Avant de perdre son être cher
Histoire fictive inspirée d’un groupe de parole sur la vie de couple
Enveloppée dans son linceul blanc immaculé, je l’observe comme si pour la première fois je la voyais. Elle ne m’a jamais semblé aussi belle que maintenant. Mes larmes coulent depuis qu’elle m’a quitté. Elle est là et je ne peux plus lui dire….
Son visage est lumineux, d’une blancheur venue d’ailleurs. Mon épouse est sans vie. Je repense à tous nos bons moments, mais ce sentiment est vite rattrapé par tous ces instants où je ne l’ai pas comprise, toutes ces fois où je l’ai négligée ou délaissée.
J’ai l’impression qu’un voile s’est levé et que maintenant je comprends. Je comprends que toutes les fois où elle me parlait, me regardait, me souriait et même me faisait des reproches, n’étaient qu’une façon de m’aimer.
Je le comprends maintenant qu’elle est partie. Elle voulait mon bien et me rappelait sans cesse la vie dernière. Aux heures de prières, elle me le disait ou simplement priait devant moi afin que cela soit pour moi un rappel. Elle ne voulait et n’aspirait qu’à la proximité divine et partageait avec moi ce sentiment et tout ce qui l’a marquée d’un point de vue spirituel. Elle voulait pour moi le Paradis et jamais je ne lui ai dit « merci ».
Le Prophète, paix et salut de Dieu sur lui, ne disait-il pas : « La vie est pleine de jouissances et la meilleure des jouissances terrestres est la femme pieuse. »[1] ?
Elle était douce et tendre envers moi mais je ne voyais que ses colères et ses reproches. Je ne voyais d’elle que ses défauts alors qu’elle avait tant de qualités.
Elle n’est plus aujourd’hui et je voudrais lui dire comme je suis désolé. Elle savait me pardonner mon comportement même lorsque j’avais été injuste envers elle. Je la négligeais en rentrant d’une dure journée de travail, m’isolant et lui demandant de me laisser car j’étais fatigué, mais je ne comprenais pas qu’elle n’attendait qu’une chose : mon retour afin d’être près de moi.
Elle savait revenir vers moi, même lorsque je lui tournais le dos plusieurs jours. Je n’arrivais pas à lui dire comme je l’aimais, par honte ou à cause d’une fichue fierté. A quoi me sert-elle donc aujourd’hui ? Aujourd’hui qu’elle n’est plus là, je me retrouve avec moi-même et je ne vois plus d’elle que ses qualités alors que je suis face à mes propres défauts et faiblesses.
Elle m’avait tant de fois irrité mais combien sont nombreuses les fois où elle m’avait fait rire.
Elle m’avait mise hors de moi à de nombreux moments mais elle savait toujours se rattraper. J’ai été ingrat et aveugle devant la beauté de son âme. J’ai préféré ne rien faire de peur de l’échec, préféré ne rien dire de peur de m’en trouver ridicule.
Et maintenant dans son linceul, j’aurai voulu lui dire comme elle m’a apporté. Comme elle me manque et comme je l’aime. Elle a fait de moi la personne que je suis. Elle a fait de son mieux pour que je sois heureux et je n’ai pensé qu’à ma propre personne. Elle était un rayon de soleil dans ma maison et maintenant elle n’est plus là.
Elle attendait de moi une attention, une écoute attentive et une présence mais j’avais tant à faire. La course effrénée de la vie me dépassait. Pourtant, elle attendait sans jamais se lasser. Elle revenait vers moi et je ne la voyais pas. Elle m’agaçait, m’irritait, me demandait beaucoup. Enfin, c’est ce que je pensais mais maintenant qu’elle n’est plus, je me rends compte qu’elle demandait tellement peu. Elle ne désirait pas monts et merveilles, juste mon amour et ma bienveillance. Aujourd’hui, je voudrais les lui donner mais il est trop tard….
J’éclate en sanglots et me noie dans mes regrets et puis tout d’un coup, au plus profond de mon âme, je l’entends me dire qu’elle me pardonne. Je relève la tête et regarde ce corps inerte. Tout son être me dit qu’il me pardonne et je retrouve bien ici cette grande qualité dont elle faisait preuve chaque jour. Le pardon qu’elle savait offrir à chaque être qu’elle rencontrait. Cette capacité d’aimer et de tourner la page était un don de Dieu qu’elle m’avait laissé et je me promettais aujourd’hui de vivre au plus proche de ses qualités afin qu’elle en reçoive une récompense auprès de son Seigneur.
Comme nous l’a enseigné notre Prophète, paix et salut de Dieu sur lui : « Quand le fils d’Adam meurt, son œuvre s’arrête sauf dans trois choses : une aumône continue, une science dont les gens tirent profit, et un enfant pieux qui invoque pour lui »[2]
[1] Hadith rapporté par Muslim
[2] Hadith rapporté par Muslim, selon Abu Hurayra
Article magnifique et bouleversant de vérité.
Merci pour ce rappel.
extraordinaire machallah tellement réaliste mon cœur à été toucher par chaque mots barakallah oufik
SubhanaLlah qu’Allah nous ouvre les yeux avant qu’il ne soit trop tard.. Nous devons nous rappeler de la mort chaque jour car c’est ce qui nous attend tous et elle vient nous surprendre lorsque l’on s’y attend le moins.. Histoire très touchante et trop vraie.. Rappelons nous la mort chaque jour afin de ne pas gâcher le temps qui nous est accordé.. Allahuma amin