Ramadan, le mois de l’introspection
Il est bientôt 8h, ce matin du 13ème jour de jeûne de ramadan 2022. Je décide de commencer mon journal du jeûneur et, en même temps, j’en profite pour faire un bilan de ces jours passés.
Avant même que le ramadan n’ait commencé, nous avons tous été comme des centaines de fourmis préparant le terrain pour les activités de ramadan. L’association Eveil de Lille me permet de m’engager et de donner du temps toute l’année à ce qui est essentiel et important. Les réunions, mails et échanges ont accompagné toute une partie de notre quotidien avant l’arrivée de ce mois béni de ramadan.
Que serait ma vie sans mes frères et sœurs pour cheminer ? que serait ma vie sans ce cadre pour évoluer ? Je Te remercie Seigneur de m’avoir choisie et mise entre Tes mains pour faire de moi un outil. Je Te prie Seigneur d’accepter et d’agréer nos œuvres, nos actions et nos intentions.
Il est 8h du matin, je me demande par où je vais bien pouvoir commencer. C’est alors que me viennent à l’esprit les questions suivantes : Ton cœur a-t-il été touché Khadija ? Ressens-tu Sa présence et Son amour ? Ton âme s’élève-t-elle et ton corps se repose-t-il enfin d’une année de consommation qui, parfois, peut te nuire ?
Quelle est ta relation avec les autres ? Le pardon habite-t-il ton cœur et tes passions sont-elles étouffées ?
Le jeûne du mois de ramadan est tel une loupe qui permet de voir en nous, quand l’estomac est vide, l’esprit voit plus clair et l’âme se recentre sur le sens de son passage sur terre.
Je songe également que bientôt arrivera un passage que je sais important dans ma vie et continue à me poser des questions.
Ta quarantième année arrive bientôt Khadija, vivras-tu encore quarante autres années ? Dieu seul le sait… peut-être pourras-tu en profiter pour faire un bilan également ? En attendant, profitons de l’instant présent et de ce mois béni de ramadan.
Être épouse et mère, salariée et engagée dans la mosquée de quartier sont autant de rôles qu’il me plait de tenir et je T’implore Seigneur d’accepter et de purifier mes intentions. Le jeûne avec toutes ces casquettes demande organisation et volonté, détermination et ténacité.
Pas toujours évident de s’occuper de tout et de prendre du temps pour se vider de tout ! De tout ce qui n’est pas Toi, de tout ce qui éloigne de Toi. Se vider de tout, de tout sauf de Toi, Seigneur !
Chaque jour du jeûne de ramadan, j’ai essayé au mieux de me retrouver avec Tes paroles, seule en tête à tête avec le Saint Coran. J’essaye Seigneur, Tu le sais, de goûter à chaque lettre et de m’en imprégner. Pas toujours facile de rester concentrée quand mille et une idées viennent se bousculer dans ma tête.
Avec le groupe « cœurs vivants » dont je fais partie depuis 3 ans, j’essaye Seigneur Tu le sais, de rester régulière et assidue à l’évocation et aux assises matinales de chourouk… j’essaye Seigneur, Tu le sais, de faire que chaque évocation soit prononcée avec mon cœur, pas toujours facile de rester concentrée quand mille et une idées viennent se bousculer.
Les prières obligatoires et surérogatoires rythment ma journée. J’essaye d’en faire des stations et des moments de pure adoration. Pas toujours facile de rester concentrée… Dans les prosternations où je me sais plus proche de Toi, je Te livre mes peurs, mes craintes, mes doutes et tous mes vœux. Je souris parfois et je pleure souvent… Seigneur Dieu, m’agrées-Tu ? Seigneur Dieu, m’aimes-Tu ? Seigneur Dieu, me pardonnes-Tu ?
Le mois du ramadan comme une loupe m’est offerte, je regarde en mon âme comme dans une eau limpide. J’y vois mes manquements et tous mes défauts, j’y vois ce qu’il y a de plus imparfait, de plus abîmé, tout ce que j’ai de moins beau… Tu es témoin Seigneur que j’essaye de changer. Et Tu sais Seigneur comme j’aimerais me réformer.
La gestion du foyer et son lot de tâches ménagères, le temps passé avec les enfants et la préparation des repas accompagnent mes moments de retrouvailles avec Dieu. Des tâches dont j’essaye de me souvenir qu’elles doivent Lui être dédiées et qu’avec les bonnes intentions, elles sont autant de temps d’adoration, de stations d’élévation, de moments de purification…
Cette année, je me suis formulé des objectifs dont celui d’assister chaque samedi après la prière de l’asr aux conférences que propose l’institut Belagir. Ce samedi nous serons déjà à la troisième rencontre ; que le temps passe vite !
Avec une sœur, nous avions également pour objectif de prévoir une rupture de jeûne avec nos connaissances qui ne sont pas musulmanes. Ce sera le dimanche 17 avril, les choses se mettent tout doucement en place, Dieu merci. A l’occasion, deux de mes collègues ont répondu favorablement à notre invitation. Le mois du partage ne pouvait pas se dérouler sans elles. Nous sommes si différentes mais pourtant, nous nous apprécions beaucoup et nous nous aimons.
D’un revers de la main mais surtout d’un élan du cœur, nous envoyons valser au loin toutes les idées qui pousseraient à croire que si nous n’avons pas la même foi, nous n’avons rien à nous apprendre et à partager ! Comme cela est faux, et dans une France déchirée, la solution et le remède se trouvent certainement dans cet amour que l’on nourrit pour tous les êtres humains.
Cher journal, je pense en avoir déjà assez dit, j’implore Dieu que ces lignes soient utiles, que les lecteurs en tirent profit et que ce petit bilan que je me fais à moi-même d’abord me serve à faire des jours de jeûne qui restent, mais aussi de tous les jours de ma vie, un rappel pour toujours me souvenir de Lui exalté soit Son nom.
Il est 8h35, ce jeudi 14 avril, (13 ramadan ), sur la ville de Lille qui s’éveille lentement…
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