Rendre ses parents heureux
L’avion qui l’emmenait vers son pays natal venait de prendre son envol. Le cœur léger, il sentait qu’il faisait là une chose qui le remplissait de joie. Rendre visite à ses parents, prendre quelques jours juste lui et eux. Laissant derrière lui femme et enfants. Quelques jours pour se ressourcer mais surtout quelques jours pour rendre heureux celle qui l’avait enfanté et celui qui s’était tant battu pour leur donner une vie digne et heureuse.
L’avion atterrit après plusieurs heures de vol. Il prit sa valise impatient de les serrer dans ses bras, de sentir l’odeur de sa douce mère, de voir le sourire de son père. Quel bonheur on pouvait ressentir en étant à quelques minutes de voir ses chers parents pensa-t-il ! Ils étaient le bien le plus précieux qu’il possédait sur cette Terre et il avait bien compris qu’être présent pour eux, leur rendre service, les faire sourire, leur donner du temps étaient un chemin vers l’amour du Tout-Aimant.
Il sortit de l’aéroport et fit signe au taxi qui passait près de lui. Regardant par la fenêtre de la petite voiture qui roulait dans la ville qui l’avait vu grandir, il se revit enfant avec sa mère au bord de la plage, se revit sur ses routes tant empruntées pour aller rejoindre son père qui tenait un petit commerce. Comme ces moments me paraissent si loin, comme la vie passe ! Se dit-il.
L’émotion commençait à le submerger lorsqu’il pensa que ceux qu’il aimait ne sauraient être éternels mais il se rassura vite en se disant qu’il devait penser à aujourd’hui et à maintenant. Il voulait que ce séjour soit le plus intense, le plus beau, le plus fort entre lui et ces deux êtres qui avaient été la cause de ce qu’il était aujourd’hui. Il se remémora quelques scènes de son enfance et son impatience de les embrasser se fit plus intense.
Il donna quelques pièces de monnaie au chauffeur de taxi qui s’arrêta devant le domicile familial, il sonna et la porte s’ouvrit sur une femme d’un certain âge. Son sourire et ses yeux remplis de joie le comblèrent de bonheur. La première femme de sa vie, celle qui avait tant enduré, tant patienté, tant supporté. Celle qui avait fait de son mieux avec les outils qui étaient les siens. Il l’embrassa et la serra dans ses bras puis monta avec elle les quelques marches qui les séparaient du petit appartement dans lequel ses parents vivaient.
Ses yeux s’arrêtèrent sur ce père âgé qu’il aimait tant. Quelle merveille que cet homme qui avait été présent à chaque moment de sa vie. Quel cadeau du Seigneur que cet homme qui l’avait éduqué, lui avait donné des leçons de vie, de sagesse chaque fois qu’il le pouvait. Un homme d’une douceur, d’une bonté, d’une honnêteté qui lui avait tant appris. Il lui avait pris la main, lui avait fait confiance dans ses choix, l’avait aidé, conseillé, écouté…
Chaque fois qu’il le revoyait, il se rendait compte qu’il avançait en âge et que sa santé tout doucement se dégradait. Mon cher père comme je t’aime ! Pensa-t-il sans oser l’exprimer parce que chez eux cela ne se disait pas ! Ils s’aimaient mais cela restait à l’intérieur. Ils s’aimaient dans le regard, les embrassades, les gestes mais ne se disaient jamais « je t’aime » Ils n’en avaient pas besoin, ils le savaient. Ils s’aimaient dans les gestes et dans les actes sans avoir besoin de se le dire. Il savait toute la tendresse et l’amour que son père lui portait sans que celui-ci n’ait à l’exprimer, chez eux les mots ne se disaient pas mais l’amour se voyait !
Dès le lendemain matin, il emmena ses parents se promener près de la mer, les invita au restaurant, les aida à aménager plus confortablement leur petit appartement. Le soir, ils se réunirent autour d’un petit repas simple et modeste qu’il leur avait préparé. Repas modeste mais que ses parents aimaient et il les écouta parler de leur jeunesse, de leurs campagnes natales, de leurs bons et mauvais moments et se mettait à rire lorsqu’ils se disputaient sur des dates ou des événements.
Il alla se coucher le soir avec le sentiment du devoir accompli, l’impression de leur rendre un peu de tout ce qu’ils avaient donné et fait pour lui. Mais avait bien conscience que ce n’était pas suffisant. Mais il le faisait avec joie et bonheur car chaque fois qu’il s’occupait d’eux, il sentait se déverser sur lui une pluie de Miséricorde et d’Amour divins qui remplissaient son cœur d’un sentiment de proximité avec Dieu. Il cherchait Sa satisfaction et Son Amour à travers eux parce qu’il était de ceux qui avait entendu que :
« Ton Seigneur a ordonné de n’adorer que Lui. Il a prescrit d’être bon envers ses père et mère. Soit que l’un d’eux ait atteint la vieillesse, ou que tous deux y soient parvenus, étant à ta charge, garde-toi de marquer la moindre répulsion à leur égard ou de leur manquer de respect. Parle-leur toujours affectueusement. Fais preuve, à leur égard, d’humilité pour leur témoigner ta tendresse et dis: Seigneur ! Sois Clément avec eux comme ils l’ont été avec moi, lorsqu’ils m’élevèrent tout petit. » (Coran, Voyage Nocturne, verset 23)