Du droit au devoir de voter, ces organisations musulmanes qui militent contre l’abstention
L’abstention sortira-t-elle victorieuse des urnes à l’issue de l’élection présidentielle 2017 ? Face à cette probabilité, plusieurs organisations musulmanes en France ont lancé ces derniers jours des appels au vote, certains allant jusqu’à dire qu’il est du devoir des musulmans de participer au scrutin. Tour d’horizons de ces sursauts citoyens.
Le Conseil régional du culte musulman (CRCM) Rhônes-Alpes a lancé, jeudi 20 avril, veille de la grande prière hebdomadaire, un appel aux imams et aux responsables de mosquées « à sensibiliser les fidèles à se rendre massivement aux urnes le 23 avril pour élire notre prochain président de la République ». « C’est à la fois leur devoir de citoyens et leur droit de musulmans », argue son président Benaïssa Chana, ne voulant pas voir des fidèles être détournés de l’acte par une minorité qui considère que le vote est illicite et qui prétend « que la République ne serait pas compatible avec l’islam », estime-t-il.
Se disant « conscient de son devoir en tant qu’institution représentative de l’islam de France », le CRCM, prônant un islam « qui nous incite à être des acteurs positifs dans notre société », « rejette toute interprétation erronée de l’islam reposant sur une lecture littérale ignorante qui ne tient pas compte de notre contexte français et qui, par conséquent, conduit à l’obscurantisme et au repli identitaire. »
Un halte au sectarisme
« Fort heureusement, ce courant est lourdement minoritaire dans la communauté. (…) Non seulement prétendre donc qu’aller voter serait haram est une ineptie, mais de surcroît aller voter est même un devoir. C’est un devoir évidemment en tant que citoyen de la République. Mais c’est aussi, simultanément, un devoir en tant que musulman. Le vote est en effet l’occasion de contribuer à faire pencher la balance en faveur des candidats qui défendent les valeurs à la fois républicaines et musulmanes », indique-t-il, appelant ses coreligionnaires à voter pour des candidats « qui défendent la véritable laïcité de la loi de 1905, (…) la fraternité entre les citoyens, (…) l’égalité des sexes » et ceux « qui veulent faire avancer la science, les savoirs, la connaissance, et non pas pour des candidats qui s’en désintéressent ».
Aucun consigne de vote
« Notre devoir, c’est de voter le 23 avril », estime aussi la Grande Mosquée de Lyon (GML). L’institution présidée par Kamel Kabtane appelle les musulmans « à se rendre nombreux aux urnes », jugeant que « voter, si c’est un droit pour tous les citoyens, est aussi un devoir pour tous les musulmans de France » et qu’ils doivent ainsi « assumer pleinement cette responsabilité, qui est la leur dans ces moments importants qui rassemblent de tous les Français ».
Du droit… au devoir de voter ?
Faut-il pour autant faire culpabiliser les citoyens qui ont décidé de ne pas voter par conviction ? La défiance vis-à-vis du monde politique mais aussi l’indécision, à la source d’une possible abstention record le 23 avril, reste forte parmi les citoyens, toutes confessions confondues.