Bordeaux : une mosquée veut des bâches pour ses fidèles, la mairie dit non
La mosquée du Grand Parc à Bordeaux reçoit plus de fidèles qu’elle ne peut en contenir les vendredis. Depuis l’été 2022, l’Association des musulmans de Bordeaux Nord (AMBN), qui gère le lieu de culte, demande l’autorisation d’installer des bâches amovibles durant les offices pour protéger le public qui s’installe en partie dans la cour en cas d’intempéries. Mais elle se heurte au refus net de la mairie. Le lieu est un ancien établissement scolaire, loué à la mairie pour 1 000 euros par mois, mais la collectivité territoriale considère que la cour est un espace public.
La question se pose de savoir si l’on peut qualifier de « prières de rue » les rassemblements qui se tiennent tous les vendredis dans cette ancienne cour de récréation. Pour Laurent Guillemin, adjoint aux Cultes à la mairie de Bordeaux, cela ne fait aucun doute. « Ce n’est pas autorisé et ce n’est pas acceptable », précise-t-il au Figaro. « C’est au président de l’AMBN et à l’imam de trouver une solution alternative », ajoute-t-il. Dans l’esprit de l’élu, la solution serait de multiplier les offices afin de permettre à un plus grand nombre de fidèles d’effectuer leurs prières à l’intérieur de l’édifice.
Une solution difficile à trouver
Pour le président de l’AMBN, Djamel Ouazzani, cette solution est « impossible » à mettre en œuvre. La cour est utilisée pour accueillir les fidèles depuis l’ère Juppé. Ces derniers temps, l’ancienne école accueille jusqu’à 1 600 fidèles pour la prière du vendredi. Or la capacité d’accueil interne est de 300 places. « Sachant qu’une prière dure 30 minutes et qu’il faut le temps au public de s’installer et de repartir, qu’il nous dise comment on fait ce génie pour faire prier tout le monde », fait part le président de l’AMBN.
Et d’insister sur la dignité bafouée de « ces personnes qui prient sous la pluie » alors que des bâches pourraient être sorties et rangées en cinq minutes. La prière ayant lieu pendant la pause méridienne de l’école voisine, Djamel Ouazzani précise que « personne ne nous voit, personne ne se plaint ».
De son côté, Laurent Guillemin reste de marbre devant ces arguments : « Accepter ces bâches reviendrait à institutionnaliser l’usage d’une surface en espace public pour la prière. Monsieur Ouazzani fera comme tout le monde, il trouvera une solution. » Une polémique à fleurets mouchetés pour le moment, car les relations entre la mairie et l’AMBN ont toujours été excellentes.