L’investissement des pères au foyer
Qui d’entre nous n’aurait pas aimé ressortir de la maternité avec un mode d’emploi en mains. Un tableau où seraient équitablement partagées les tâches à faire entre « Maman et Papa » ? Cela nous aurait tellement simplifiés la vie à tous ! Mais malheureusement, c’est avec bébé dans les bras et quelques paperasses que nous rentrons chez nous, sans réellement savoir ce qui nous attend.
Certes, être parent est une expérience passionnante et enrichissante mais aussi épuisante et stressante. Être parent c’est aussi être responsable devant Dieu du dépôt qu’Il nous a confié, c’est éduquer ses enfants du mieux possible en leur inculquant les valeurs de l’Islam afin de préserver leur saine nature. D’après Abou Hourayra, que Dieu soit satisfait de lui, le Prophète, paix et salut sur lui, a dit : « Chaque nouveau-né vient au monde selon la fitra (la prime nature avec laquelle il naît, l’Islam) mais ce sont ses parents qui font de lui un juif, un chrétien ou un mazdéen. » [1]
Ce que nous ferons de nos enfants sera donc pour ou contre nous devant Dieu le jour de Sa rencontre.
Qui éduque, qui fais quoi ?
L’éducation des enfants peut vite devenir une source de conflits au sein du couple qui vivait assez bien avant que ces petits êtres très demandeurs ne débarquent pour chambouler leur vie.
Comment être de bons parents ? Comment trouver l’équilibre dans l’éducation des enfants afin que papa et maman ne se retrouvent pas au bord de la crise de nerfs ? Comment être à la hauteur de ce dépôt que Dieu nous a offert…?
Tellement de questions, tellement de bonnes volontés, mais nous sommes rapidement rattrapés par la réalité. Savoir mettre de côté son ego, savoir être là pour l’autre sont des points essentiels pour que la vie de famille ne devienne pas rapidement un champ de bataille.
Chacun des deux parents doit être responsable et se doit de s’investir du mieux qu’il peut dans cette éducation. Nos enfants sont les citoyens de demain. Ils sont aussi les musulmans qui porteront le Message dans ce monde où la spiritualité se perd.
Lorsque l’on parle d’éducation des enfants ou de sen ’occuper, il est pour certain une évidence que ceci est le rôle de la maman.
L’Institut national d’études démographiques (INED) et de l’INSEE a mesuré la participation des parents à l’ensemble des tâches quotidiennes liées à l’éducation des enfants. Les mères continuent à en assumer la plupart.
Mais où sont donc ces papas modernes qui s’occupent de l’éducation des enfants et des tâches ménagères au même titre que leurs compagnes ? L’enquête de l’INED démontre qu’ils représentent une énorme minorité : « En dépit d’une nouvelle conception de la paternité fortement médiatisée et du développement de l’activité féminine, la participation des hommes aux soins et à l’éducation des enfants progresse peu. S’occuper des enfants reste une prérogative féminine, la division sexuelle du travail parental se modifie lentement »
Cinq actions clés d’une journée de parents ont été étudiées auprès de 1600 familles : l’habillage des enfants, l’accompagnement à la crèche ou à l’école, les jeux et les loisirs, les devoirs et le coucher. Il apparaît que seuls les jeux et le coucher sont plus équitablement répartis entre les parents. Tout le reste, dont les nombreuses tâches domestiques (ménage, lessives, courses, vaisselle, soins aux enfants…) est très majoritairement assumé par les femmes.
Les papas préfèrent jouer
Les hommes s’investissent plus dans les activités ludiques, affectives et de sociabilité. Leur implication varie en fonction du sexe et de l’âge de l’enfant. Le père s’occupera beaucoup plus d’un garçon que d’une fille : comportement que l’INED analyse par la peur de l’intimité avec le sexe opposé, et par l’envie de transmettre des comportements et des goûts à leurs fils.
L’enquête constate également que plus l’enfant grandit, moins le père s’en occupe : « Le père apparaît comme un acteur aidant à côté de la mère, qui assume autant que faire se peut les activités parentales »
Aussi, il est noté que l’investissement des pères varie en fonction de plusieurs facteurs : niveau social, âge, temps de travail… Une répartition plus équitable des tâches s’effectue si le père est jeune et le niveau d’études élevé.
Mais qu’en était-il du Prophète, paix et salut sur lui, et de son investissement au sein de son foyer ?
Le Prophète, un modèle exemplaire
Le Prophète, paix et salut sur lui, a dit : « Le meilleur d’entre vous est le meilleur envers sa famille et je suis le meilleur envers ma famille »[2]
Ali, que Dieu soit satisfait de lui, a dit aussi : «Quand le prophète se trouvait chez lui, il répartissait son temps en trois parties : une part pour son Seigneur, une part pour sa famille et une part pour lui-même. Ensuite, il divisait sa propre part, entre lui et ses rapports avec les gens»[3]
Al-Aswad demanda à Aïcha, que Dieu l’agrée : « Comment se comportait le prophète au sein de sa famille ? » Elle répondit : « il m’aidait dans les tâches ménagères et lorsque retentissait l’appel à la prière, il allait à la mosquée pour l’accomplir.»[4]
D’après Al-Qassim, on demanda également à Aicha, que Dieu soit satisfait d’elle : « Que faisait le prophète chez lui ? » Elle dit : « C’était un homme comme les autres : Il nettoyait ses vêtements, trayait ses bêtes et s’occuper seul de sa propre personne. »[5]
Qu’en est-il nos jours ?
Les allers-retours à l’école, les activités extrascolaires, les repas, ménage, bains, aide aux devoirs… sont un programme bien chargé pour une maman. Ajoutons à cela les heures de travail pour les mamans actives, et voilà une maman épuisée, fatiguée, exténuée.
La vie de parents n’est pas toujours de tout repos. La vie de couple en est même parfois complètement chamboulée. Ce verset est peut-être un début de réponse pour tout couple en quête de sérénité : « Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l’affection et de la bonté. Il y a en cela des preuves pour des gens qui réfléchissent »[6]
Ce verset parle de miséricorde et de tendresse entre les époux.
N’est-ce pas faire preuve de miséricorde et de tendresse envers son épouse que d’être là pour elle lorsqu’elle est débordée ? Être près d’elle et l’aider sans la sermonner ou lui reprocher de ne pas y arriver !
N’est-ce pas là « être papa » que de donner le biberon, changer les couches, donner le bain aux enfants, aider aux devoirs…. ? Être papa ce n’est pas seulement travailler à l’extérieur et subvenir aux besoins de sa famille. Tâche lourde et difficile que nous devons ici saluer et apprécier à sa juste valeur.
N’est-ce pas faire preuve de miséricorde et de tendresse envers son époux que d’accepter qu’il ne sache pas toujours quoi faire ou comment faire ? Comprendre aussi, dans certains cas, que l’éducation « machiste » héritée d’une culture demande du temps, de la patience et beaucoup de douceur pour amener Monsieur à changer.
N’est-ce pas faire preuve de miséricorde et de tendresse que de laisser à Monsieur un temps de repos après sa dure journée de travail.
A nous mes chères dames de faire preuve de sagesse et de patience. Assurément, nous avons aussi des journées épuisantes, surtout pour les mamans qui travaillent à l’extérieur, mais laisser un petit temps de repos à papa, être souriante et accueillante à la porte ne pourra qu’être favorable à un climat de bonne entente et de discussion. C’est ainsi que reposé et heureux d’être à la maison, papa pourra prendre un peu la relève.
[1] Hadith rapporté par Boukhari et Muslim
[2] Hadith rapporté par Ibn ‘Abbas selon par Ibn Mâja et al-Hâkim
[3] Hadith rapporté par Thirmidi
[4] Hadith rapporté par Boukhâri.
Magnifique article
Salam ahlikoum,
Article très interessant, ce n’est pas facile tous les jours il faut trouver le juste milieu.
Et changer petit à petit de vieilles habitudes… Et surtout dialoguer entre époux sans reproches et cordialement avec respect.