Le miracle de l’allaitement maternel
Plus on l’étudie, plus il nous surprend !!
A l’instar de nombreux phénomènes physiologiques tels que l’ouïe, la respiration ou la croissance embryonnaire, l’allaitement maternel est en réalité très complexe et très élaboré. A mesure que nos moyens de l’analyser se perfectionnent et que les études scientifiques se multiplient, nous appréhendons davantage sa supériorité à toute autre forme de nutrition infantile.
Cet article présente les bienfaits de l’allaitement maternel. Certains sont connus et prouvés depuis de nombreuses années, d’autres sont tout juste soupçonnés et attisent la curiosité des chercheurs, tant ils pourraient ouvrir la voie de perspectives thérapeutiques nouvelles. Tous ces bienfaits expliquent, justifient et surtout encouragent la promotion de l’allaitement maternel.
Par souci de simplicité, cet article n’abordera pas la composition du lait maternel, celle-ci mériterait un article à elle seule, tant elle est complexe et surprenante…En effet l’analyse du lait de la femme révèle la présence de constituants spécifiques à l’espèce humaine, des glucides, peptides et lipides particuliers et dans des proportions adaptées et évolutives…évolutives au cours d’une même tétée et tout au long des jours, semaines et mois d’allaitement…
Il n’abordera pas non plus l’aspect psycho-affectif de l’allaitement pour ne traiter que l’aspect médical.
Voici donc les principaux avantages médicaux de l’allaitement maternel.
La protection contre les maladies infectieuses
Dès la première tétée, avec le fameux colostrum qui est ce 1er lait (sécrété pendant les 3 à 5 premiers jours), le bébé allaité au sein reçoit des anticorps le protégeant contre la redoutable diarrhée du nouveau-né, mais aussi contre le virus syncitial respiratoire responsable notamment des bronchiolites, ainsi qu’une grande quantité de cellules de l’immunité. Des composants du lait maternel vont aussi « se déposer » sur la paroi intestinale du nourrisson pour la rendre imperméable aux agents infectieux.
D’une manière générale, la morbidité et la mortalité par infection sont plus faibles chez les enfants nourris au sein que chez ceux recevant un substitut du lait maternel : moins d’infections ORL (en particulier les otites moyennes aigües qui sont 2 à 3 fois moins fréquentes chez les bébés au sein), infections broncho-pulmonaires, méningites à hémophilus influenzae, entérocolites ulcéronécrosantes…Les hospitalisations pour infection sévère sont dix fois moins fréquentes chez les bébés allaités au sein et les infections souvent moins graves.
La protection contre les maladies allergiques
Les manifestations allergiques (eczéma, asthme, œdèmes) sont plus fréquentes pendant les premières semaines de vie car les nourrissons non nourris au sein sont davantage exposés aux protéines du lait de vache, certaines étant des allergènes majeurs. Retarder l’exposition à ces allergènes permet donc de réduire le risque de présenter des manifestations allergiques. Toutefois les études sur ce sujet sont contradictoires et discutées.
La prévention de l’obésité
Il y a une relation inverse entre la durée de l’allaitement maternel et la prévalence de l’obésité : plus l’enfant a été allaité longtemps, moins il risque de présenter une obésité infantile puis adulte, et donc de présenter les maladies favorisées par l’obésité (cardiovasculaires, métaboliques, rhumatologiques…). D’autres études suggéreraient même que l’allaitement maternel serait lui-même un protecteur cardiovasculaire.
La protection contre le diabète insulinodépendant
L’exposition avant 3 mois aux protéines de lait de vache est retrouvé comme facteur accélérant la destruction des cellules pancréatiques synthétisant l’insuline, l’allaitement maternel retarde de fait cette exposition
Le développement psychomoteur
De nombreuses études concluent à une influence bénéfique de l’allaitement maternel. Elles ont évalué des enfants de 8 mois, de 42 mois, et même de 21 ans, 27 ans !! Ce sont souvent des études sur une période longue, et qui se sont efforcées de limiter les facteurs confondants tels que le niveau socioprofessionnel des parents, l’âge maternel, l’exposition au tabac pendant la grossesse, etc. Le développement neurologique de l’enfant, ainsi que le quotient intellectuel de l’adulte qu’il deviendra, seraient donc significativement meilleurs avec l’allaitement maternel.
La protection contre les cancers
Un allaitement exclusif de plus de 6 mois est associé à une survenue moins fréquente de leucémie et lymphomes avant l’âge de 15 ans. La protection anti infectieuse du lait maternel semble être une des explications, ces cancers ayant une origine infectieuse possible. Certains soupçonnent un composant du lait maternel susceptible de « tuer » les cellules cancéreuses…
Le reflux gastro œsophagien, les infections urinaires, la mort subite du nourrisson, pourraient être prévenus par l’allaitement maternel, mais les mécanismes de cette prévention ne sont pas encore élucidés.
Enfin concernant la mère, l’allaitement diminue le risque d’hémorragie du post partum mais aussi le risque de cancer du sein et de l’ovaire avant la ménopause.
En conclusion, le choix du mode de nutrition appartient aux parents, il convient donc qu’ils soient bien informés sur les avantages et inconvénients comparés des différents modes de nutrition infantile. La promotion actuelle de l’allaitement maternel par l’OMS, le PNNS français et les maternités engagées, apparaît donc largement justifiée au vu des avantages médicaux de l’allaitement. D’autres mesures pourraient encourager les mères à choisir l’allaitement : un congé maternité moins court, des salles dédiées à l’allaitement dans les centres commerciaux…
Pour plus d’informations :
– Document élaboré par le PNNS (programme National Nutrition Santé) http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/allaitement.pdf
– Le fonds documentaire de la leche league (association de promotion de l’allaitement maternel et du maternage) http://www.lllfrance.org/