Face au défi écologique, engageons-nous comme musulmans !
Et si les mosquées de France dédiaient leurs prochains prêches à la préservation de la Création ? A l’approche de la 27e conférence annuelle de l’ONU sur le climat qui se tiendra à Charm El-Cheikh, en Egypte, du 6 au 18 novembre, l’organisation interreligieuse GreenFaith lance ici un appel aux responsables des lieux de culte musulmans afin qu’ils consacrent, entre le 2 octobre et le 6 novembre, leurs sermons du vendredi à la thématique de l’écologie et de l’environnement afin de sensibiliser leurs fidèles à la justice climatique.
Cet été 2022 a été marqué par des conditions météo exceptionnelles dans notre pays, avec une France défigurée par une série intense de vagues de chaleur, par une sécheresse inhabituelle, et des mégafeux inédits affectant ainsi la société et la nature.
Les tendances mondiales actuelles (les changements démographiques, la consommation croissante, la dégradation de l’environnement dont le changement climatique) exercent des pressions importantes sur la disponibilité et l’utilisation des ressources naturelles. Elles sont pourtant des biens communs, et leur protection est une obligation morale qui exige que les êtres humains agissent de manière à assurer la survie des générations futures.
Dieu le Très-Haut dit dans le Coran : « La corruption est apparue sur la terre et dans la mer à cause de ce que les gens ont accompli de leurs propres mains (…). » (Sourate 30, verset 41)
Le Saint Coran nous indique également que l’univers n’est pas le fruit d’un hasard. Il a été conçu à dessein. Chaque élément de ces systèmes a été créé pour être au service de Dieu, qui administre Ses créatures et Ses créations en utilisant les unes en faveur des autres et en contrôlant les cycles miraculeux de la vie et de la mort. Dieu le Très-Haut dit dans le Coran : « Nous avons créé toute chose avec mesure. » (Sourate 54, verset 49)
Or la science est claire, il est indiqué dans le rapport du groupe d’experts sur le climat (le GIEC) que la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C nécessiterait des transitions « rapides et de grande envergure » dans les domaines de l’aménagement du territoire, de l’énergie, de l’industrie, du bâtiment, du transport et de l’urbanisme. C’est un effort gigantesque, qui nécessitera des changements majeurs et la transformation de nos modes de vie actuels. De tels efforts exigeront volonté, autodiscipline, capacité à s’engager pour le bien commun, confiance, savoir se satisfaire de peu et donner généreusement.
L’islam exhorte l’humanité à interagir avec responsabilité avec la Terre et les créatures qui y existent
L’histoire de l’humanité prouve en abondance que la foi religieuse est une force puissante d’engagement dans de nouveaux modes de vie. De tous temps les croyants ont su trouver dans leurs Textes fondateurs la capacité de s’engager dans des actions concrètes. C’est notamment au niveau des consciences qu’il faut agir pour que chacun accepte de se sacrifier pour le bien commun, fasse preuve de compassion, coopère et soit dans une relation d’amour avec tout ce qui vit sur notre Terre.
Dieu dit aussi dans le Coran : « Et quant à la terre, Nous l’avons étalée et y avons placé des montagnes (immobiles) et y avons fait pousser toute chose harmonieusement proportionnée. » (Sourate 15, verset 19)
La religion musulmane exhorte l’humanité à interagir avec douceur et responsabilité avec la Terre et les créatures qui y existent. Le Saint Coran nous a solennellement prévenu contre le désordre, l’avidité, le gaspillage des ressources et contre toute initiative visant à rompre l’équilibre écologique établi. Dieu dit dans le Coran : « (Ceux qui) sèment la corruption sur la terre. Ceux-là sont les vrais perdants. » (Sourate 2, verset 27)
En parcourant les écrits du Coran et les enseignements du prophète Muhammad (prière et salut de Dieu sur lui), nous constatons que la nature et l’univers occupent une place primordiale. L’islam nous a fait comprendre que l’adoration envers Allah ne se limite pas aux œuvres spirituelles telles la prière, le jeûne et le pèlerinage, mais elle englobe aussi tous les commandements divins sur la protection de la nature et de la vie. L’islam avait indiqué clairement les voies à suivre pour maintenir les grands équilibres écologiques et éviter ainsi les catastrophes climatiques que l’humanité connaît actuellement.
La sensibilisation religieuse au volet écologique est indispensable
Face aux défis écologiques actuels, nous sommes donc appelés à redéfinir notre mode de vivre ensemble, afin de préserver l’équilibre humain et écologique. Dieu le Très-Haut dit dans le Coran : « Faites du bien. En vérité, Dieu aime les bienfaisants. » (Sourate 2, verset 195)
Le changement est en route. Il est parfois hors de notre champ de vision, mais si nous y prêtons attention, nous constatons que dans la communauté musulmane, de nombreuses personnes ou groupes de personnes expérimentent des actions solidaires et alternatives. Celles-ci offrent matière à réflexion et sont des pistes de recherches communes pour de nouvelles solutions de vie sociale.
Citons quatre exemples d’actions :
• Déclaration islamique sur le changement climatique : des savants religieux musulmans du monde entier se sont retrouvés à Istanbul afin d’examiner les défis contemporains soulevés par la question de l’environnement.
• Action « Super potager » des scouts musulmans : Les scouts musulmans sont très impliqués dans l’éducation de la jeunesse et la prise de conscience des impératifs écologiques.
• Assises musulmanes de l’écologie : rencontres de sensibilisation et de mobilisation nées de l’initiative d’un groupe de jeunes musulmans soucieux de leur environnement.
• Des mosquées écologiques en France : lieux de culte respectant la qualité environnementale (à Mulhouse, Massy, Conflans-Sainte-Honorine, etc.)
Pour y arriver, la sensibilisation religieuse au volet écologique est indispensable, afin d’expliquer aux fidèles toutes les formes de méfaits écologiques et de dommages portés à l’encontre de l’environnement et de désigner les bonnes actions (ma‘rûf) et les actions nuisibles (munkar) par rapport à la nature humaine et à la Création.
C’est pourquoi, du 2 octobre au 6 novembre, à quelques semaines de la conférence sur le climat de l’ONU (la COP27) qui se tiendra en Egypte, l’ONG GreenFaith organise une mobilisation mondiale intitulée « Religions pour la justice climatique ! » Pour l’islam en France, il est proposé d’explorer le fondement théologique et spirituel de l’action : et si votre association dédiait un prêche à la thématique islamique de la protection de la création ? Il s’agit de dédier le prêche (khotba al joumou’a) d’un des cinq vendredi entre le 2 octobre et le 6 novembre à cette thématique. Les informations détaillées et l’inscription sont disponibles en ligne.
Prendre soin de la création de Dieu est notre responsabilité comme musulman. Nous savons que le temps presse pour cesser sa dégradation. Rejoindrez-vous la mobilisation ?