Les accusatrices de Tariq Ramadan vont-elles se transformer en accusées ?
Ce dossier regroupe un ensemble de faits sur les plaignantes accusant Tariq Ramadan de viol. De nombreuses enquêtes à charge ont été faites dans la presse. La justice et les médias ne peuvent respirer qu’avec deux poumons. Nous rétablissons ici la balance. Enquête.
Les éléments d’incohérences et de zones d’ombre sur les profils, les actes et les contacts de chacune doivent être pris en compte et relevés pour pouvoir s’interroger sur cette affaire. La majorité des médias français se sont occupés de la culpabilité médiatique de Tariq Ramadan et peu concernant les plaignantes. Nous retranscrivons ici tous les faits énumérés par les médias mais aussi par les plaignantes elles-mêmes.
Paule-Emma A. – « Christelle »
Une militante d’extrême droite affirmant avoir été violée par Tariq Ramadan, a pourtant émis des incohérences lors de ses interrogatoires auprès des enquêteurs, dont une description de la chambre d’hôtel voisine à celle où elle se trouvait au moment du viol rapporté et où elle y décrivait un couple en train de se disputer, or l’enquête confirmera que les chambres voisines étaient vides ce jour-là. Des contradictions également dans les dates des faits qu’elle reproche, justifiant à la juge: « Je buvais du rhum à ce moment, je vous le dis franco, donc il ne faut pas me demander des dates ».
L’analyse des emails de l’accusatrice va également divulguer des relations troublantes avec l’une des principales détracteurs de Tariq Ramadan, en y décrivant « avoir subi des pressions en 2010 des renseignements généraux », « que ses comptes bancaires ont été bloqués car Caroline Fourest lui aurait envoyé les Renseignements Généraux pour porter plainte contre TR » et donc par obligation financière avoir été « forcée » de déposer plainte.
Dans ces mêmes emails les enquêteurs découvriront un message citant : « que le président de la République est prêt à lui payer le meilleur avocat de France pour déposer plainte contre Monsieur Ramadan, puisque le président veut le chasser. (…) »
D’autre part, Paul-Emma sur les réseaux sociaux insiste beaucoup sur son statut d’handicapée et dit, je cite « Il risque 20 ans de prison car je suis handicapée certifié par la Mdph » or les documents médicaux récupérés par les services de police ne font état que d’une « suspicion » de MST et d’une crise d’hémorroïdes. Selon son dossier médical, elle souffrirait d’une algodystrophie à la cheville, une maladie osseuse qui n’a été diagnostiquée qu’un an plus tard, en novembre 2010 par le docteur Sautier. Paule-Emma A. a pourtant assuré dans le cadre de l’enquête que celle-ci lui aurait été « diagnostiquée avec certitude en 2009. »
Autre point intéressant, Paul Emma sur les réseaux sociaux notamment sur sa TL, fermée depuis le passage de Maître E. Marsigny sur Europe 1, est souvent très agressive envers les musulmans et l’islam et twitte des propos à teneur sexuelle.
Henda Ayari, décrite par ses propres témoins comme mythomane.
Henda Ayari qui accuse Tariq Ramadan de viol avec violence survenu, selon elle le 31 mars 2012, continuera à contacter Tariq Ramadan à plusieurs reprises en lui envoyant notamment des messages à caractère sexuel : « Je sais que tu ne seras jamais amoureux de moi mais bientôt tu seras entre mes cuisses », où encore,« « Bon je te propose un week-end complet. Tu m’invites dans un hôtel sympa. Si possible avec grande baignoire. On va kiffer tout le week-end. »
Elle déclare également aux enquêteurs :« J’avais le sentiment de ne pas avoir été à la hauteur lors de notre première rencontre. Je voulais garder le lien avec M. Ramadan, mais je ne sais pas pourquoi ! (…) Je reconnais que j’étais un peu instable psychologiquement à cette époque. Je n’étais pas au mieux ».
Dans le dossier d’enquête consulté par Le Point, on y découvre également le témoignage d’une amie de Henda Ayari, Malica, qui l’aurait hébergée le weekend où les faits se seraient déroulés et déclarant : « [Henda Ayari] semblait dans son état normal, épanouie », « Elle ne m’a jamais dit qu’elle avait été violentée par M. Ramadan ni agressée sexuellement. Elle n’avait pas de trace suspecte lorsque je l’ai vue le lendemain de sa rencontre avec lui. Si elle m’avait dit qu’il s’était passé quoi que ce soit ou si j’avais constaté quoi que ce soit, j’aurais réagi ».
Selon l’avocat de la défense, Me Marsigny, Henda Ayari aurait menti lors de l’enquête, se trompant sur la date à laquelle le viol aurait eu lieu et indique que ses propres témoins l’auraient décrite comme mythomane.
Sur les réseaux sociaux et notamment sur twitter, Henda Ayari engage des propos confus sur le rejet de l’islam et des associations se rapprochant de discours de l’extrême droite, comme : « Ce que vous avez du mal à comprendre c’est que le voile est devenu le porte-drapeau des islamistes un sorte de baromètre qui permet de donner une idée précise du taux de propagation de leur doctrine sectaire qu’on appelle islam politique ou encore islamisme…».
Entre juin et août 2014, donc après le viol présumé, nous apprenons dans les médias qu’elle aurait envoyé plus de 200 messages à Tariq Ramadan alors que sa défense avait affirmé qu’elle aurait coupé les ponts avec lui en 2013. Consultés par le Parisien, il n’est jamais question précisément du viol et des agressions dont Henda Ayari dit avoir été victime dans ces messages. Au cours d’un échange, elle écrit néanmoins qu’à l’époque des faits dénoncés, des «parasites extérieurs» lui ont demandé de témoigner contre Tariq Ramadan, un texto versé au dossier citant : « À l’époque, je n’étais pas bien et instable psychologiquement à cause de mes blessures du passé. Je regrette mon comportement et surtout d’avoir été influencée par des parasites extérieurs contre toi malgré tout. Je ne pourrai jamais t’oublier et j’ai de l’affection et de la bienveillance pour toi et je sais que toi aussi ».
Enfin d’après l’AFP : « Un fonctionnaire assermenté a produit une attestation dans laquelle il accuse Henda Ayari de l’avoir menacé d’une plainte pour viol, après avoir repoussé ses avances. Il dit avoir rencontré Henda Ayari en mars 2013, alors qu’elle cherchait à obtenir des conseils juridiques dans le cadre de problèmes professionnels. Quelques jours après, elle voulait me revoir, me disant avoir besoin de “réconfort”. J’ai indiqué être marié, elle insistait, je refusais ses avances», dit ce témoin dans son attestation. « Elle m’a menacé de porter plainte pour viol si je n’acceptais pas une relation sexuelle avec elle, me harcelant des jours durant ».
Toutes ces pièces sont versées au dossier auquel Henda Ayari aura à répondre face aux enquêteurs mais aussi dans le cadre des plaintes en diffamation déposées par Tariq Ramadan contre Henda Ayari.
Des contacts avec des opposants de Tariq Ramadan avant de porter plainte
Les 2 plaignantes, Henda Ayari et Paule Emma (Christelle) se connaissaient malgré avoir affirmé le contraire aux enquêteurs. Elles n’ont eu aucun contact pendant 6mois (6 mai 2017 au 6 Novembre 2017) avant la première plainte de Henda Ayari. Mais, toujours d’après le procès verbal, l’enquête a montré qu’elles s’étaient parlé plusieurs années auparavant. Elles ont donc tout deux mentit lors des premiéres auditions à ce sujet. On observe cependant dans les relevés téléphoniques (selon le procès-verbal) plus d’une centaine de communications pour chacune d’elle vers Fiametta Venner, la compagne de Caroline Fourest qui avouera avoir utilisé cette ligne et un quatrième numéro appartenant à la présentatrice de beur FM.
Caroline Fourest et un autre détracteur de Tariq Ramadan, Antoine Sfeir, auraient mis en contact Paule Emma et le juge Michel Debacq, ex-patron de la section antiterroriste du Parquet de Paris et actuellement avocat général à la Cour de Cassation. Selon les déclarations de Michel Debacq au JDD, “ce rendez-vous avait été provoqué à l’initiative d’un de ses amis politologue“. Michel Debacq dit avoir “vivement pousser” la future accusatrice à porter plainte. Pour information, Michel Debacq est un magistrat proche de la politique et du parti socialiste de 2012 dont fait partie à cette époque Manuel Valls (ami de Caroline Fourest).
Selon l’AFP les enquêtes sur l’affaire auraient démontré que les 2 plaignantes Henda Hayari et Paule Emma auraient été en contact avec plusieurs détracteurs de Tariq Ramadan.
Un vocabulaire particulier et des annonces de plaintes avant qu’elles ne soient déposées
Lors de l’accès au dossier, Le Point avait mis en lumière des pièces importantes du dossier. Notamment, la mise en relation de Paule Emma avec Caroline Fourest :
Quatre jours après les faits déclarés par Paule Emma en octobre 2009, une certaine Denise est rencontrée sur un blog belge contre Tariq Ramadan et va inciter Paule Emma à contacter Caroline Fourest. On y aperçoit alors un langage particulier dans leurs échanges : « Pour déclarer la guerre à cet homme, [il faut] être plus de trois personnes » ou encore détenir «un plan imparable » contre Tariq Ramadan.Si l’objectif est de réclamer une justice pour des actes de viols subis, le langage utilisé lors de ces échanges s’apparente plus à la volonté de nuire s’écartant d’une plainte pour viol.
D’autre part, deux plaintes ont été annoncées sur les réseaux sociaux avant d’être déposées et relayées par les medias. Celle de la suissesse par Paul-Emma et celle de Mounia par Jean-Claude Elfassi.
Pour Mounia, Jean-Claude Elfassi twitte à un soutien de Tariq Ramadan, environs 48h avant le dépôt de plainte : « Patiente encore quelques jours, je vais mettre tout le monde d’accord sur le cas @TariqRamadan (…) » et le jour de la plainte « Tu vois qu’il faut être patiente quand je dis, je fais (…)» Et encore « Ma parole a de l’impact puisque toute la presse reprend mon info ou devrais-je dire vole mes infos. »
Rappelons que Jean-Claude Elfassi est sous le joug de plusieurs plaintes pour diffamation et calomnie notamment certaines dans le cadre du dossier Tariq Ramadan.
Pour la plainte de Suisse, Paul-Emma twitte, la veille du dépôt de plainte : ”mais mais vous êtes fou ou quoi ? Fallait pas l’énerver, non pas elle…au secours ! Pourquoi, vous avez raconté des salades sur elle, etc? Non pas elle…” “tic tac tic tacJ…le compte à rebours est lancé…fallait mieux t’entourer GROS ! #GameOverMan surprises à venir”.
“Game over”, “Mettre tout le monde d’accord”, “ma parole a de l’impact”, “Quand je dis je fais”… des champs lexicaux plus que curieux que nous ne commenterons pas. Aux lecteurs de lire et de se faire leur avis.
Mounia – « Marie »: Argent, mensonges, chantages et menaces.
La 3eme plaignante Mounia (Marie) aurait, selon les déclarations de son frère Mohamed, monté cette affaire sans scrupule pour un gain financier. Son frère, Mohamed R. l’interrogea sur ses motivations à porter plainte contre Tariq Ramadan ce à quoi elle répondit : «Pour l’argent, voyons!»
Dans une conversation par message que Mohamed fournit aux enquêteurs, on y aperçoit qu’une aide financière, inconnue à ce jour, lui aurait été fournie pour porter plainte contre Tariq Ramadan: « j’ai perçu une certaine somme d’argent pour affronter cette bataille.», décrit-elle dans la conversation.
Nous prenons compte de certains éléments descriptifs sur le dossier et sur d’anciennes affaires :
- un message important de sa propre sœur adressé à Tariq Ramadan en 2014 sur LinkedIn : « Comme elle l’a fait avec DSK (elle a vendu son histoire au journaliste pour 8 000 euros), elle fera la même chose pour vous. Elle me la dit. »
- les incohérences et « une crédibilité sujette à caution » selon la justice pour l’affaire du Carlton où les juges avaient perçu les mensonges dans ses déclarations : « À quel moment dites-vous la vérité ? », lui avait demandé l’un des juges lors du procès.
- son appartenance passée à une organisation d’escroquerie financière dans les assurances à Lille dont les préjudices s’élevaient à plus de 100 000 euros.
A cela s’ajoutent des menaces directement proférées par Mounia et Jean Claude Elfassi contre Mohamed, sa compagne et leur fille sur Internet et par Whatsapp par Mounia : «Comme tu m’as fait on te fera, et là tu verras comment ça fait mal quand on touche aux enfants».
L’avocate de Mohamed dénonce que son client subit les répercussions de vouloir mettre « en lumière l’appât du gain de la plaignante compte tenu de la notoriété du mis en cause ».
De nombreuses interrogations se propagent lorsque l’on se penche sur le profil de la plaignante Mounia, de ses messages agressifs sur les réseaux sociaux (Twitter) envers son frère et les défenseurs de Tariq Ramadan mais aussi de son rapport à l’argent dans cette affaire.
Une enquête en cours
Observant ces fils entrecroisés partant des relations avec les opposants de Tariq Ramadan aux incohérences des accusatrices, de scènes sur les réseaux sociaux à la création de faux comptes et aveux de mensonges, cette affaire est loin d’une simple accusation de viol en raison des personnes concernées.
Malgré tout cela, la justice a le devoir de prendre en compte tous les éléments factuels du dossier d’enquêtes et en toute impartialité. Jusqu’à présent, le déroulement des procédures nous apparaît à nous, citoyens, questionnable tant concernant les décisions prises que sur les conditions de détention abusive et du non-respect de la présomption d’innocence de Tariq Ramadan.