Présidentielle 2017 : quels candidats pour quelles mesures phares ?
La chasse aux parrainages a pris fin vendredi 17 mars. Le Conseil Constitutionnel a validé les candidatures de 11 candidats à l’élection présidentielle, qui ont chacun amassé plus de 500 parrainages validés par le Conseil constitutionnel. Depuis, la seconde campagne est lancée, en trombe avec l’organisation de plusieurs débats télévisés entre les prétendants à l’Elysée. Qui sont-ils ? Quels sont leurs mesures phares ? Zoom sur chacun d’eux.
Dans la grande famille de gauche:
Benoît Hamon (Parti socialiste, avec EELV)
A 49 ans, il s’est distingué, lors des primaires, avec sa mesure phare du revenu universel d’existence qui bénéficierait, à hauteur de 600 euros, aux personnes sans ressources et les salariés dont les revenus sont inférieurs à 2 185 euros net. Une mesure qu’il présente comme une première étape avant sa généralisation à tous, possible en taxant « les superprofits des banques ». Il se déclare favorable à la légalisation du cannabis et de l’euthanisie, et souhaite accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales. Un vieux serpent de mer qui figurait au programme de François Hollande, sans suite mais que Benoît Hamon veut entériner à travers un référendum qui trancherait également sur la reconnaissance (ou non) du vote blanc et le 49.3 citoyen.
Ancré à gauche du PS avec le soutien de Yannick Jadot, élu à la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts, il déclare vouloir lutter contre la présence des banques françaises dans les paradis fiscaux, porter l’effort de recherche et de développement à 3 % du PIB, réserver 50 % des marchés publics aux petites et moyennes entreprises et permettre des nationalisations temporaires. Ne souhaitant plus abroger la loi Travail, il entend la réaménager. Voulant recruter 5 000 policiers et gendarmes supplémentaires, il souhaite dans le même temps expérimenter le récépissé lors des contrôles d’identité, ainsi que le rétablissement de la police de proximité comme Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron.
Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, avec le PCF)
Avec un programme très ancré à gauche, le candidat de La France insoumise, âgé de 65 ans, propose notamment l’abrogation de la loi Travail, l’instauration de la règle verte qui consiste à marquer une rupture avec la règle d’or budgétaire en partant du principe de ne pas épuiser les ressources naturelles, et l’augmentation du montant du SMIC à 1 300 euros net.
Sur le plan institutionnel, Jean-Luc Mélenchon souhaite mettre en place une assemblée constituante avec pour ambition de lancer une VIe République. Il veut instaurer davantage de démocratie participative en donnant aux citoyens le droit de révoquer un élu et en ayant voir fréquemment recours au référendum. Sur le plan international, Jean-Luc Mélenchon préconise une sortie de l’OTAN et une renégociation des termes de l’engagement de la France au sein de l’Union européenne sous peine d’en sortir. S’agissant de l’accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’UE (Tafta), il souhaite aussi l’arrêt des négociations.
Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière, extrême gauche)
Fidèle à l’héritage communiste de son parti, la candidate âgée de 47 ans articule principalement son programme autour du droit des travailleurs. Elle veut l’interdiction des licenciements et des plans de suppressions d’emplois, « en commençant par les entreprises qui font des bénéfices » ainsi que la répartition du travail entre tous les travailleurs et le contrôle de ces derniers sur les entreprises. Elle réclame l’obtention d’un salaire et d’une retraite à 1 800 euros minimum, de même qu’une augmentation de 300 euros de tous les salaires, qui ne serait « qu’un rattrapage après des années de blocage ».
En matière de religion, Nathalie Arthaud, dont le parti refuse l’emploi du terme « islamophobie » contrairement au NPA, ne se prononce « pas pour l’interdiction des religions », mais milite « contre leur influence ».
Philippe Poutou (NPA, extrême gauche)
Employé et délégué syndicale CGT, il est embauché en CDI en tant que réparateur de machines-outils à l’usine Ford de Blanquefort en Gironde, après avoir cumulé des petits boulots. Il se fait connaître plus tard pour son implication contre la fermeture de son usine. Le combat contre la fermeture de l’usine automobile avait permis la sauvegarde de près de 900 emplois. L’avenir de l’usine demeure aujourd’hui incertain.
Avec le slogan de campagne « Nos vies, pas leurs profits », Philippe Poutou défend un programme dans la lignée de son prédécesseur : la mise en place d’une semaine à 32 heures sur quatre jours sans perte de salaire et à 30 heures pour les travaux pénibles, mesure qui résorbera en partie le chômage, ainsi que l’interdiction des licenciements. Pas d’instauration du revenu universel pour le NPA ; il préconise l’augmentation du SMIC à 1700 euros bruts et de tous les salaires de 300 euros. Parmi ses autres mesures phares, on note la suppression de la fonction présidentielle et du Sénat, la mise en place d’une université gratuite et sans sélection, ainsi que le désarmement de la police française sur le modèle de fonctionnement d’autres polices dans les pays scandinaves.
Dans la grande famille de droite:
François Fillon (Les Républicains)
Vainqueur inattendu de la primaire de la droite du centre en novembre 2016, François Fillon est, depuis fin janvier, en pleine tourmente judiciaire avec, entre autres, l’affaire des emplois fictifs présumés. Mis en examen pour détournement de fonds publics, complicité et recel d’abus de biens sociaux, le candidat des Républicains maintient sa candidature bien qu’il peine à mener campagne.
Candidat de l’austérité, François Fillon, 63 ans, souhaite le retour aux 39 heures payées 35 heures dans certains secteurs et de 500 000 postes de fonctionnaires afin de réaliser des économies à hauteur de 100 milliards d’euros en cinq ans. Il veut rehausser l’âge de la retraite à 65 ans et préconise, entre autres, la hausse de la TVA (de 20 à 22 %). En matière de sécurité, il propose d’investir 12 milliards supplémentaires dans la défense, la police et la justice (en effectif et en moyens), d’abaisser la majorité pénale à 16 ans et construire 16 000 places supplémentaires de prison.
François Asselineau (Union populaire républicaine, souverainiste)
En 2007, il fonde son parti politique, l’Union populaire républicaine (UPR). Ses idées souverainistes sont proches de l’extrême droite. François Asselineau prône le « Frexit », la sortie de la France de l’Union européenne, de la zone euro et de l’OTAN et souhaite soumettre au référendum les décisions concernant la politique énergétique de la France, la dette publique et l’immigration, après « trois grands débats nationaux, organisés de façon loyale pour que chaque opinion puisse être exposée et débattue ». Il propose l’abrogation des lois Macron et El Khomri ainsi qu’une vaste nationalisation d’entreprises privées comme TF1, Engie (ex-EDF) ou encore Orange (ex-France Télécom).
A noter, il est le seul dans cette partie de l’échiquier politique à inscrire dans son programme son refus de « la stigmatisation insidieuse des Français d’origine arabe ou de confession musulmane, comme la stigmatisation de tout Français en vertu de ses origines sociales ou ethniques ou bien de ses convictions politiques ou religieuses ».
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France, souverainiste)
Avec un programme proche du Front national, Nicolas Dupont-Aignan veut la sortie de la France de l’OTAN mais ne prône pas le « Frexit » tout en renégociant les traités européens. Estimant que le pays est « totalement dépassé par l’explosion de l’immigration », il veut rétablir le contrôle aux frontières en recrutant 10 000 douaniers, durcir les règles du regroupement familial, interdire la régularisation de clandestins ou encore « corréler l’immigration économique à l’importance du taux de chômage » et ainsi rendre l’immigration « exceptionnelle » en l’état actuel de la France. Il veut aussi « un délai de carence de cinq ans pour les étrangers avant de pouvoir prétendre aux aides sociales » et la suppression de l’Aide Médicale d’Etat.
Marine Le Pen (Front national, extrême droite)
A 48 ans, Marine Le Pen oriente son projet présidentielle autour de thèmes chers à l’extrême droite comme l’immigration qu’elle veut limiter par la réduction du nombre d’entrée légale en France, en passant de 200 000 à 10 000 entrées sur le territoire par an. Elle réclame le rétablissement des frontières, à travers la sortie de l’espace Schengen, et leur contrôle à travers le recrutement de 6 000 agents sur cinq ans. Dans la même veine, elle réclame, entre autres, la fin du droit du sol et de l’Aide Médicale d’État. Contre l’insécurité, autre thème phare du FN, Marine Le Pen veut construire pas moins, comme Nicolas Dupont-Aignan, de 40 000 places de prison supplémentaires.
Faisant partie depuis toujours de la famille des eurosceptiques, elle entend soumettre la sortie de l’Euro à un référendum et établir une monnaie nationale si le « oui » l’emporte. Elle est la seule candidate à vouloir l’interdiction des signes religieux dans les rues de France.
Dans les inclassables:
Emmanuel Macron (En marche !)
Se considérant ni de gauche, ni de droite, Emmanuel Macron propose des mesures libérales comme l’assouplissement des 35 heures avec des « accords négociés majoritaires », la suspension du versement des allocations chômages après plus de deux refus d’emploi si le salaire proposé n’est pas inférieur de plus de 20-25% de l’ancien poste, la suppression des régimes spéciaux des retraites avec une harmonisation progressive, mesure qu’Alain Juppé avait échoué à appliquer en 1995. Il entend réaliser 60 milliards d’économies sur le budget de l’Etat en cinq ans, en réduisant les dépenses dans l’assurance maladie, de l’assurance chômage et les collectivités locales, et en supprimant 120 000 postes de fonctionnaires sauf en matière d’éducation et de sécurité.
D’une part, il préconise de mettre en place des classes de 12 élèves en CP-CE1 dans les zones d’éducation prioritaires (ZEP), qui passerait notamment par la création de 4 000 à 5 000 postes d’enseignants. D’autre part, il veut la création d’une « police de sécurité quotidienne » et promet 10 000 postes de policiers et de gendarmes pendant le quinquennat. Emmanuel Macron, qui envisage d’exonérer 80 % des ménages de la taxe d’habitation, souhaite également mettre en place un fonds pour l’industrie et l’innovation qu’il financera avec les dividendes de l’Etat issus des grandes entreprises publiques.
Jacques Cheminade (Solidarité et Progrès)
Avec le slogan « Libérons-nous de l’occupation financière », Jacques Cheminade mise sur un programme axé autour de l’euroscepticisme et du protectionnisme. Le candidat préconise une sortie de l’Union européenne et de la zone euro ainsi qu’une sortie de l’OTAN. Il est le seul à mettre en avant un projet spatial, qui consiste en une exploration de la Lune et de Mars pour, selon lui, mieux comprendre et anticiper les défis et dangers de l’Homme.
Sur le plan économique, le candidat, qui se décrit comme un « gaulliste de gauche », veut combattre ce qu’il nomme « l’oligarchie financière » en « un ordre monétaire international fondé sur le développement mutuel et éviter un désordre géopolitique suicidaire ».
Jean Lassalle (sans parti)
A 61 ans, Jean Lassalle est auteur du livre Un berger à l’Elysée dans lequel il détaille son programme, avec des mesures tournant autour de la défense de la ruralité et des valeurs paysannes. Son projet reste assez vaste, les propositions floues, voire inexistantes : libérer l’écologie de la financiarisation, promouvoir les énergies renouvelable ou encore mettre fin « au chômage de masse » en proposant notamment de « remettre au travail 25 000 personnes dès l’été 2017 » avec les postes non pourvus de Pôle emploi avec l’aide de lycées professionnels et de entreprises volontaires.