Des organisations juives affirment leur soutien au BDS face aux accusations d’antisémitisme
Près de 40 organisations juives à travers le monde (Afrique du Sud, Argentine, Etats-Unis, France, Israël, Royaume-Uni) ont signé une déclaration commune en soutien au mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre Israël. Elles signifient ensemble leur refus de l’amalgame entre antisémitisme et critique d’Israël, estimant qu'il « affaiblit non seulement la lutte des Palestiniens pour la justice, la liberté et l’égalité, mais également la lutte contre l’antisémitisme même ». L'intégralité de la lettre ouverte, communiquée mercredi 18 juillet, est ici reproduite.
Par cette lettre, nous joignant à de multiples organismes internationaux de lutte pour la justice sociale, nous dénonçons la prise pour cible systématique des organisations qui défendent les droits des Palestiniens et particulièrement le mouvement non violent de Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS). Sous couvert d’accusations cyniques et erronées d’antisémitisme, ces attaques confondent dangereusement le racisme anti-juif avec l’opposition aux politiques d’Israël et à son système d’occupation et d’apartheid.
Nous assistons à l’essor alarmant de régimes autoritaires et xénophobes, au premier rang desquels se trouve le gouvernement dirigé par Donald Trump. Ces régimes, tout en s’alliant avec le gouvernement d’extrême-droite d’Israël, font cause commune avec des mouvements racistes et suprémacistes blancs dans leurs propres pays.
Or notre histoire nous a trop bien enseigné les dangers que représente la montée de partis et de gouvernements fascistes et ouvertement racistes. L’essor des discours et des attaques antisémites est un élément de cette tendance générale.
Dans une telle période, il est donc plus que jamais essentiel de distinguer clairement les agressions ou les préjugés à l’égard des juifs des critiques légitimes de la politique d’Israël et de l’injustice de son système.
La définition de l’antisémitisme donnée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (International Holocaust Remembrance Alliance), et largement adoptée ou prise en compte par les gouvernements occidentaux, est formulée de telle façon qu’il est facile pour ces derniers d’assimiler intentionnellement les critiques légitimes à l’égard d’Israël à de l’antisémitisme, afin de pouvoir mieux les réprimer.
Cet amalgame affaiblit non seulement la lutte des Palestiniens pour la justice, la liberté et l’égalité, mais également la lutte contre l’antisémitisme même. Quant à Israël, cela lui offre une défense opportune, qui lui évite de se plier au droit ou aux normes internationales régissant les droits humains.
Nous exhortons instamment nos gouvernements, nos mairies, nos universités et autres institutions à rejeter la définition de l’antisémitisme donnée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste. En revanche, nous les appelons à prendre des mesures efficaces afin de combattre la haine et la violence des mouvements suprémacistes et nationalistes, et à mettre un terme à toute complicité avec les violations des droits humains perpétrées par Israël. Israël ne nous représente pas et n’est pas apte à parler en notre nom alors qu’il se rend coupable de crimes contre les Palestiniens et leur nie les droits décrétés par les Nations Unies.
Le mouvement BDS, porté par la société civile palestinienne pour la défense de ses droits, nominé pour le Prix Nobel de la Paix, a prouvé son engagement continu dans la lutte contre l’antisémitisme et contre toute forme de racisme et d’intolérance, en vertu de son attachement à la Déclaration universelle des droits humains.
Parmi les organisations signataires suivantes, certaines soutiennent pleinement le mouvement BDS, d’autres en partie, d’autres enfin n’ont pas adopté de position officielle sur BDS. Mais nous affirmons tous que l’appel du mouvement BDS représente un ensemble d’outils et de stratégies, qui ne doit en aucun cas être considéré comme de l’antisémitisme.
Signataires : Academia4equality (Israel), Boycott from Within (Citoyens israéliens pour BDS), Coalition des femmes pour la paix (Israel), Collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine (Strasbourg, France), Dayenu: New Zealand Jews Against Occupation (Nouvelle-Zélande), Een Ander Joods Geluid – Une autre voix juive (Pays-Bas), Een Andere Joodse Stem – Une autre voix juive (Belgique), European Jews for a Just Peace, Free Speech on Israel, Gate48 – critical Israelis in the Netherlands, Independent Jewish Voices (Canada), Independent Jewish Voices (Royaume-Uni), International Jewish Anti-Zionist Network, Jewish Anti-Fascist Action Berlin (Allemagne), Jewish Voice For Labour (Royaume-Uni), Jewish Voice for Peace (Etats-Unis), Jewish Voice for Peace members in London (Royaume-Uni), Jews Against Fascism (Australie), Jews for Justice for Palestinians (Royaume-Uni), Jews for Palestinian Right of Return, Jews of Color & Sephardi and Mizrahi Jews in Solidarity w/ Palestine (Etats-Unis), Jews Say No! (Etats-Unis), JIPF – Judar för Israelisk Palestinsk Fred (Suède), Jüdische Stimme für gerechten Frieden im Nahost e.V. (Allemagne), Justice for Palestinians, Los Otros Judíos (Argentine), Manchester Jewish Action for Palestine (Royaume-Uni), Quebrando Muros – Judeus Brasileiros Pela Descolonização da Palestina (Brésil), SEDQ Network- A Global Jewish Network for Justice, South African Jewish Voices for a Just Peace (Afrique du Sud), South African Jews for a Free Palestine (Afrique du Sud), Union des progressistes juifs de Belgique (Belgique), United Jewish People’s Order (Canada), Union juive française pour la paix (France).