Elections Européennes 2024 : Comprendre leur importance, objectifs et enjeux

Les élections européennes de 2024 approchent à grands pas. Cet événement crucial nous rappelle que la politique, au-delà des différentes formes qu’elle a pu prendre au fil des époques et des régions, est essentiellement une question d’orientation de la société. Celle-ci, constituée d’êtres humains vivant en système organisé, doit choisir quelle direction prendre.

Sur ce navire en perpétuel mouvement, certains, candides ou passifs, laisseront les vents diriger le bateau. D’autres, convaincus que la reconstruction nécessite une tabula rasa, s’attaqueront à l’intégrité même du navire. Pendant ce temps, d’autres encore se disputeront le gouvernail, risquant de condamner la traversée à un perpétuel va-et-vient, et les passagers à d’importantes difficultés. Cette métaphore illustre bien les défis politiques actuels, traduisant à la fois les espoirs et les désillusions des citoyens face à leurs représentants.

Le 9 juin, une nouvelle occasion de décider de l’orientation de notre société nous sera offerte, reflétant l’urgence de certains enjeux et la nécessité de solutions à long terme.

Comment est née l’union européenne ?

Comprendre l’Union européenne et ses implications est essentiel pour saisir les enjeux des élections européennes. Née des cendres de la Seconde Guerre mondiale et des horreurs qu’elle a engendrées, la construction européenne avait pour objectif principal de renforcer les liens économiques et politiques entre les nations européennes pour assurer la paix et la stabilité régionales, prévenir de nouveaux conflits et favoriser le développement économique. Parmi les principales étapes qui ont mené à la formation de l’UE :

• La déclaration Schuman (1950) : La proposition faite par le ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, le 9 mai 1950, est souvent considérée comme l’acte de naissance de ce qui deviendra l’Union européenne. Schuman propose la création d’une Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) pour placer sous une autorité commune la production de charbon et d’acier, ressources clés pour l’industrie militaire. L’objectif était de rendre la guerre entre les nations historiquement rivales non seulement impensable mais matériellement impossible.

• Les Traités de Rome (1957) : Après le succès de la CECA, six pays (la France, l’Allemagne de l’Ouest, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg) signent les Traités de Rome, qui créent la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom). La CEE visait à établir un marché commun avec la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes.

• Au fil des décennies, d’autres pays ont rejoint ces communautés, élargissant le champ de la coopération européenne. Les institutions et les compétences de la communauté européenne se sont également développées. Le marché commun s’est progressivement transformé en marché unique avec des politiques communes dans divers domaines tels que l’agriculture et la pêche.

• L’Acte unique européen (1986) : Ce traité a modifié les traités de Rome pour faciliter la réalisation du marché unique européen, prévoyant la libre circulation des personnes et une politique étrangère et de sécurité commune.

• Le traité de Maastricht (1992) : Ce traité a marqué la création de l’Union européenne avec trois piliers : les Communautés européennes, la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et la coopération en matière de justice et d’affaires intérieures. Le traité a également introduit la citoyenneté de l’UE et prévu la création de la monnaie unique, l’euro en 1999.

• Les traités d’Amsterdam, de Nice et de Lisbonne : Ces traités ont apporté des modifications institutionnelles pour améliorer le fonctionnement de l’UE, notamment en élargissant le recours au vote à la majorité qualifiée pour certaines décisions et en renforçant le rôle du Parlement européen.

L’UE d’aujourd’hui est le résultat de ces initiatives et traités qui ont établi une structure unique de coopération entre les États membres, alliant souveraineté nationale et gestion supranationale. Elle continue de se développer et de s’adapter aux défis contemporains, tels que les crises économiques, les questions de sécurité, les problématiques migratoires, et les défis environnementaux. Initialement composée de six pays, l’UE compte aujourd’hui 27 membres.

Comment fonctionne le droit européen ?

Le droit européen, ou droit de l’Union européenne, est un ensemble de règles qui régissent les États membres de l’UE et ont primauté sur le droit national en cas de conflit. Il est principalement fondé sur les Traités qui établissent les bases et les compétences de l’UE. Les principales formes de législation européenne incluent :

• Les règlements, qui s’appliquent directement dans tous les États membres sans nécessité de transposition.

• Les directives, qui nécessitent d’être transposées en droit national, laissant aux États membres le choix des moyens pour atteindre les objectifs fixés.

• Les décisions, qui sont obligatoires pour ceux à qui elles s’adressent.

Le processus de création de ces lois implique principalement trois institutions de l’UE : la Commission européenne, qui propose des législations ; le Conseil de l’Union européenne et le Parlement européen, qui agissent comme co-législateurs pour adopter ces propositions.

Quelques enjeux des élections européennes 2024

Les élections européennes de 2024 seront marquées par des problématiques diverses et profondes, incluant des questions géopolitiques sensibles telles que la situation en Palestine. Les sujets de préoccupation comprennent le cessez-le-feu, la fin du blocus de Gaza, le retrait des troupes israéliennes, ainsi que l’évaluation des partenariats entre l’UE et Israël, en écho aux décisions de la Cour pénale internationale. L’implication de l’UE dans cette région soulève des questions qui testent les valeurs des différents partis politiques et qui ont catalysé une mobilisation significative parmi les citoyens européens. Voter pour élire les députés européens permet d’adresser ces préoccupations et de définir une stratégie claire pour la promotion de la paix.

Un autre défi majeur est la tendance croissante à la droite du spectre politique au sein du Parlement européen, caractérisée par des alliances entre partis conservateurs et eurosceptiques, ainsi que par le virage à droite observé dans plusieurs pays européens.

Par ailleurs, la question de la restriction des libertés fondamentales, en réponse aux enjeux de sécurité nationale et internationale, devient de plus en plus préoccupante. Les citoyens expriment un malaise face à la diminution de leurs droits constitutionnels, souvent perçus comme disproportionnés par rapport aux mesures prises pour la sécurité. La pandémie de COVID-19 a exacerbé cette situation, avec l’introduction de restrictions sans précédent.

Ces élections, historiquement marquées par un fort abstentionnisme, pourraient cette fois-ci voire une participation massive, signe d’un changement de dynamique. Voter pour choisir les eurodéputés est crucial pour garantir une prise en compte effective des préoccupations citoyennes et établir une feuille de route claire pour l’avenir de l’Europe.