Après un film, une caricature
Il ne s’agit pas dans ce texte de s’indigner des gestes entrepris récemment pour provoquer un monde musulman dont une grande partie de la population perçoit encore et toujours l’occident sous le prisme d’un passé, voire un présent, souvent conflictuel (Irak, Pakistan, Afghanistan, Yeman…). Cela ne mérite pas d’y fournir un effort de rédaction. Il s’agit là de s’indigner du niveau déplorable auquel l’œuvre de certains rabaisse le dialogue inter-civilisations. Un constat qui confirme l’image d’un monde en crise, une crise morale avant tout.
Une opération de marketing ?
Les conditions qui ont accompagné la sortie des caricatures appuient cette hypothèse de crise morale. Le journal en question a bien choisi le moment et le sujet pour réaliser une recette optimale sur son édition du 19 septembre 2012.
Avec un film qui vient de pousser des centaines de milliers de personnes vers les rues dans le monde musulman, l’anniversaire du 11 septembre, la montée des phobies en France et la montée de l’extrême droite, le journal s’est saisi de ces éléments pour réaliser une opération juteuse sous la bannière de la liberté d’expression.
On perçoit là des gens qui sous de nobles prétextes rentabilisent généreusement leurs mépris des sentiments de beaucoup de leurs concitoyens et des valeurs du vivre ensemble.
La question est largement en deçà d’un simple attachement au principe de la liberté d’expression.
Premier test après la vague du printemps arabe…
Ces événements surviennent alors que le monde arabo-musulman vit une période particulière. Cela envoie un test précoce de maturité à plusieurs pays ayant connu des changements radicaux récemment.
Les mois précédents ont permis de montrer au monde une nouvelle image de ces pays en générale, reflétant un monde qui a hâte d’instaurer une société civile démocratique égalitaire et social.
Un monde donc qui aspire à la liberté.
Cette image noblissime de la libération en cachait une autre derrière. Celle de peuples blessés et meurtris portant les traces de plusieurs décennies de régimes totalitaires. Ces années d’oppression ont produit des générations souvent porteuses d’une compréhension déformée de son identité, surtout que les questions de l’Islam et de sa pratique ont été prisées par les pouvoirs en place. Les taux d’analphabétisme, de chômage et de pauvreté sont des témoins crédibles des séquelles accumulées.
Voici donc un premier défi lancé au monde arabo-musulman, un défi qui doit inviter à réfléchir sur comment orienter les efforts et les énergies vers les bonnes directions et pouvoir se poser les bonnes questions aux bons moments.
Les intellectuels absents…
Il est très difficile aux milieux de tous ce qui se passe de ne pas constater l’absence ou le manque de communication, c’est le moins qu’on puisse dire, des intellectuels musulmans. Le monde a changé mais il semble qu’ils sont encore saccagés par leurs anciennes barrières.
La responsabilité morale de cette classe intellectuelle est aujourd’hui engagée dans ce qui s’est passé à Bengazi, Khartoum, Le Caire et Paris.
Une action guidée…
Le coran nous donne les moyens et la méthode.
Dieu, Exalté soit-Il, dit : « Pratique le pardon, commande ce qui est convenable et éloigne-toi des ignorants » (Al-‘A`râf 199)
Dans ce verset on y voit trois mots d’ordre :
Le pardon comme valeur suprême. Ce message dépasse un appel à ne pas réagir aux provocations, il appelle aussi à ne pas garder de rancune et à se mettre au dessus de tous ces gens mentionnés dans la suite du verset.
L’œuvre pour le bien et la participation au projet social et civil par la diffusion des valeurs nobles.
Le troisième mot d’ordre concerne une catégorie particulière de personnes. Il s’agit de ceux qui, méconnaissant les vraies valeurs de l’Islam, se lancent dans la provocation excessive. Il est alors ordonné de les ignorer. Cette inattention illustre l’image d’un musulman engagé dans un grand projet, un musulman qui ne doit pas perdre son temps dans une action futile, un musulman qui s’inscrit plus dans l’action que dans la réaction. Sans s’estomper dans la passivité, il adopte une action mesurée, pensée et planifiée dans le temps.
Une brèche d’espoir…
Dans ce tableau confus d’un monde musulman agité, qui ne maitrise pas encore l’image qu’il renvoie, une brèche d’espoir s’ouvre pour l’observateur avisé.
Ces événements sont le choc qui a déclenché des questionnements sur la canalisation des énergies et les actions à mener pour mieux défendre nos valeurs. Commençons par le retour vers l’éducation de l’Homme porteur de valeurs authentiques dans son être et allons jusqu’à la construction collective d’une pensée méthodique qui articule l’action des musulmans.
Salam,
Le journal fait 25% de tirages après cette affaire, de quoi donner raisons à certains soupçons.
salam, article bien fait
Merci