Son testament : le don de toute une vie
Je referme la dernière page. Les larmes ont coulé et les émotions se sont enchaînées. D’un revers de la main, j’essuie la larme sur ma joue mais il est plus difficile d’essuyer le sentiment de petitesse de ma personne que j’ai ressentie en lisant « son testament ». Difficile également d’essuyer la honte que j’ai ressentie et la douleur de prendre conscience que nous avions sur Terre un homme d’une grande qualité, d’un grand amour, d’une grande bonté et que si je lis son testament, c’est qu’il est parti…
Il a éduqué des milliers d’hommes et de femmes et même à la porte de la mort, il laisse des conseils précieux pour qui veut bien les lire et les suivre.
J’ai reçu ce testament lors d’un concours dont je remportais la seconde place. Avant cela, j’en avais lu quelques passages mais à ce moment-là, je n’avais peut-être pas tout saisi, peut-être pas tout compris. J’étais contente d’avoir la seconde place de ce concours organisé par PSM mais en refermant la dernière page, je prends conscience que ce cadeau n’est pas n’importe quel cadeau ! La joie se transforme en lourde responsabilité que je ressens à ce moment-là. Ce livre ne peut être mis en bibliothèque comme n’importe lequel. Il est le don de toute une vie ! Il est le don d’un homme qui a sacrifié, donné, éduqué, partagé, aimé… Il est le testament d’un père pour ses enfants. Il est une responsabilité maintenant qu’il est lu, maintenant que j’ai vu et que j’ai su !
Le premier testament que je lisais, pesait sur mes épaules telle une montagne. Le premier testament que je lisais, me brûlait les doigts, me fendait le cœur.
Je me sens si petite, si misérable, si insignifiante. Je me sens honteuse de recevoir un si beau cadeau alors que je fais peu et puis émotion paradoxale, je me sens heureuse d’avoir trouvé le chemin de cet homme et le chemin de ceux qu’il a pris par la main. Heureuse d’avoir cette bonne compagnie pour me pousser, m’encourager, me tenir par la main, me rappeler le divin !
Un testament où il ne lègue ni or, ni argent ! Un testament où il ne lègue ni demeure, ni villa. Un testament où il lègue son amour pour les Hommes ! Son amour qui se traduit par des conseils qu’il veut partager pour nous aider à sauver nos âmes de la perdition, sauver nos âmes tentées par ce monde plein de tentations.
Ses mots sont doux, ses rimes pénètrent les cœurs ! Ses phrases sont fortes, son amour transparaît. Il va à l’essentiel et ne lègue que ce qui dure dans le temps, ici et là-bas, pour toi comme pour moi, dans cette vie ici-bas mais surtout ce qui nous servira dans la vie dernière.
Un homme d’une grande qualité de cœur s’en est allé rejoindre son bien-aimé. Un homme d’une grande bonté s’en est allé rejoindre Celui qu’il a tant désiré, tant prié. Celui pour Qui il a donné des années de sa vie derrière les barreaux, des années de sa vie derrière les fenêtres closes d’un hôpital psychiatrique. Pris pour un fou, Oui ! Il était fou de Dieu, fou d’amour pour le Sublime, l’Omniprésent, l’Omniscient. Et dans sa folie, il a pris par la main ceux et celles qui voulaient se battre pour une justice sur cette Terre, ceux et celles qui voulaient vivre dans la bienfaisance et la spiritualité et pour cela nous lui en sommes infiniment reconnaissants !
Si aujourd’hui, il est allé rejoindre Celui qu’il a toujours adoré. Si aujourd’hui, il nous a laissés avec le sentiment d’être « un peu orphelins », son œuvre et tous ses conseils perdurent au travers de ses écrits et dans le cœur de chacun de ceux qui ont croisé son chemin. Il est temps d’en être digne, temps de suivre le chemin du Prophète de l’Islam (paix et salut sur lui) qui fut le seul chemin qu’il a parcouru. Le chemin de la « soumission » qui fut le seul chemin qu’il a voulu faire connaître parce que le cœur d’un homme comme celui du professeur Abdessalam Yassine n’aurait jamais pu se résigner à adorer le Tout Miséricordieux seul sans partager ce qui l’animait avec le monde entier.
De la honte et de la petitesse que je me surprenais à éprouver lors de la lecture de son testament est née l’envie de partager, de me réformer, d’œuvrer et de rester sur ce chemin avec mes frères et sœurs en Dieu pour essayer encore et toujours d’être digne de ce message: le message universel qui appelle les êtres à se tourner vers le Très-Haut et à ne jamais le quitter quoiqu’il nous en coûtera !