Présidentielle 2022 : de gauche à droite, qui sont les candidats à l’Élysée face à Macron ?
Mastodontes de la politique ou issus de la société civile, ils étaient une quarantaine à avoir exprimé la volonté de participer à la bataille de l’Élysée. Seuls ceux qui ont obtenu du Conseil constitutionnel la validation des 500 parrainages d’élus, maires, parlementaires, conseillers régionaux et départementaux avant le 4 mars peuvent officiellement être candidats à l’élection présidentielle dont les deux tours sont programmés les 10 et 24 avril. Saphirnews fait le tour des candidats dont la liste définitive a été annoncée lundi 7 mars.
Après cinq ans d’une période troublée par la crise des Gilets jaunes, l’assassinat de Samuel Paty, la pandémie de la Covid-19 ou encore la guerre en Ukraine, le mandat d’Emmanuel Macron s’achève. Un premier qui augure un second pour le candidat de La République en marche (LREM) aujourd’hui âgé de 44 ans ? Le chef de l’Etat a mis fin au faux suspense jeudi 3 mars en annonçant sa candidature la veille de la clôture des parrainages.
Alors que l’invasion russe en territoire ukrainien, largement condamnée par la classe politique française, occulte les débats nationaux, douze candidats à la magistrature suprême ont donc obtenu leur ticket pour se présenter à la course à l’Elysée grâce aux signatures de 500 élus minimum validés par le Conseil constitutionnel. Qui des candidats de la droite ou de l’extrême droite va tenter de ravir la place à Emmanuel Macron ? A moins qu’un candidat de la gauche parvienne à se hisser au second tour et à inverser la tendance ? Zoom sur les onze candidats qui défient le chef de l’Etat.
Les challengers à droite et à l’extrême droite
De nombreux sondages donnent Emmanuel Macron gagnant au premier comme au second tour, mais rien n’est encore joué. Sur son flanc droit, le président-candidat fait face à quatre prétendants à la magistrature suprême. Trois mois après avoir remporté la primaire des Républicains (LR) face à Eric Ciotti, Valérie Pécresse, 54 ans, poursuit son chemin politique qu’elle a construit avec méthode en devenant notamment dès 2002 ministre de l’Enseignement supérieur, puis du Budget dans le gouvernement de François Fillon sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
En 2015, Valérie Pécresse remporte le scrutin des régionales en Île-de-France, offrant la région francilienne à la droite après 17 ans de gouvernance socialiste. Si elle met en avant sa gestion de la première région de France pour prétendre pouvoir gouverner le pays, elle ne manque pas d’adversaires pour contester son bilan. La candidate, qui s’essaye à chasser sur les terres de l’extrême droite, est aujourd’hui prise en étau entre le centre droit dont les cadres semblent plus prompts à rejoindre les rangs d’Emmanuel Macron et, justement, l’extrême droite, incarnée par Marine Le Pen et le trublion Eric Zemmour.
Pour la représentante du Rassemblement national (RN, ex-FN) qui a cédé la présidence de son parti à Jordan Bardella le temps de la campagne présidentielle, il s’agit d’une troisième candidature pour l’Elysée, elle qui a été élue députée dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais après son échec face à Emmanuel Macron au second tour de 2017. A 53 ans, Marine Le Pen, parrainée par le président du Modem François Bayrou au nom de la « démocratie », est mise en difficulté par la présence du polémiste Eric Zemmour que sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, a récemment décidé de soutenir.
A 63 ans, le fondateur du mouvement Reconquête ! se veut plus offensif que Marine Le Pen, engagée ces dernières années dans une stratégie dite de « dédiabolisation ». Il parvient ainsi à séduire les adeptes des mouvements identitaires et racistes, persuadés de l’existence du « grand remplacement » et d’une « islamisation » de la France. Du fait de ses trop nombreuses saillies médiatiques, Eric Zemmour a été condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale. Plusieurs procédures sont toujours en cours dont une pour « contestation de crime contre l’humanité » pour avoir affirmé que le maréchal Pétain aurait « sauvé » les juifs français pendant la Seconde Guerre mondiale.
A côté de ces trois candidats, Nicolas Dupont-Aignan tente tant bien que mal d’exister. Le candidat souverainiste, à la tête de Debout la France (anciennement Debout la République) depuis 2008, s’engage pour la troisième fois dans l’élection présidentielle. Après avoir triplé son score entre 2012 et 2017 (4,7 %), l’ancien maire de Yerres (Essonne) s’était rallié au second tour de 2017 à Marine Le Pen qui, elle, avait annoncé qu’elle le choisirait comme Premier ministre si elle était élue. L’heure n’est plus à l’union : il préfère se présenter seul cette fois, au risque d’être nettement plus inaudible qu’en 2017.
Les challengers à gauche et à l’extrême gauche
« A gauche, la grande bataille de l’infiniment petit », titrait Le Monde en février. Car les candidats de ce côté de l’échiquier politique se bousculent sans pour autant vraiment tirer leur épingle du jeu de sorte à parvenir au second tour.
A 70 ans, Jean-Luc Mélenchon semble le mieux placé dans les sondages. L’ancien professeur de français au verbe haut fait partie des vieux loups de la politique française. Celui qui a claqué la porte du Parti socialiste en 2008 pour fonder le Parti de gauche (PG) puis La France Insoumise (LFI) en 2016, se présente pour la troisième fois à l’élection présidentielle, cette fois sans le soutien du Parti communiste (PCF), représenté par Fabien Roussel.
A 52 ans, l’homme, qui a démarré sa vie professionnelle comme journaliste, est un militant communiste depuis sa plus tendre enfance. Elu député du Nord en 2017, il a été choisi en 2018 comme secrétaire national du PCF à la place de Pierre Laurent. Refusant de s’effacer derrière le chef de file de LFI, Fabien Roussel affirme avoir « des points de différence qui sont structurants » avec son rival comme la sortie du nucléaire à laquelle le PCF s’oppose.
En face de Jean-Luc Mélenchon, son principal challenger à gauche est Yannick Jadot. A 54 ans, l’ancien directeur des campagnes de Greenpeace France, adhérent depuis 1999 à Europe Ecologie-Les Verts (EELV), est élu député européen depuis 2009. Au cours de la campagne pour l’élection présidentielle de 2017, il remporte la primaire écologiste mais choisit finalement de se rallier au candidat du Parti socialiste Benoît Hamon. En septembre 2021, la primaire de l’écologie le désigne de nouveau candidat pour l’élection présidentielle de 2022 face à Sandrine Rousseau – fraîchement exclue de l’équipe de campagne pour des propos houleux envers le candidat – et refuse cette fois de s’allier au PS.
Côté socialiste, Anne Hidalgo, 62 ans, patine dans la campagne présidentielle. L’inspectrice de travail de métier, qui a démarré sa carrière politique en 1997 auprès de Martine Aubry comme conseillère au ministère de l’Emploi, est première adjointe au maire de Paris de 2001 à 2014. Adoubée par Bertrand Delanoë, elle devient cette année-là la première femme maire de Paris. Elle est réélue à la suite des élections municipales de 2020. Comme Valérie Pécresse, elle espère devenir la première femme présidente de la République mais ses adversaires sont nombreux.
Une femme a rendu les armes : c’est Christiane Taubira. L’ancienne garde des Sceaux, qui n’a pas obtenu le soutien de son Parti radical de gauche (PRG), n’a en effet pas reçu les 500 parrainages nécessaires, accusant le PS d’avoir entravé sa campagne sur le terrain. La Primaire populaire, le mouvement citoyen qui avait initialement soutenu la Guyanaise, a décidé, dimanche 6 mars, de soutenir Jean-Luc Mélenchon alors que ce dernier est arrivé troisième après Yannick Jadot, au risque de décrédibiliser la démarche de départ.
A gauche de la gauche, Nathalie Arthaud, 51 ans, est une figure de Lutte ouvrière (LO). Agrégée d’économie et de gestion, elle occupe la fonction de porte-parole du parti depuis 2008 puis de conseillère municipale de Vaulx-en-Velin jusqu’en 2014. Aux élections de 2012 et de 2017, elle obtient moins de 1 % des suffrages. Elle tente sa chance pour la troisième fois, tout comme Philippe Poutou pour le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). A 55 ans, ce conseiller municipal de Bordeaux, qui a intégré les effectifs de Ford chez qui il est encore délégué syndical CGT, obtient de justesse les parrainages. Lui qui milite pour l’interdiction des licenciements a annoncé, lundi 7 mars, avoir reçu une convocation par la police en qualité de suspect pour « injure publique contre une administration publique » pour avoir affirmé que « la police tue ».
A la liste des candidats s’ajoute l’inclassable Jean Lassalle, 66 ans, du parti politique Résistons. Ni de droite, ni de gauche, cet ancien du Modem, qui se déclare porte-voix de la ruralité, se présente pour la quatrième fois à l’élection présidentielle.
La Fondation iFrap, qui se présente comme un think tank dédié à l’analyse des politiques publiques, laboratoire d’idées innovantes, a dressé un tableau comparatif des points de programme entre les candidats par thématique. Pour en savoir plus
Plusieurs personnes ont échoué à obtenir les parrainages à l’instar d’Anasse Kazib, 34 ans, figure du mouvement cheminot, et de François Asselineau, président-fondateur de l’Union Populaire Républicaine (UPR), favorable à la sortie de la France de l’Union européenne (Frexit). Quant à Nagib Azergui, fondateur de l’Union des démocrates musulmans français (UDMF), son nom ne figure même pas dans la soixantaine de noms dans la liste du Conseil constitutionnel ayant obtenu au moins un parrainage.
Les électeurs sont appelés à voter massivement aux deux tours de l’élection présidentielle, appelés à se dérouler les dimanches 10 et 24 avril 2022. Pour qui, l’affaire n’est pas encore pliée par un grand nombre de citoyens. Signe d’un désintérêt croissant des Français pour la chose politique, l’ombre de l’abstention, qui bat des records de scrutin en scrutin, plane néanmoins sur la présidentielle, de même que sur les législatives, prévues les 12 et 19 juin 2022.
Source : Saphirnews