Enquête européenne : « il est de plus en plus difficile d’être musulman dans l’UE »
Selon un rapport publié par l’Agence européenne des droits fondamentaux ce jeudi, la moitié des musulmans vivant en Europe déclarent subir des discriminations au quotidien. Les musulmans représentent le 2e groupe religieux de l’UE, avec 26 millions de fidèles, selon les estimations du Pew Research Center.
De chiffres factuels et préoccupants : une personne musulmane sur deux en Europe subit des comportements à caractère raciste. Ce constat ressort d’une enquête menée par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA). La porte-parole de la FRA, Nicole Romain, constate qu’il est « de plus en plus difficile d’être musulman dans l’UE ».
Un musulman sur deux victime de discrimination
L’enquête intitulée « Être musulman dans l’UE » est la troisième enquête européenne sur les descendants d’immigrés. Elle couvre treize pays : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et Suède.
Elle révèle que 47% des musulmans ont été victimes de discrimination au cours des cinq dernières année. Les taux de discrimination les plus élevés sont enregistrés en Autriche (71%), en Allemagne (68%) et en Finlande. (63%).
En France, ce taux est de 39%. L’Espagne et la Suède affichent les meilleurs résultats. La porte-parole de l’Agence (FRA), Nicole Romain, précise que, depuis le 7 octobre 2023, il y a « un pic de haine contre les musulmans ».
Les femmes voilées particulièrement ciblées
L’enquête révèle une « montée en flèche » de la discrimination, particulièrement sur le marché de l’emploi et dans la recherche de logement. Les femmes portant le voile sont plus exposées que celles n’en portant pas et que les hommes.
Selon l’étude, les musulmans sont ciblés « non seulement en raison de leur religion, mais aussi en raison de la couleur de leur peau et de leur origine ethnique ou immigrée ».
« Près de la moitié pensent que leur dernière interpellation était due à un profilage racial » illégal. Ils sont également « trois fois plus susceptibles de quitter l’école prématurément que la population générale ».
Peu de plaintes et de signalements
Les discriminations ont empêché plus d’un tiers des personnes concernées (35%) d’acheter ou de louer un bien immobilier. Très peu (6%) signalent la discrimination ou se plaignent d’incidents, pensant que cela n’entraînerait pas de véritable changement.
Face à ces conclusions « préoccupantes », l’Agence européenne recommande à l’UE de se concentrer sur le racisme contre les musulmans. Un phénomène « aggravé » selon la présidente de la FRA, Sirpa Rautio, « par la rhétorique déshumanisante que l’on observe sur tout le continent ».