2017, une année dramatique pour les Palestiniens de Gaza
Depuis le début du blocus israélien imposé en 2006 contre la bande de Gaza, celle-ci vit une situation terrible à tous les niveaux, une situation qui rend la vie des deux millions d’habitants de pire en pire.
En 11 ans, la population civile a subi trois offensives militaires israéliennes qui ont fait des milliers de morts et de milliers de blessés, sans oublier la destruction massive de toute une région.
Onze années se sont écoulées, mais c’est difficile pour nous, Palestiniens de Gaza, d’oublier la guerre, l’enfermement, la souffrance, les massacres et les crimes commis par cette armée d’occupation, contre nos femmes et nos enfants, contre nos maisons et nos écoles, contre nos usines et nos routes, contre notre volonté et notre résistance.
L’ année 2017 a connu la poursuite d’événements tragiques pour les habitants de cette région enfermée et laissée à son sort. Une région abandonnée par une communauté internationale officielle complice. Une région qui n’a surtout connu aucun changement sur le terrain, malgré quelques initiatives locales et régionales.
L’année 2017 pour les habitants de la bande de Gaza, a été marquée par dix événements.
1 – Le maintien du blocus, non sans graves conséquences au quotidien
Actuellement, chaque jour, 300 à 340 camions entrent à Gaza via le seul passage commercial ouvert cinq jours par semaine, ce passage se situant au sud de la bande de Gaza. Mais la moitié de ces camions sont pour les organisations internationales et leurs projets de reconstruction d’écoles et de stations d’eau. Parmi ces camions, quatre ou cinq seulement contiennent des matériaux de construction dont le ciment. Ce passage se ferme sous n’importe quel prétexte, par décision israélienne, sans prendre en considération les besoins énormes de la population civile, en augmentation permanente.
Gaza n’a droit qu’à 110 produits au lieu des 970 permis avant le blocus. Sans oublier la liste de 90 produits toujours interdits d’entrer par ordre militaire israélien. Selon les estimations des organisations internationales, la bande de Gaza a besoin de plus de 1 300 camions par jour pour répondre aux besoins énormes de la population.
Cette fermeture a empêché la libre circulation des importations et des exportations des biens et produits de Gaza, en particulier les matières premières et les produits semi-finis.
Le gouvernement israélien refuse l’ouverture des passages de façon régulière et maintient son blocus sur Gaza. Les organisations internationales n’arrivent pas à faire pression sur ce gouvernement, et les Palestiniens de Gaza sont dans l’attente.
2 – Des projets de reconstruction au point faible
Seulement 75 % de l’argent promis lors de la conférence sur la reconstruction de la bande de Gaza les 11 et 12 octobre 2014 au Caire (5,6 milliards dollars promis) a été versé, soit à l’Autorité palestinienne, qui se heurte à d’énormes difficultés pour mener des projets de reconstruction dans la bande de Gaza, où elle n’y exerce réellement aucun pouvoir à cause des mesures israéliennes d’une part, et des divergences politiques entre les partis palestiniens d’autre part ; soit aux organisations internationales qui s’intéressent surtout à distribuer des aides alimentaires aux sans-abris plutôt que de commencer la reconstruction des maisons détruites.
On est passé, suite à cette situation catastrophique dans la bande de Gaza, d’une économie familiale non-violente à une économie dépendante d’Israël et des organisations internationales.
3 – La poursuite des attaques d’Israël sur Gaza
4 – L’échec de la réconciliation inter palestinienne
5 – La dégradation de la situation économique
Le nombre de personnes qui dépendent des organisations humanitaires a aussi augmenté : 80 % des Palestiniens de Gaza vivent sur des aides alimentaires. Selon les sources du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), plus d’un million de personnes dans la bande de Gaza ont bénéficié en 2017 du programme d’aide alimentaire gérée par le bureau. Ce programme a élargi ses services pour cibler les citoyens et non seulement les réfugiés.
L’économie de Gaza souffre d’une crise très grave dûe aux agressions israéliennes et au blocus. Cette situation empêche tout développement d’une économie en faillite qui ne trouve pas les ressources nécessaires pour sortir d’une crise qui touche tous les secteurs. Pour beaucoup d’économistes, l’année 2017 est considérée comme la plus catastrophique pour l’économie palestinienne depuis 20 ans.
6 – La décision américain sur Jérusalem
7 – La fermeture trop fréquente des points de passage
8 -Une centrale électrique qui tourne au ralenti
La seule centrale électrique, bombardée lors de la dernière agression, fonctionne à seulement 30 % de sa capacité et chaque foyer à Gaza a le droit entre quatre et six heures de courant électrique par jour.
9 – L’accès difficile à l’eau
10 – Une vie quasi paralysée pour les Gazaouis
L’aspect le plus grave de toute cette situation difficile des habitants de la bande de Gaza et qui marque l’esprit de la majorité des habitants, c’est l’absence de perspectives pour ces gens qui ne voient aucun changement, qui constatent que les choses n’avancent pas, ne bougent pas, et ce à tous les niveaux : réconciliation, fin de division, amélioration de leurs conditions de vie, ouverture, fin d’occupation ; horrible sentiment qui va influencer l’avenir de plusieurs générations, surtout celle des jeunes qui commencent à perdre espoir en un avenir immédiat meilleur.
Des questions se posent au début de cette nouvelle année.
Jusqu’à quand ce blocus israélien inhumain contre la population civile de la bande de Gaza ?
Jusqu’à quand la souffrance des Palestiniens de Gaza ?
Jusqu’à quand cette impunité d’Israël ?
Jusqu’à quand le silence international officiel ?
Et jusqu’à quand cette injustice ?
La vie continue, ses habitants s’adaptent et montrent une patience extraordinaire devant le silence complice d’une communauté internationale impuissante. En attendant, les Palestiniens de Gaza tiennent bon, persistent, patientent, résistent et, surtout, continuent d’espérer en un lendemain meilleur ; un lendemain de liberté, de paix mais, avant tout, un lendemain de justice.
Par : Ziad Medoukh, professeur et directeur du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza.
Source : https://www.saphirnews.com/2017-une-annee-dramatique-pour-les-Palestiniens-de-Gaza_a24832.html