Ahmet Ogras, nouveau président du CFCM et franco-turc
Au revoir Anouar Kbibech, bienvenue Ahmet Ogras. Depuis le 1er juillet, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a un nouveau président.
Ce chef d’entreprise de 46 ans – il dirige une agence de voyages – prend la tête du CFCM pour deux ans conformément au principe de présidence tournante adopté lors de la réforme des statuts de l’institution voilà quatre ans.
Critiqué avant même d’être président
Avant même sa prise de fonctions, Ahmet Ogras a fait l’objet de nombreuses critiques : franco-turc, il est soupçonné d’être au service de Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie, particulièrement décrié en France. L’intéressé s’en défend. Il n’est pas, dit-il, le représentant d’Erdogan en France.
La polémique est curieuse : les présidents précédents ont été les hommes d’Alger et de Rabat, d’Abdelaziz Bouteflika et de Mohamed VI, respectivement président de l’Algérie et roi du Maroc. Le CFCM n’a en effet jamais incarné l’islam de France, tant voulu par les politiques de tous bords, mais l’islam des consulats.
Pourquoi médias, politiques et membres du CFCM n’ont pas été aussi suspicieux qu’avec Ahmet Ogras aujourd’hui ?
Turc et pas maghrébin
Au fond, ce qui est reproché à Ahmet Ogras, c’est de n’être ni algérien pour les uns, ni marocain pour les autres. A la bonne heure, l’islam ne se réduit pas à l’Algérie et au Maroc. Il était temps qu’un non-Maghrébin – un non-Arabe, diront certains – soit à la tête de cette institution qui a vocation, au moins sur papier, à représenter l’ensemble des musulmans de France. En attendant un président originaire d’Afrique subsaharienne, puis d’autres origines in sha’a-Llah.
La polémique devient cocasse lorsqu’un représentant officieux de l’Algérie et responsable au CFCM peste en affirmant que « le CFCM n’est pas le CFCM d’Erdogan ». C’est exact. Et il ne le sera pas, tant Ahmet Ogras sera surveillé comme le lait sur le feu particulièrement par l’Algérie et le Maroc.
De nombreux chantiers à venir
Les chantiers qui attendent le nouveau président du CFCM sont nombreux. La tâche est d’envergure, mais elle n’est pas insurmontable. Le profil entrepreneurial d’Ahmet Ogras pourrait être un atout.
Ce dernier indique vouloir travailler d’abord à la professionnalisation du CFCM, mais aussi sur la question du terrorisme et du halal. Espérons qu’il n’oubliera pas le cas urgent du hajj – et les fraudes massives qui y sont liées. Agent de voyages, Ahmet Ogras n’ignore certainement pas combien il est urgent d’opérer un assainissement sur ce marché. Gageons qu’il ne fera pas l’impasse sur ce dossier brûlant, ce qui serait totalement incompréhensible.
Mais pour commencer, suggérons donc de relancer le site Internet du CFCM, indisponible depuis dix mois après que le nom de domaine a été vendu aux enchères en septembre 2016, parce qu’il n’avait pas été renouvelé à temps.