Afin d’atténuer les critiques des consommateurs et des organismes internationaux, plusieurs changements ont été apporté sur la qualité des lieux et les conditions de travail, mais le mode de fonctionnement n’est pas mis en question pour le moment, chose fortement regrettable.
Catastrophe écologique
A cette catastrophe humaine, s’ajoute une catastrophe naturelle. Des indices alarmants ne cessent de s’aggraver : l’utilisation de gaz toxiques pour augmenter la cadence de production locale et le changement des standards téléphoniques à une vitesse incroyable sont source d’une pollution importante en Chine[5]. Nous sommes en droit aussi de nous interroger, aujourd’hui, sur le lieu où partiront tous ces gadgets une fois usagés.
En effet, 40 téléphones portables sont vendus chaque seconde, soit 1,1 milliard par an, dont 468 millions de Smartphones. Ce chiffre a connu une croissance de 58% en 2011. Il y avait 4 milliards de téléphones sur la planète en 2009. Depuis Janvier 2012, plus de 930 000 000 ventes de portables dans le monde[6].
Une grande partie des téléphones usagés finissent dans des décharges ou sont exportés vers des sites de recyclage informel en Asie. Une fois jetés à la poubelle, ces téléphones, renfermant jusqu’à 40 éléments contenant des métaux lourds et polluants organiques, rejettent encore trop souvent leurs polluants dans l’air, les sols et les nappes phréatiques. « Ces produits chimiques, qui entraînent des malformations congénitales, des difficultés d’apprentissage et d’autres graves problèmes de santé, ont été retrouvés dans le sol à des niveaux dix à cent fois supérieurs à la normale sur des sites de recyclage en Chine. » rappelle Jeff Gearhart, directeur de recherches à l’Ecology Center[7].
La responsabilité des acteurs
Malheureusement, participent à ces crimes tous ceux qui sont inscrits sur la liste des consommateurs de ces produits.
S’il serait de l’utopie de se séparer de ces moyen technologiques, il serait au moins judicieux de notre part de manifester notre mécontentement envers ces pratiques et de pousser vers l’engagement de plus d’efforts pour le respect de la dignité humaine et de notre environnement.
[1] Le groupe Foxconn est le numéro un mondial des composants pour ordinateurs
[2] Source http://www.20minutes.fr/ledirect/1009221/chine-foxconn-ferme-usine-apres-bagarre
[3] Source : http://factsanddetails.com/china.php?itemid=1657&catid=9&subcatid=60
[4] http://www.apple.com/fr/supplierresponsibility/code-of-conduct/labor-and-human-rights.html
[5] http://en.wikipedia.org/wiki/Pollution_in_China
[6] http://www.planetoscope.com/electronique/156-ventes-de-telephones-portables-dans-le-monde.html
[7] Ecology Center : Organisation écologique américaine
Quelle serait donc la solution ? Ne plus acheter de Smartphones ? Est ce un appel au boycotte ou à sensibiliser le monde sur les dégâts de la technologie ?
C’est vrai qu’aujourd’hui ça sort de l’utopie. Personnellement, je n’adhère pas à ces gadgets. Et on ne cessera jamais d’en vouloir plus, il nous faudra toujours le dernier cri. Chaque fois que quelque chose de nouveau apparaît, ce qu’on avait avant nous convient plus. Si seulement on était satisfait de ce qu’on a déjà, la Terre se porterait mieux. :-).