La marche du 10 novembre, premier acte d’un front naissant contre l’islamophobie
Malgré le « sabotage » de leur manifestation par une partie du monde politique, les organisateurs assurent s’inscrire dans le long terme au-delà de l’émotion
Une grande manifestation contre l’islamophobie est prévue ce dimanche à Paris à la suite de la publication il y a une semaine d’une tribune cosignée par une cinquantaine de personnalités de gauche.
Les organisateurs préviennent : la marche prévue ce dimanche 10 novembre à Paris contre l’islamophobie n’est « qu’une étape » dans la structuration d’un mouvement plus large appelé à « peser sur le long terme ». Depuis la publication il y a une semaine d’un appel dans Libération, la gauche partisane, syndicale et associative semblait avoir trouvé une réponse unitaire au climat politique marqué, selon elle, par « une stigmatisation grandissante » des musulmans après une énième polémique sur le voile et l’attentat contre la mosquée de Bayonne.
Pourtant, si l’émotion suscitée par cet acte a convaincu dans un premier temps une partie des responsables politiques à signer l’appel à manifester, c’est bien à une série de rétropédalages gênés qu’on a assisté ces derniers jours. Les députés Adrien Quatennens et François Ruffin pour La France insoumise (LFI), mais aussi le député européen d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Yannick Jadot, ont finalement annoncé qu’ils ne se rendraient pas à la marche de dimanche, tout en prenant leurs distances avec les termes de la tribune qu’ils avaient signée. Le Parti socialiste a refusé de son côté d’y participer.
« D’une certaine façon, ça fait le ménage en révélant leur positionnement », confie avec une pointe d’agacement Youcef Brakni, membre du Comité vérité et justice pour Adama et l’un des initiateurs de la manifestation. Le militant des quartiers populaires préfère insister sur la présence de mouvements syndicaux et politiques qu’il « découvre » pour l’occasion. « C’est assez unique d’avoir avec nous Philippe Martinez, des syndicats comme Sud Rail ou Solidaires avec des communistes, des insoumis, des militants antiracistes et des collectifs de la mouvance libertaire. Même Lutte ouvrière sera là ! Forcément, ça interroge mais ce n’est pas grave. La seule question qui vaille est de savoir si on veut lutter ensemble ou pas », précise l’élu de Saint-Denis Madjid Messaoudene.
Passerelles. La polémique sur les propos de certains signataires ou sur les termes du communiqué relève, selon eux, de la diversion et d’un contre-feu nourri par l’extrême droite, un « sabotage » imputé également à une partie de la gauche. « Les premiers concernés sont cette fois à la manœuvre et c’est ce qui dérange. Nous avons la volonté de travailler ensemble et de s’unir », prévient Youcef Brakni. Ce dernier affiche d’ores et déjà la volonté commune de « se revoir » après la manifestation afin d’en « faire le bilan » et d’élaborer un « plan d’action à long terme ». « On n’est pas la CGT ni la Ligue des droits de l’Homme en termes de moyens, mais l’objectif c’est d’empêcher qu’il y ait des morts avec un nouveau Breivik », poursuit-il.
« La lutte continuera au-delà de cette marche et il faudra qu’on se structure », assure également Madjid Messaoudene. Et tant pis pour les partis qui n’auraient pas pris le train en marche. Pour leurs prochaines actions, les initiateurs de l’appel pensent de toute façon plus au mouvement syndical du 5 décembre prochain contre la réforme des retraites, aux passerelles avec les Gilets jaunes… mais aussi aux « élections municipales qui arrivent ».