Vie et accomplissement de Maryam (Marie), mère de ‘Issa (Jésus)

Maryam, dès son plus jeune âge, était une âme exceptionnelle. Consacrée à Dieu avant même sa naissance, elle grandit dans une lumière particulière, entourée d’un amour divin qui semblait la protéger de tout mal. Elle n’était pas une enfant ordinaire. Dès qu’elle fut capable de comprendre, elle se sentait attirée par l’immensité du ciel, par cette présence douce et apaisante qui guidait ses pensées et ses prières. Elle, qui était la merveilleuse réponse à l’invocation de sa mère.

Son enfance se déroula dans la tranquillité du sanctuaire, un lieu empli de la présence divine, où chaque mur résonnait des invocations des fidèles. Elle s’épanouissait dans cet environnement pur, loin des préoccupations du monde. Là-bas, tout semblait simple : prier, méditer, s’abandonner à l’amour de Dieu. Ses journées étaient rythmées par les adorations, et son cœur s’élevait chaque jour un peu plus.

Elle trouvait un bonheur immense dans ce lien direct avec Dieu, loin des responsabilités du quotidien, loin des tumultes de la vie humaine. Ce bonheur était nourri par des signes que seul Dieu pouvait lui offrir. Quand son oncle, le prophète Zakaria (paix sur lui), venait lui rendre visite, il trouvait des fruits rares, déposés par une main invisible. Ces miracles remplissaient son cœur d’émerveillement et renforçaient sa certitude que sa place était ici, dans cette retraite paisible.

“D’où viennent ces fruits, Maryam ?” demandait Zakaria, fasciné. Elle répondait simplement, avec l’innocence et la sagesse d’un enfant : “Ils viennent de Dieu. Il donne à qui Il veut, sans compter.”

Cette réponse, si humble et si pure, illustrait déjà la profondeur de sa foi. Elle se sentait comblée, entière, dans cette vie de solitude. Le monde extérieur lui paraissait si lointain, presque irréel. Qu’aurait-elle pu désirer de plus ? N’était-elle pas déjà à l’apogée de la spiritualité, coupée des distractions terrestres, immergée dans un océan de paix intérieure ?

Maryam savait que son cœur appartenait à Dieu seul. Chaque lever de soleil était pour elle un rappel de Sa grandeur, chaque souffle de vent dans le sanctuaire portait un murmure de Sa présence. Dans la solitude, elle trouvait une liberté que le monde ne pouvait lui offrir. Elle n’avait pas besoin d’autre chose que de son tapis de prière, du silence sacré qui l’entourait, et de la lumière divine qui inondait son cœur.

Cette vie simple et dépouillée, où chaque acte, chaque pensée, était dirigé vers le Créateur, lui semblait être l’accomplissement ultime.

Mais ce qu’elle ignorait alors, c’est que Dieu avait prévu pour elle un chemin bien différent. Bien que sa retraite lui apportât paix et plénitude, elle n’était pas encore à l’apogée de son accomplissement spirituel. Car l’adoration de Dieu ne se limite pas à la solitude, aussi belle soit-elle.

Le destin de Maryam allait la pousser au-delà de ses propres attentes. Elle, qui pensait trouver la perfection dans l’éloignement, allait découvrir que le véritable accomplissement spirituel réside dans l’acceptation du décret divin, dans l’amour et le sacrifice pour autrui.

Ce chemin, pourtant semé d’épreuves, allait faire d’elle non seulement une adoratrice exemplaire de Dieu, mais aussi une mère, une éducatrice, et un modèle éternel pour l’humanité. Ainsi, Maryam allait apprendre que la solitude, aussi précieuse soit-elle, n’est qu’une composante vers une mission plus vaste, où l’amour divin se manifeste dans le lien avec les autres.

« La douleur me déchirait, mon souffle se faisait court, et le silence oppressant du désert me pesait. Je me tenais seule, au pied d’un palmier, les mains tremblantes et les larmes brouillant ma vision. La vie grandissait en moi, mais je me sentais si petite, si écrasée par l’épreuve. Le poids des regards à venir, des accusations, de la solitude, m’anéantissait. J’étais seule face au monde, seule avec ce miracle que je ne comprenais pas encore pleinement.

Alors, dans un moment de désespoir absolu, mes lèvres laissèrent échapper ces mots que je n’aurais jamais cru dire : “Ah ! Que je fusse morte avant cet instant, et que je fusse totalement oubliée !”

Je fermai les yeux, espérant un soulagement quelconque, une issue, une fin. Et puis, au milieu de ce désert muet, une voix pure, douce et céleste brisa le silence. Cette voix ne semblait pas appartenir à ce monde. Elle résonnait comme un écho venu du ciel, un souffle divin porté jusqu’à moi.

“Ne t’afflige pas, ma mère.”

Mon cœur s’arrêta un instant. Était-ce possible ? Était-ce… mon bébé ? Cette voix qui m’appelait “ma mère”… C’était lui. Mon fils. Le miracle que je portais dans mes bras.

Je baissai les yeux, et là, je le vis. Mon bébé. Mon enfant. Il était si petit, si fragile, et pourtant son regard brillait d’une lumière que nul autre ne pouvait porter. Ces yeux, ces petits yeux brillants et profonds, me regardaient comme s’ils connaissaient tout de moi, tout de ce que j’avais traversé.

Il continua, sa voix d’une douceur infinie apaisant les tumultes de mon âme : “Ton Seigneur a placé à tes pieds une source d’eau. Secoue le tronc du palmier, il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres.”

Ce n’était pas un simple message. C’était un don du ciel. C’était Dieu qui, à travers cet enfant, me disait : “Je ne t’ai pas oubliée. Je suis avec toi.”

Je ne pouvais plus détacher mon regard de lui. Une chaleur immense emplit mon cœur, une tendresse que je n’avais jamais ressentie auparavant. J’étais submergée par un amour si profond que mes larmes, qui auparavant coulaient de douleur, devinrent des larmes de gratitude.

“Mon bébé… mon bébé…” murmurais-je, comme pour m’assurer qu’il était bien là.

Ses petits doigts bougeaient légèrement, et son regard me transperçait, comme s’il portait en lui tout l’amour de Dieu, toute la miséricorde du ciel. Comment un si petit être pouvait-il apaiser une âme aussi tourmentée que la mienne ? Mais il le faisait. Par son regard, par sa présence, par sa simple existence.

À cet instant, le monde sembla s’arrêter. Il n’y avait plus de désert, plus de solitude, plus de douleur. Il n’y avait que lui et moi. Mon fils. Ce miracle qui m’avait été confié.

Dans ces regards d’amour et de tendresse que nous échangions, je sentis quelque chose d’immense, quelque chose qui dépassait ma compréhension humaine. Combien Dieu devait être satisfait de cet instant, de cet échange entre une mère et son enfant, dans une situation si précaire aux yeux du monde, mais si parfaite aux yeux du Créateur.

C’était un instant d’éternité, un moment où tout le ciel semblait se pencher sur nous, bénissant cet amour, cette mission, ce destin.

Je fis comme il me l’avait dit. Je tendis la main et secouai faiblement le tronc du palmier. Des dattes mûres tombèrent à mes pieds, et une source d’eau claire coulait doucement. Je mangeai, je bus, et je sentis mes forces revenir. Mais ce qui me revigorait le plus, c’était ce regard. Ce regard béni de mon fils, ‘Issa.

Alors, dans un souffle, je murmurai une prière, le serrant doucement contre moi : “Ô Seigneur, merci pour ce don, merci pour cette lumière. Si c’est cela que Tu as choisi pour moi, alors je l’accepte, entièrement, avec tout mon cœur.”

Je le regardai une dernière fois, mon cœur débordant d’amour. Il était tout ce que j’avais, et pourtant, à travers lui, j’avais tout ce dont j’avais besoin. Je savais que ce chemin serait difficile, mais je savais aussi qu’avec Dieu, je n’avais rien à craindre. »

Ainsi, dans cet instant suspendu entre la douleur et la miséricorde, entre le désespoir et la certitude, Maryam comprit sa vraie mission, celle que Dieu avait choisie pour elle. Bien qu’elle semblât parfaitement accomplie dans sa retraite spirituelle, éloignée des responsabilités familiales et des préoccupations du monde, Dieu avait prévu bien plus pour elle. Son réel accomplissement ne résidait pas dans l’isolement, mais dans le rôle qu’Il lui destinait : devenir la mère d’un grand prophète, ‘Issa fils de Maryam, que la paix soit sur eux deux.

C’est dans ce rôle, dans cette mission divine, qu’elle trouva sa véritable élévation. Ce n’est pas seulement sa dévotion solitaire qui fit d’elle une élue de Dieu, mais aussi son acceptation du décret, son amour inconditionnel pour son fils, et son rôle de protectrice et d’éducatrice de ce grand messager.

Maryam fut ainsi honorée par Dieu en devenant l’un des quatre grands modèles féminins cités dans le célèbre hadith du Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) : “Les meilleures des femmes du paradis sont Maryam, fille de ‘Imrân, Asiya, épouse de Pharaon, Khadija, fille de Khuwaylid, et Fatima, fille de Muhammad.”

Elle entra dans cette catégorie des femmes accomplies non seulement par sa piété et sa dévotion, mais par sa mission exceptionnelle de mère, un rôle à travers lequel Dieu a marqué l’histoire de l’humanité.

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