Prise d’assaut de la mosquée Al Aqsa : Un drame qui perdure
La Palestine continue de vivre des heures difficiles.
L’escalade de la violence s’est amplifiée au cours des derniers jours semant davantage de violence, d’humiliation et de répression. Et malheureusement, ces nouveaux crimes ne surprendront que ceux qui s’obstinent à nier la réalité d’un processus mortifère qui perdure depuis la déclaration de Balfour de 1917.
Dans la nuit du mardi au mercredi 5 avril 2023, les forces d’occupation israéliennes ont pris d’assaut l’esplanade des mosquées et ont violemment agressé les fidèles qui priaient dans l’enceinte de la mosquée (Al qibli) avant de les expulser en leur lançant des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes, ce qui a fait des centaines de blessés, hommes et femmes et plus de 350 interpellations.
La mosquée Al Aqsa de Jérusalem (Al Qods), troisième lieu saint de l’Islam, continue ainsi d’être le théâtre de pratiques criminelles contre des lieux sacrés hautement symboliques pour l’ensemble des croyants et contre des civils palestiniens qui ne font que revendiquer leurs droits citoyens les plus essentiels : leur liberté et le respect de leur dignité.
Cette nouvelle agression, qui survient en plein mois sacré du Ramadan, constitue un nouvel épisode d’une série de violences et de violations des droits du peuple palestinien qui vise le nettoyage ethnique de l’Esplanade des mosquées, l’effacement de la mémoire et la mutilation à vif de l’histoire de cette région, au nom d’un projet suprématiste agressif et d’un système d’apartheid brutal.
Ces attaques viennent rappeler la réalité plus globale de la détérioration dramatique et continue de la situation dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem Est, notamment avec la politique des destructions des biens et d’expulsion des familles palestiniennes de leurs maisons dans les quartiers de Cheikh Jarrah et Silwan, pour ne citer que ces exemples récents.
C’est une réalité que les grandes puissances du monde choisissent d’ignorer et de mépriser, par calcul et complaisance avec le processus d’occupation des territoires palestiniens spoliés. Pourtant, ces actes constituent des violations flagrantes du droit international et des dispositions qui appellent au respect du statut quo historique des lieux saints, au respect du caractère sacré de tous les lieux de culte.
Néanmoins, il est important de souligner que malgré le rapport de force écrasant en faveur de la puissance d’occupation, les Palestiniens refusent de capituler et continuent de puiser dans leur foi, dans leur histoire et leur mémoire, la force de résister et de tenir debout.
Si le but de la guerre est donc, comme l’écrivait Carl von Clausewitz, « de contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté », sur ce plan-là au moins, Israël a échoué.
Aujourd’hui et plus que jamais, il est de notre devoir de maintenir cette aspiration à la justice qui s’exprime en Palestine vivante et de préserver la volonté de ne pas compromettre notre conscience sous le poids des rapports de force, qui travaillent autant sur la compromission des consciences que sur la destruction des droits des peuples.
Préserver sa conscience, entretenir la mémoire, s’informer et transmettre l’histoire deviennent des actes de résistance contre les projets qui alimentent l’oubli et la corruption.