De mère à fille
Elle avait bien grandi ma petite princesse. Elle était maintenant une belle adolescente qui commençait à poser des questions très pertinentes. Je m’étais toujours interdit de laisser les enfants sans réponses lorsqu’ils me questionnaient sur un sujet. Les questions parfois étaient gênantes ou complexes mais je faisais toujours en sorte d’y répondre. J’étais maman et c’était aussi là mon rôle.
Alors que nous nous baladions un après-midi dans un parc, nous passions près d’un banc où se trouvait une dame âgée accompagnée d’un enfant. La question ne se fit pas attendre :
« Maman, que représentent les rides sur le visage d’une femme, pourquoi le visage de grand-mère est-il ridé » ?
« Les rides sur le visage d’une personne âgée sont la preuve qu’elle a vécu, qu’elle a ressenti des émotions, qu’elle a aimé et qu’elle en a gardé des traces. Les rides de ta grand-mère sont son histoire. Chacune des rides qui la marquent est un signe du temps écoulé mais également le signe de toutes les épreuves qu’elle a dû endurer ».
« Les rides du visage de grand-père racontent-elles les mêmes choses» ?
«Oui, mais différemment ! Il a aussi eu son lot d’épreuves et de tracas dans la vie. Mais ils vivent les choses de façon différente parce qu’un homme et une femme sont différents. La femme a une certaine sensibilité et une fragilité propre à sa nature. Le visage ridé d’une femme, tu le comprendras ma chérie en grandissant est la preuve qu’elle a donné, qu’elle a offert, qu’elle a sacrifié. Être une femme, une mère, une épouse, une sœur …sera pour toi, comme ça l’a été pour ta grand-mère, des responsabilités et des défis à relever» ?
« Les défis de toutes les femmes sont-ils les mêmes » ?
« Pas tout à fait ! Selon le contexte, l’époque et le pays dans lequel vivent les femmes, leurs défis divergent. La femme est un pilier dans son environnement, dans sa famille et dans son milieu. Elle éduque, elle offre sa douceur, son écoute et sa patience. Elle aime de tout son cœur et souffre parfois de grands malheurs. Elle reste pourtant debout et les larmes qu’elle laisse couler sont un remède à ses souffrances et ne lui servent qu’à mieux donner et à mieux aimer. Elle relève des défis qu’un homme ne peut faire pour elle. Notamment celui d’être acceptée comme elle est, d’être aimée pour ses idées et pour sa personnalité et non seulement pour le corps qu’elle représente ».
« Dieu a-t-Il créé la femme pour souffrir » ?
« Non, Il a créé l’être humain pour être éprouvé et la souffrance n’est que le signe de Son amour pour Ses créatures. La souffrance est juste différente que l’on soit homme ou femme et elle est vécue différemment selon la personne que nous sommes mais elle existe et elle fait partie de la vie. La souffrance d’une femme parfois n’est pas entendue mais elle doit être exprimée pour qu’elle ne soit pas la cause d’un mal-être. Dieu a donné à la femme une place importante. Elle éduque les hommes et elle porte sur ses épaules de bien grandes charges. Elle vit d’extrêmes douleurs mais aussi de grandes joies, et parfois les deux sentiments ensemble »
« Les deux sentiments ensemble » ?
« Oui ! Comme le jour où elle met au monde son enfant. Son corps souffre et son cœur se réjouit. La douleur et la joie en même temps dans un moment ultime qui la changera à vie. Devenir mère est un moment important dans la vie d’une femme ».
« Tu penses que grand-mère a été heureuse dans la vie » ?
Moi : « Bien-sûr ! Elle a vécu des épreuves difficiles dont la mort, la séparation et la maladie mais elle est une femme d’une très grande piété. Sa croyance en Dieu et sa patience dans la récompense divine l’ont aidée, et elle a traversé ses épreuves avec force et courage parce que la foi est la source où elle puise la force d’avancer et c’est elle qui lui permet de rester debout. Ta force résidera dans la foi ma chérie. Parce qu’avec la foi et la conviction que les épreuves sont un signe de l’amour de Dieu pour toi, tu pourras tout supporter. Tu pourras continuer le difficile chemin de la vie même dans les moments qui semblent assombrir ton horizon, il y aura toujours cette espérance en des jours meilleurs. Le croyant ne désespère jamais de la miséricorde de Dieu ».
Les réponses apportées semblaient faire écho dans le cœur de cette petite fille que j’avais pris soin d’éduquer dans la foi en un Dieu unique. Je la regardais souvent avec une petite pointe d’inquiétude en me demandant comment elle pourrait grandir et s’épanouir dans un monde où la femme n’était qu’un objet de désir. Et puis dans ces moments là, je puisais en ma mère l’exemple de la confiance en Dieu, la conviction qu’Il protègerait mes enfants, qu’Il (exalté soit Son nom) serait auprès d’eux et les guiderait pour qu’également à leur tour, ils soient patients face aux épreuves et confiants en une miséricorde divine infinie qui éclaire les nuits les plus sombres et les jours les plus douloureux !
Discussion fictive de cœur de mère à cœur de fille