Covid 19, simple crise sanitaire ou nécessaire changement de paradigme ?
Avec le coronavirus émerge une étape que beaucoup qualifient d’inédite dans l’histoire de l’humanité, où tous les citoyens du monde s’interrogent sur leur existence et interrogent profondément le modèle qui préside aux destinées du monde et qui en fixe l’horizon.
Il y aurait donc comme un mystère au cœur de cet “infiniment” petit qui vient éclairer et révéler la “boîte noire” des paradigmes, “infiniment” sûrs d’eux-mêmes et dominateurs, qui gèrent le monde et ce d’une manière totale et radicale.
1 – Contrairement aux enseignements des crises qualifiées de financières (notamment celle de 2008) qui ont suscité une interrogation sérieuse rapidement étouffée, il semblerait que nous soyons face à une critique qui appelle une rupture de modèle, une nouvelle sémantique et une autre politique de civilisation.
Cette rupture axiale dans les fondements et finalités est nécessaire existentiellement pour faire passer l’humanité à un autre stade et l’installer sur un autre orbite que celui où le modèle dominant jusqu’à présent l’a durablement et violement fixée.
Cette crise est la chance pour l’humanité d’opérer en elle le changement et de réaliser un bond qualitatif à tous les niveaux.
2 – cette séquence particulière a le mérite de faire sortir de l’ombre, d’une manière aussi éclatante que brutale, la réalité d’un modèle dont l’essence est la “volonté de puissance” et dont les racines profondes s’articulent autour de l’ignorance et de la violence. L’ignorance du sens et son corollaire la violence, sur l’homme et son environnement.
L’état du monde tel qu’il se révèle à l’aune de cette crise fait surtout rappeler le besoin de la fonction critique. Car la critique comme questionnement commence là où les choses ne vont plus de soi, là où ce qui était pour le monde évident cesse de l’être.
Pour qu’elle soit féconde, cette critique doit réunir trois caractéristiques :
Elle doit être à la fois totale, radicale et vitale.
3 – Exercer son esprit critique est le premier acte de résistance pour faire preuve de discernement face à un phénomène qui agit comme un fait social total à partir d’une définition de l’homme et d’une finalité purement matérialiste qu’il assigne à l’existence.
Ce moment, que nous le voulions ou non, est celui de la critique radicale, celui où l’humanité mise au pied du mur et au seuil de la mort, où les choix entre différents possibles se clôtureront, elle doit changer ou mourir, se renouveler ou périr, s’affranchir par l’éducation et la politique ou rester l’otage d’un joug idéologique pesant et dangereux.
Cette critique doit être radicale en ce sens qu’elle devrait non seulement viser les racines du problème et aller jusqu’au fond des choses mais surtout qu’elle devrait décaler la perspective vers l’esprit, la conscience, la perfection, l’absolu, Dieu.
4 – Cette critique comme capacité de penser, de juger et d’insoumission doit être totale car force est de constater que l’humanité vit depuis longtemps sous l’emprise de l’idéologie du marché et de sa domination totalitaire sur les sphères politiques, sociales et culturelles par la violence et la séduction.
Or le monde, outre sa vérité matérielle désormais dominée par l’impérialisme de l’économique, a encore et toujours une valeur spirituelle, un sens et une dignité imprescriptible.
Cette réalité fait que la marche du monde est imprégnée d’un imaginaire coupé de Dieu, qui exclut toute référence aux valeurs spirituelles et débouche sur un malaise dans la civilisation et une crise sociale, environnementale et aujourd’hui existentielle qui ne cesse de s’approfondir.
5 – Enfin, cette critique doit être vitale en ce sens qu’elle a une portée infiniment pratique et que ce qui la suscite c’est d’abord un sentiment de responsabilité et de devoir et non un intérêt purement spéculatif. Car il est question non seulement de l’état du monde, mais de notre vie, de notre mort, du sens de notre passage sur Terre, de la valeur de ce que nous léguerons comme héritage, de ce que nous laisserons comme trace et de ce que nous construisons pour notre vie dernière, pour notre destinée personnelle auprès de Dieu…
Très bon article, que Dieu en récompense son auteur.
Mohammed said Ramadan Al-Bouti (que Dieu lui fasse miséricorde) a écrit dans son livre “Vers la civilisation humaine” :
(c’est une traduction aux éditions Dar El-Fikr – Damas) :
“Nous pouvons définir la civilisation comme étant le fruit de l’interaction entre l’Homme, l’univers et la vie”,
c’est ce qui constitue un paradigme de civilisation.
Dès lors, il serait utile de décrire le paradigme actuel dominant, par exemple à partir de la pensée de Descartes :
L’Homme réduit au dualisme corps/âme en opposition à la triade “Spiritus, Anima, Corpus” de l’Antiquité,
puis réduit à sa raison par le “cogito” “Je pense donc je suis”
« nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » en ce qui concerne la conception de l’univers, …
Et surtout de définir ce “nouveau paradigme” à faire émerger, et comment l’incarner, le projeter sur le monde.
Que Dieu nous abreuve de Sa Miséricorde.