Une trentaine de personnalités demande à Macron de retirer ses projets de loi « sécurité globale » et contre les « séparatismes »
Dans un appel confié à Mediapart, trente-trois personnalités de la société civile ayant voté pour Emmanuel Macron en 2017 lui demandent le retrait de projets de lois qui font «reculer les libertés d’information, d’opinion, de croyance, d’éducation, d’association, de manifestation et de contestation».
Trente-trois personnalités ayant voté pour Emmanuel Macron en 2017 lui ont demandé dimanche 22 novembre de retirer ses projets sur la « sécurité globale » et contre les « séparatismes », qui à leurs yeux font « reculer les libertés d’information, d’opinion, de croyance, d’éducation, d’association, de manifestation et de contestation »
« Monsieur le président, nous n’avons pas voté pour ça » : cet appel publié dimanche par Mediapart est signé de personnalités très diverses de la société civile. Parmi elles, l’avocat William Bourdon, le cinéaste Costa-Gavras, la dramaturge et cinéaste Ariane Mnouchkine, le politologue Olivier Roy, le député et mathématicien Cédric Villani ou encore l’ex-footballeur Lilian Thuram, président de la Fondation Éducation contre le racisme.
« Un État autoritaire où l’État de droit devient un État de police »
« Au prétexte d’une illusoire sécurité face aux désordres du monde, le gouvernement et la majorité qui agissent en votre nom sont en train de restreindre nos libertés fondamentales », estiment-ils. Les projets « Sécurité globale » et « Séparatismes », devenue « Loi confortant les principes républicains » font reculer ces libertés, selon les signataires.
« Laisser faire cette atteinte à nos libertés et à nos droits, c’est installer ce dont l’extrême droite néo-fasciste rêve : un État autoritaire où l’État de droit devient un État de police, criminalisant les mobilisations de la société et certaines revendications populaires ».
La loi « sécurité globale », en discussion au parlement, entend pénaliser la diffusion malveillante de photographies de policiers lors de manifestations. Plusieurs rassemblements ont eu lieu, samedi 21 novembre, en France contre celle-ci dont l’article 24 concentre de très vives critiques de la part des journalistes français, qui y voient un risque d’entrave à la liberté d’informer.
La loi destinée à lutter contre les séparatismes et l’islam radical entend quant à elle renforcer les règles de la laïcité et sanctionner les informations mettant en jeu la vie d’autrui, mais elle est vivement critiquée dans l’opinion publique de certains pays musulmans comme islamophobe.
« Toutes celles et tous ceux qui défendent ces droits le disent et s’en alarment, de la Commission consultative des droits de l’homme à la Défenseure des droits, sans oublier les organisations internationales ».
« Monsieur le Président, laisser faire cette atteinte à nos libertés et à nos droits, c’est installer ce dont l’extrême-droite néo-fasciste rêve : un État autoritaire où l’État de droit devient un État de police, criminalisant les mobilisations de la société et certaines revendications populaires. Si vous n’empêchez pas cette perdition, vous porterez la terrible responsabilité historique d’avoir fait la courte échelle aux idéologies mortifères contre lesquelles vous avez été élu ; et à votre tour, vous serez emporté et ne pourrez plus rien empêcher.
C’est pourquoi nous vous demandons avec force et gravité d’interrompre cette course à l’abîme en vous opposant à ces lois liberticides et à cette exacerbation des déchirures de notre société. Car elles abîment la République dont la promesse d’égalité des droits est indissociable de son exigence démocratique et sociale, inscrite dans notre Constitution».