Harcèlement des femmes musulmanes dans l’espace public : on dit stop !
Regards insistants, défiants, méprisants ; remarques, moqueries, insultes, gestes déplacés, bousculades… Voici notre quotidien, femmes musulmanes voilées évoluant dans l’espace public. La rue, les transports, les loisirs sont les lieux quotidiens de violences et de rejets prenant des formes diverses, allant parfois jusqu’au drame d’agressions physiques et sexuelles. Un harcèlement trop invisibilisé, liant sexisme, islamophobie et racisme, nous vise tous les jours, femmes méprisées et stigmatisées.
Des scènes de violences devenues la normalité du quotidien
L’espace public nous rappelle ainsi quotidiennement un rejet et une détestation de notre existence : de nos choix, de notre foi et de nos identités plurielles de femmes.
Des oppressions systémiques à l’intersection entre islamophobie, sexisme et racisme
Le harcèlement généralisé des femmes musulmanes dans l’espace public est une des manifestations d’un système d’exclusion de ces dernières des différentes sphères de la société en général. Ainsi, considérer ces actes comme venant uniquement de personnes mal intentionnées est une erreur. Ces comportements sont en fait normalisés.
Il serait légitime de nous surveiller…
… et normal de nous observer et de nous juger !
Ces conditions valident le fait qu’une femme musulmane peut être contrôlée, être sujette à une intrusion dans sa vie et son intimité, au point de ne plus la considérer comme une personne raisonnée, consciente et libre propriétaire de son corps. Cela peut alors expliquer que des acteurs vont se permettre à n’importe quel moment, dans n’importe quel lieu, de vous signifier leur simple curiosité ou leur questionnement, mais aussi leur désapprobation face à votre vêtement – quelle que soit la manière employée – et leur dédain. Le corps des femmes musulmanes est perçu comme légitime de jugement par tou-te-s : on peut l’observer, l’analyser, le désapprouver. La voie est libre !
Les stratégies de contournement et d’invisibilisation sont répandues et multiples. Pendant les périodes où le climat et la tension islamophobes se sont faits d’autant plus violents (notamment les semaines après les attentats qui ont touché la France), beaucoup d’entre nous ont préféré échanger leur foulard contre un bonnet, un chapeau ou une casquette. Sans compter de très nombreuses femmes qui, pendant plusieurs semaines, ont été contraintes de limiter leurs déplacements au minimum, par crainte de se faire agresser. Se faire la plus discrète possible, jusqu’à s’effacer de l’espace commun…
La violence n’est pas uniquement celle qui est visible de tou-te-s. Elle s’exerce également dans des comportements aussi anodins que des regards trop insistants. Les concernées qui les subissent étant les seules à les percevoir, elles sont invisibilisées et réduites à néant par les autres. Beaucoup de femmes restent ainsi seules face à ces agressions quotidiennes. Et quoi de plus violent que de remettre en cause le témoignage de l’expérience quotidienne d’une concernée ?
L’islamophobie, le sexisme et le racisme sont des réalités qui touchent un trop grand nombre de personnes. Ces fléaux altèrent notre quotidien et nous empêchent de mener une vie normale et sereine. Nier qu’il existe des oppressions spécifiques et qui se lient entre elles, c’est aussi participer à ces violences.
Mais alors, que faire ?
Non, porter un foulard n’est pas une menace adressée aux citadins et à la vie en société. Et enfin, oui, une société juste doit permettre à celles et ceux qui le souhaitent de pouvoir s’exprimer et de s’émanciper, y compris au sein de l’espace public.
Jamais nous n’accepterons qu’une femme soit rejetée et exclue de n’importe quelle sphère de la société. Alors n’ayons pas peur de nous exprimer, de nous soutenir et de nous indigner !