L’accueil des nouveaux venus en Islam
Grâce à Dieu, chaque jour de nouvelles personnes découvrent et approfondissent leurs connaissances de l’Islam. Certaines décident de rejoindre notre communauté en prononçant la profession de foi, décision qui peut parfois créer des incompréhensions voire de la crainte de la part de leurs proches.
Comment accompagner ces nouveaux musulmans afin que ce pas décisif dans leur cheminement soit vécu dans les meilleures conditions possibles ?
Pour répondre à cette question et d’autres qui en découlent, psm-enligne.org est allé à la rencontre de François Le Moulec, de Rennes, qui accompagne des nouveaux musulmans depuis plusieurs années.
Vous développez une activité autour de l’accueil et de l’accompagnement des nouveaux musulmans. Pourriez-vous nous présenter cette activité ?
Chaque semaine des personnes de tous âges et de toutes conditions embrassent l’Islam. Il nous semble important d’accompagner celles et ceux qui le souhaitent dans leur cheminement spirituel, les conseiller et les orienter pour une meilleure connaissance de l’islam, pour les prémunir contre les influences extrêmes ou sectaires et pour répondre à leurs questions spécifiques, dans une démarche simple et fraternelle en favorisant leur épanouissement au sein de la communauté musulmane. L’Islam est un vaste océan : on peut s’y épanouir, mais on peut aussi s’y perdre si on n’est pas accompagné et guidé un tant soit peu.
Vous savez, à l’époque du Prophète Mohammed (paix et salut sur lui), lorsqu’une personne entrait en Islam, il désignait souvent l’un de ses compagnons pour l’accompagner et lui enseigner les bases de l’Islam. C’est le principe de l’accompagnement prophétique (Sohba).
Quels sont les écueils ou les difficultés rencontrés par les nouveaux venus en Islam (NVI) ?
Pour beaucoup de NVI, internet et les réseaux sociaux sont des moyens privilégiés pour apprendre leur religion. Mais comme vous le savez on y trouve le meilleur, mais aussi le pire malheureusement. C’est pourquoi nous invitons les NVI à venir dans notre centre-mosquée pour nous rencontrer et échanger dans une véritable relation humaine.
Il existe aussi des questions spécifiques aux “convertis” qui peuvent leur causer des difficultés : la relation avec leurs parents, leur famille, les amis, les collègues … Riches de notre propre expérience, puisque nous sommes passés par le même cheminement, nous essayons de les conseiller sur ces interrogations.
Vous évoquez les parents des NVI. Les rencontrez-vous également ?
Nous accueillons aussi les parents des NVI qui le souhaitent afin de faciliter la communication entre eux. Certains parents nous sollicitent pour cela. Nous aidons à apaiser les tensions qui peuvent exister.
Je crois qu’ils sont rassurés par notre accueil et certains nous demandent d’accompagner leur fille ou leur fils.
En pratique, comment procédez-vous ?
Deux fois par mois, nous organisons une rencontre dédiée aux nouveaux venus en Islam au sein de notre centre-mosquée. On s’assoit sur le sol en cercle. C’est une assise. La rencontre débute et finit toujours par une séance de dhikr (méditation spirituelle, rappel de Dieu). Ensuite nous traitons un sujet selon leurs demandes et nous échangeons.
Tous les trimestres nous organisons une rencontre conviviale autour d’un repas. C’est très chaleureux. Cela permet de mieux nous connaître et d’approfondir les liens.
Ces rencontres sont-elles le seul moyen ? Permettent-elles de répondre à toutes leurs attentes ?
Non, bien sûr. Il y a souvent des demandes particulières. Ou bien des personnes qui ne souhaitent pas être en groupe. Pour celle ou celui qui le souhaite, nous proposons de l’accompagner individuellement dans son cheminement. Il s’agit de répondre au plus près à ses questions et ses besoins propres. Il peut s’agir de l’apprentissage des ablutions ou de la prière ou bien de questions plus personnelles d’ordre spirituel ou d’ordre social. On s’adapte.
Quel bilan tirez-vous de ces actions ?
C’est vraiment très enrichissant. L’équipe des accompagnants en retire autant de bénéfices que les NVI. C’est vraiment merveilleux à chaque fois de voir comment Dieu guide les âmes. Certains viennent de familles complètement athées où personne ne leur a parlé de Dieu !
Avec certains, nous nouons une relation profonde qui perdure. Certains sont devenus accompagnants à leur tour ou s’engagent dans d’autres activités de la mosquée ou l’association.
Quand on les voit venir ensuite prier à la mosquée, qu’ils y ont trouvé des amis avec qui ils continuent de cheminer, c’est un succès pour nous.
Comment se décline cette activité durant le mois du Ramadan ?
Avant le mois de Ramadan, nous faisons toujours une séance sur ce thème : son sens profond, comment bien en profiter spirituellement, socialement … et sur les aspects pratiques. Pour certains, il s’agit de leur premier Ramadan et ils se posent beaucoup de questions.
Pendant le Ramadan, l’objectif est que les NVI participent aux activités que propose la mosquée ou l’association, avec les autres. Ils doivent se mélanger, faire sauter les barrières qui peuvent exister. Donc, nous préférons ne pas ajouter d’autres activités “spéciales NVI”.
Comment voyez-vous la place et le rôle des nouveaux musulmans dans les mosquées en France ?
Trop souvent, nous avons une attitude un peu condescendante envers les “convertis”. Nous pensons qu’il faut tout leur enseigner et que, eux, n’ont rien à nous apprendre.
Bien au contraire, les NVI ont été “choisis” par Dieu. Les compagnons n’étaient-ils pas tous des convertis ?!
Ils ont beaucoup à nous apporter sur le plan du cheminement spirituel. De plus, ils connaissent très bien le contexte de cette société, son histoire, sa culture … Ils possèdent des clés pour comprendre les blocages profonds de nos concitoyens vis-à-vis de la religion et de l’islam en particulier. Ils sont d’un grand apport pour l’Appel à Dieu (da3wa).
Dans nos rencontres, nous faisons attention à nous positionner d’égal à égal. Il n’y a pas de professeur ni d’élève. Chacun apporte à l’autre.
D’ailleurs, un peu après le mois de Ramadan nos NVI vont organiser un événement dans notre centre autour du documentaire “Salam”.
Un dernier conseil ?
Nous ne pouvons qu’encourager vivement à mettre en place un véritable accueil et accompagnement des NVI dans chaque mosquée.
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