Le pape François, chantre de la fraternité et artisan du dialogue interreligieux, est mort
Le monde pleure la disparition du pape François, annoncée lundi 21 avril par le Vatican au lendemain de Pâques, au cours de laquelle ce chantre de la fraternité a lancé un dernier message de paix pour Gaza et le Proche-Orient.
Le pape François est décédé à l’âge de 88 ans, a annoncé le Vatican lundi 21 avril. De son vrai nom Jorge Mario Bergoglio, il est entré dans l’histoire en devenant le premier souverain pontife latino-américain à la tête de l’Eglise catholique ; le premier jésuite également à occuper le fauteuil du pape après son élection en 2013 à l’âge de 76 ans, après la renonciation – inédite depuis le Moyen-Age – de Benoît XVI, décédé en 2023.
Ordonné prêtre en 1969, il devient archevêque de Buenos Aires et primat d’Argentine en 1998 puis cardinal en 2001 selon les vœux du pape Jean-Paul II. Surnommé « le pape des pauvres », il s’est choisi le nom de François en hommage à saint François d’Assise (m. 1226), fondateur de l’ordre des franciscains et précurseur du dialogue interreligieux, en particulier avec le monde musulman.
La fraternité au cœur de son engagement
Le pape François, qui a bousculé les catholiques au cours de son pontificat par sa volonté de réformer l’Eglise, a marqué de son empreinte son passage au Vatican en publiant plusieurs encycliques essentielles dont Laudate Si en 2015 sur l’urgence d’œuvrer pour la préservation de la Maison commune, la planète, face au réchauffement climatique, et Fratelli Tutti en 2020 consacrée à la fraternité et à l’amitié sociale. Ce fils d’immigrés italien s’est beaucoup engagé pour la cause des migrants et contre l’indifférence coupable de l’Europe dans les tragiques noyades en Méditerranée, comme en témoignait ses déplacements sur l’île italienne de Lampedusa ou encore son voyage à Marseille en septembre 2023.
C’est tout naturellement que le pape François a séduit au-delà du monde catholique. Il s’est énormément impliqué durant sa vie pour le dialogue interreligieux. Il s’est rendu là où aucun pape n’était allé jusqu’à présent, en particulier dans le monde musulman, à l’instar des Emirats arabes unis en 2019 où il a signé avec Al-Azhar la Déclaration historique sur la fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune. Au cours de son voyage historique en Irak en 2021, il avait rencontré le leader chiite, l’ayatollah Ali Al-Sistani, qui avait apprécié la démarche.
Dernièrement, en septembre 2024, lors de sa tournée asiatique qu’il a choisi de débuter en Indonésie, il a signé la Déclaration commune d’Istiqlal, du nom de la grande mosquée de Jakarta, dans laquelle le monde est invité à « promouvoir l’harmonie religieuse pour le bien de l’humanité » (en intégralité ici).
Son dernier appel contre la guerre à Gaza et la paix au Proche-Orient
Le pape François était fragilisé ces dernières années par divers problèmes de santé. Ne se déplaçant surtout qu’en fauteuil roulant depuis 2022 pour des soucis de genou, il a été opéré plusieurs fois au cours de son pontificat. Dernièrement, son hospitalisation en février pour cause de pneumonie bilatérale avait ravivé les inquiétudes. Sa dernière apparition publique date de la veille de sa mort, dimanche 20 avril. Alors que des milliers de fidèles étaient présents pour célébrer Pâques, le souverain pontife s’est alors présenté au balcon de la basilique Saint-Pierre avant de s’offrir un bain de foule surprise à bord de sa papamobile place Saint-Pierre, à Rome.
Pour ses derniers mots, le pape, par la voix d’un collaborateur, a dénoncé la guerre dans la bande de Gaza, appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la région. « Face à la cruauté des conflits qui impliquent des civils sans défense, qui s’en prennent aux écoles et aux hôpitaux ainsi qu’aux agents humanitaires, nous ne pouvons pas nous permettre d’oublier que ce ne sont pas des cibles qui sont touchées, mais des personnes avec une âme et une dignité », a-t-il signifié. Tout en alertant contre « le climat d’antisémitisme croissant qui se répand dans le monde entier », il a indiqué que ses « pensées vont à la population et en particulier à la communauté chrétienne de Gaza, où le terrible conflit continue de semer la mort et la destruction et de provoquer une situation humanitaire dramatique et ignoble ». Et de conclure par ses mots : « J’appelle les belligérants : cessez le feu, que les otages soient libérés et que l’aide précieuse soit apportée à la population affamée qui aspire à un avenir de paix ! »
Puis est venu lundi 21 avril et ce message : « Ce matin à 7h35, l’évêque de Rome, François, est revenu à la maison du Père. » Les messages de condoléances affluent du monde entier, nous y reviendrons.
Mise à jour : De nombreux hommages ont été rendus, et le grand imam d’Al-Azhar n’a pas manqué d’en faire un, voici son message. De même que les organisations musulmanes de France, voici un condensé de leurs réactions.