Ramadan pour tout le monde
Et si tel était mon slogan…
On nous présente Ramadan comme une école. Une belle métaphore en réalité… Il est un apprentissage à être avec Dieu, à être avec le Prophète bien aimé (que la paix soit sur lui), à être au milieu de ses frères et sœurs, dans la chaleur réconfortante de la communauté.
Cet apprentissage, rébarbatif au départ, prend son chemin rapidement dans le cœur. C’est à l’école que peut naître la vocation, que mon statut au sein de la société se dessinera plus tard.
Mais à l’école il y a plusieurs matières. Nos bacheliers le savent, c’est toutes les matières qu’il faut travailler. Une matière peut être éliminatoire, et une bonne moyenne dans chaque matière est préférable à une ou deux excellentes notes asphyxiées par d’autres mauvaises notes.
Ramadan pour tout le monde, nous y voilà. Si l’école nous a appris à faire des efforts dans chaque matière et à travailler de manière équilibrée, tel a été l’exemple du Prophète (que la paix soit sur lui) dans la vie de tous les jours.
La tentation est grande de ne vivre Ramadan que pour soi. Jeûner, prier, se reposer, pour jeûner et encore prier. Il peut se passer un mois entier sans que la famille, les amis, l’entourage ne partagent mon Ramadan. La spirale du temps m’empêche de m’arrêter et de voir le besoin que les autres créatures ont de Dieu.
Ibn El Jaouzi, célèbre prédicateur et orateur du 12ème siècle, a merveilleusement exprimé dans Les Pensées Précieuses « Sayd Al-Khâtir », ce conflit interne entre le besoin de l’intimité et de l’isolement avec Dieu et la responsabilité de partager. Il dit, de mémoire, qu’il a goûté au bonheur de l’intimité de Dieu à travers les longues prières nocturnes et qu’il a souhaité se soustraire pour toujours de la vie publique, des conférences, des sermons… Il a trouvé le trésor de la vie. Mais la Science l’a interpelée en ces termes : « Si ce chemin était le meilleur chemin pour trouver Dieu, tous les Prophètes (paix sur eux) l’auraient emprunté. Le Prophète Mohammed lui-même (paix sur lui) serait resté dans sa grotte. Mais ils sont plutôt allés auprès des gens pour les appeler sans relâche à revenir vers Dieu. » Devant le bien fondé de ces paroles, Ibn el Jaouzi nous dit qu’il se tourna à nouveau vers les créatures. Et il se trouva confronté alors à un nouveau dilemme, car dans le même temps où il appelait les gens à se concentrer sur Dieu, son esprit se dispersait.
Et oui, tel est le grand défi à relever. Comment vivre en profondeur sa foi tout en portant la responsabilité que Dieu nous a donnée : «Je vais établir sur la Terre un vicaire «Khalifa»[1]
Certes pour partager la lumière il faut soi-même avoir été irradié par cette lumière. Alors comment mon Ramadan peut-il être vécu pour tout le monde ?
Je n’ai malheureusement pas la réponse. Et je n’ai pas la prétention à travers quelques lignes de vous donner des conseils. Je vous épargne le couplet qui décrirait l’état délabré de mon intérieur et ces quelques lignes ne sont qu’un moyen d’être secouru par l’invocation d’un lecteur furtif qui en aura la générosité suffisante.
Que puis-je donc apporter d’autres ? Des questions…
Se questionner, se demander, c’est le début d’une remise en question, d’une progression bénéfique. L’autosatisfaction c’est la mort spirituelle, le point mort.
Mon programme quotidien que j’aurai pris soin d’établir à l’entrée de Ramadan a-t-il pris en compte mon entourage ?
Mes parents, mon épouse, mes enfants ont-ils eu leur part ? Les moments de rupture de jeûne sont-ils une joie partagée, un moment de rapprochement familial ?
En ce début de Ramadan j’ai apprécié certaines initiatives. Celle d’Antoine qui invite ses frères à un repas de rupture de jeûne. Celle de Fethi qui invite ses anciens contacts de l’école et d’ailleurs à une soirée fraternelle, celle d’une association qui organise chaque vendredi soir une rencontre débat suivie d’une rupture de jeûne et de prières nocturnes. Celle de Kameldine qui organise des visites dans sa famille pour apporter ses conseils précieux. Celle de celui qui réveille ses enfants qui ont pris la résolution de jeûner. Celle de ces frères qui se sont envoyés des messages spontanément via google +, un vendredi, pour s’encourager à prier sur le Prophète (paix sur lui) et pour se retrouver ensemble dans une mosquée commune. Celle de celui qui sourit autour de lui malgré la difficulté du jeûne, celle de celui qui n’hésite pas à aborder les questions existentielles avec ses collègues du travail…
Toutes ces initiatives permettent de traverser Ramadan la main tendue vers les autres.
Puisse Dieu nous permettre de vivre ce Ramadan dans l’amour, sous le regard bienveillant de notre Créateur. Puissions-nous nous-mêmes porter ce regard bienveillant sur notre entourage. Amine.
[1] Coran : sourate 2 verset 30
Assalamou haleykoum
quel doux message de paix d’amour et de fraternité je m’empresse de le partager
Barakallahoufik frere Farid que Dieu t’en récompense
Assalamou alaykum
baraka Allahou fik pour ce témoignage qui touche les coeurs par ta sincérité. Que Dieu permette à tous les musulmans de vivre cette fraternité.
merci pour ce rappel, je suis complètement d’accord, le ramadan n’a pas son sens s’il est vécu individuellement. C’est le mois où notre prophète (paix sur lui) était le plus généreux, je comprends qu’il était plus proche durant ce mois des nécessiteux mais par générosité, je comprends aussi: plus aimant avec son épouse, plus doux avec ses enfants, plus serviable avec sa famille, plus souriant avec ses voisins, plus disponible avec ses collègues… ce qui est important c’est de rompre avec le quotidien et essayer de mettre en place des initiatives qui vont montrer notre capacité à faire don de soi!