Couverture médiatique après un an de génocide

Ce dossier de presse vise à fournir aux salles de presse, aux rédacteur·ices en chef et aux journalistes une compilation de ressources, de faits et de conseils essentiels pour couvrir l’année écoulée depuis le 7 octobre et le génocide en cours à Gaza. Ceci est d’autant plus important qu’Israël continue d’interdire l’accès à Gaza à tout journaliste international et que les journalistes locales·aux de Gaza sont pris·es pour cible sans relâche.

Il est également important de souligner, alors qu’Israël a commencé à envahir le Liban, que le génocide israélien en cours à Gaza, l’escalade de l’annexion et de la violence en Cisjordanie, et l’agression contre le Liban, la Syrie et la région ne sont pas des événements isolés ou des développements soudains, mais plutôt des symptômes des ambitions d’Israël de consolider sa domination et de remodeler la région en fonction de ses intérêts coloniaux.

NB: Le document original étant en anglais, les sources et hyperliens sont en anglais

  1. Faits marquants et actes génocidaires israéliens à Gaza

A. Nombre de morts, massacres, charniers et familles rayées des registres

  • En un an, Israël a tué plus de 41 615 Palestiniens, dont 17 000 enfants. Les massacres sont devenus une norme tragique, avec des familles entières rayées des registres d’état civil, des corps brûlés, démembrés et des enfants décapité·es.
  • Nombre de morts et de personnes tuées : Selon The Lancet, le nombre de morts directes et indirectes à Gaza pourrait s’élever à 186 000 personnes.
  • Massacres documentés :
    • Massacre de la farine en février, ici et ici.
    • Massacre de l’hôpital Al-Shifa en avril, ici.
    • Massacre des tentes de Rafah en mai, ici.
    • Massacre de Nuseirat en juin, iciici et ici.
    • Massacre des camps d’Al-Mawasi et d’Al-Shati le 13 juillet, ici.
    • Infographie montrant 30 fosses communes, avec 3 000 corps de Palestiniens tués dans le génocide israélien.
  • Pour des comptes rendus détaillés de tous les événements, jour par jour, avec des données, voir la base de données Airwars database.
  • Ressource clé pour retrouver des faits chronologiquement : The Palestine Chronology — événements jour par jour
  • Une poignée d’histoires parmi les centaines de milliers d’histoires de Palestinien·nes dont la vie a été détruite, même s’ils sont en vie.

B. Israël bat des records historiques mondiaux en matière de crimes et d’atrocités

  • Les Nations unies ont déclaré que Gaza était l’endroit le plus dangereux au monde pour les enfants.
  • Plus de 75 % des journalistes tué·es dans le monde en 2023 l’ont été pendant le génocide israélien à Gaza.
  • Le nombre de travailleur-euses humanitaires tué·es à Gaza au cours de l’année écoulée est le plus élevé jamais enregistré en une seule crise.
  • Israël a largué 70 000 tonnes de bombes sur Gaza, soit plus que les bombardements pendant la Seconde Guerre mondiale de Dresde, Hambourg et Londres réunis.

C. Blessés

  • Plus de 96 350 Palestinien·nes ont été blessé·es à Gaza. Selon l’OMS, au moins 25 % d’entre eux risquent d’avoir des blessures qui changeront leur vie, dont plus de 15 000 cas de blessures aux extrémités et environ 3 500 amputations.
  • Un nouvel acronyme a été inventé : WCNSF – Wounded Child No Surviving Family (enfant blessé sans famille survivante), soulignant la situation tragique de milliers d’enfants orphelin·es et blessé·es.


D. Destruction des infrastructures

  • SANTÉ : Plate-forme documentant la destruction du secteur de la santé de manière très détaillée.
  • MAISON, EAU ET ROUTES : 67% des installations et infrastructures d’eau et d’assainissement, ainsi que le réseau routier, ont été détruits ou endommagés.
  • En mai, l’ONU a estimé que la reconstruction des maisons de Gaza pourrait prendre jusqu’à 2040.
  • ÉCOLES ET UNIVERSITÉS : Israël a détruit 90 % des écoles de Gaza. La dernière université de Gaza a été détruite en janvier 2024. Les experts de l’ONU ont qualifié la destruction systématique du système éducatif palestinien d’ « élucide ». Rapport UNRWA/Université de Cambridge.
  • Évaluation de la destruction des établissements d’enseignement supérieur par l’Agence française de développement.
  • CULTURE ET PATRIMOINE : les bombardements incessants d’Israël ont anéanti le patrimoine culturel et historique de Gaza, connue comme l’une des plus anciennes villes du monde, avec 195 sites du patrimoine, 227 mosquées et trois églises endommagés ou détruits, y compris les archives centrales de Gaza, qui contiennent 150 ans d’histoire.

E. Déplacement forcé

F. La famine

  • En juillet, les expert-es des Nations unies ont déclaré que la famine s’était répandue dans la bande de Gaza. Cette déclaration fait suite à des mois d’évaluation par la classification intégrée de la phase de sécurité alimentaire sur le risque élevé de famine.
  • Les Nations unies ont signalé 32 décès dus à la malnutrition, dont 28 parmi les enfants de moins de cinq ans. Environ 200 patient·es ont été admis·es pour malnutrition aiguë sévère et on estime que 50 000 enfants ont besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë.

G. Situation sanitaire

  • En onze mois, 512 attaques ont été lancées contre les personels, équipements et infrastructures de santé à Gaza, entraînant la mort de 759 Palestinien·nes, la détention et l’arrestation de 128 travailleur·euses de la santé, tout en affectant 110 établissements de santé et 115 ambulances.
  • 90 % de l’approvisionnement en eau de Gaza est impropre à la consommation.
  • La destruction des infrastructures, le manque d’assainissement, l’effondrement du système de santé et la surpopulation des sites de déplacement créent un terrain propice aux épidémies.
  • Les attaques israéliennes contre la santé ont créé une « biosphère de guerre », avec le retour du virus de la polio à Gaza, parmi de nombreuses autres conséquences sanitaires catastrophiques du génocide.

H. Obstruction de l’aide humanitaire

  • Israël a entravé l’aide humanitaire à Gaza en renforçant son blocus, en créant des points de contrôle militaires à travers Gaza, en attaquant les agences humanitaires et les travailleurs humanitaires, ainsi qu’en s’en prenant à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et à son personnel. Lire la déclaration d’Al-Haq.
  • 7 façons dont Israël a délibérément bloqué l’aide humanitaire par Oxfam.
  • Les agences humanitaires américaines ont même confirmé l’existence d’une obstruction délibérée, en envoyant leurs conclusions au département d’État, et il a été révélé que l’administration Biden a menti au Congrès et enterré les conclusions.
  • 15 ONG internationales ont publié collectivement un appel détaillant comment le siège d’Israël bloque 83 % de l’aide alimentaire parvenant à Gaza.
  • Analyse de la gouvernance de l’aide par l’Institut de recherche sur la politique économique de la Palestine.

I. Intention génocidaire

Le génocide se produit également sur fond d’intention génocidaire manifeste de la part des responsables et des décideurs israéliens. Dès le départ, il était clair qu’il ne s’agissait pas d’une guerre, mais d’une intention délibérée d’éliminer, d’effacer et de détruire l’ensemble de la population et du territoire. En annonçant un siège total et l’intention de couper l’électricité et l’eau, en utilisant des métaphores animales et d’autres étiquettes déshumanisantes, l’intention génocidaire d’Israël a été claire.
→ Law4Palestine a compilé une base de données de plus de 500 incitations au génocide et à la violence de masse par des responsables israélien·nes et des personnalités publiques.

Exemples :

  • « Il n’y aura pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant, tout sera fermé. Nous nous battons contre des animaux humains et nous agirons en conséquence ». Y. Gallant (ministre de la Défense)
  • « Vous devez vous souvenir de ce qu’Amalik vous a fait », Benjamin Netayahu
  • « Brûlez Gaza maintenant, rien de moins ! » vice-président de la Knesset sur X
  1. L’assaut sur la Cisjordanie

Il ne s’agit pas d’une guerre « Israël-Hamas ». Les derniers bombardements sur le Liban l’ont confirmé. Les médias ne doivent pas non plus présenter cette guerre comme « débordant » sur la Cisjordanie. La Cisjordanie a toujours été au cœur du projet de domination mis en place par Israël sur l’ensemble du territoire. Israël a pris l’opération du 7 octobre comme prétexte pour étendre son projet colonial en Cisjordanie, où les Palestinien·nes sont encore plus assiégés et font face à un nettoyage ethnique imminent.

  • L’année dernière a été la plus meurtrière pour les Palestinien·nes en Cisjordanie depuis des décennies, avec plus de 693 morts. Mises à jour de l’Ocha : pour des faits et des chiffres sur les meurtres, les blessures, les démolitions et d’autres formes de violence systémique.
  • Un enfant tous les deux jours a été tué en Cisjordanie depuis le 7 octobre – rapport de DCI.
  • Entre le 7 octobre 2023 et le 23 septembre 2024, les autorités israéliennes ont démoli, détruit ou confisqué 1 725 structures palestiniennes en Cisjordanie, déplaçant plus de 4 450 Palestinien·nes, dont environ 1 875 enfants. Cela représente plus du double du nombre de Palestinien·nes déplacé·es au cours de la même période avant le 7 octobre.
  • Le gouvernement israélien a étendu la colonisation et l’accaparement des terres. En mai 2024, les autorités israéliennes ont transféré les pouvoirs relatifs à la terre et aux colonies de l’armée au contrôle civil israélien, poursuivant ainsi l’annexion de la Cisjordanie. Depuis le 7 octobre, les colons ont établi 25 nouveaux avant-postes coloniaux, le gouvernement a rétroactivement « légalisé » trois avant-postes coloniaux et déclaré 24 193 dunams (environ 2 420 hectares, NLDT) en Cisjordanie comme « terre d’État ».
  • Entre le 7 octobre 2023 et le 23 septembre 2024, l’OCHA a enregistré 1 390 attaques de colons israéliens contre des Palestiniens, dont environ 135 ont fait des morts et des blessés palestiniens. Entre octobre 2023 et août 2024, 261 ménages comprenant 1 566 Palestiniens ont été déplacés à la suite d’attaques de colons.
  • Briefing sur la violence des colons par UAWC.
  1. Désinformation et mensonges israéliens depuis le 7 octobre

Vous trouverez ci-dessous les principales fausses affirmations, fake news et récits fallacieux qui ont été diffusés et promus de manière proactive par les autorités israéliennes et/ou des groupes affiliés. L’utilisation généralisée de la propagande par les responsables israélien·nes et la mauvaise foi flagrante de certains médias ont créé une arme de guerre dangereuse qui déshumanise encore plus les hommes palestiniens et le Hamas. Les autorités israéliennes ont dépensé plus de 7 millions de dollars en publicités et en contenus de propagande au niveau international.

A. Affirmation : « le Hamas a commis un viol de masse le 7 octobre »

  • Echo médiatique : ces affirmations ont été rapidement reprises, de nombreux médias grand public et organisations internationales s’en faisant l’écho.
  • Démenti : Au fil du temps, aucune preuve crédible n’est venue étayer les allégations de viols massifs. De nombreuses enquêtes ont démenti ces accusations. De nombreux rapports accusant les Palestiniens de commettre des violences sexuelles systématiques à l’encontre des Israéliennes s’appuient sur des témoignages de volontaires de ZAKA, une organisation de secours israélienne qui ne fait pas de travail médico-légal. Un article de l’Associated Press a réfuté deux accusations de viol et de violence sexuelle formulées par des bénévoles de ZAKA. La bénévole a déclaré à AP : « Ce n’est pas que j’ai inventé une histoire… À la fin, il s’est avéré que c’était différent, alors je me suis corrigée ». En outre, la crédibilité et les méthodes des rapports des Nations unies et des organisations internationales de défense des droits de l’homme, qui ont réitéré les allégations de violence systémique fondée sur le sexe et de viol, ont été remises en question par la société civile palestinienne et les réseaux de solidarité internationale.
  • Impact sur l’opinion publique : La diffusion de ces allégations joue à ce jour un rôle important dans la diabolisation de la résistance palestinienne et la déshumanisation des Palestinien·nes en général.

B : Affirmation : « le Hamas utilise des civil·es comme boucliers humains et des hôpitaux comme bases militaires »

  • Écho médiatique : Ces affirmations ont été amplifiées par divers organes de presse internationaux, dont beaucoup se réfèrent à des sources militaires et à des porte-parole israélien·nes. La même tactique de désinformation a été utilisée par Israël pour bombarder le Liban.
  • Démenti :
    Les civils comme boucliers humains : Les organisations de défense des droits de l’homme, telles qu’Amnesty International, et les Nations unies n’ont trouvé aucune preuve concrète de l’utilisation de boucliers humains par le Hamas. Gaza est l’une des régions les plus densément peuplées au monde, ce qui complique naturellement la distinction entre zones civiles et zones militaires. Les agressions militaires successives d’Israël sur Gaza sont documentées, y compris le génocide le plus récent, avec des bombardements généralisés, systématiques et aveugles et par le ciblage de civils et d’infrastructures civiles. D’autre part, des enquêtes ont révélé que les forces israéliennes elles-mêmes ont utilisé des Palestinien·nes comme boucliers humains, renversant ainsi le mythe.
    Les hôpitaux comme bases militaires : Des enquêtes indépendantes n’ont trouvé aucune preuve concrète à l’appui de cette affirmation. L’analyse par le Washington Post de documents visuels de source ouverte, d’images satellite et de tous les documents militaires israéliens rendus publics a démenti l’affirmation selon laquelle le Hamas aurait utilisé l’hôpital Al-Shifa comme centre de commandement. Une autre affirmation israélienne selon laquelle un calendrier affiché sur les murs d’un hôpital serait une « liste de gardes du Hamas » a été facilement démentie par les utilisateurs arabophones des médias sociaux. Une autre enquête d’AlJazeera a réfuté l’affirmation israélienne selon laquelle il y aurait un tunnel du Hamas sous l’hôpital Qatari, en montrant que « la trappe qu’Israël prétendait être un tunnel du Hamas n’est qu’un réservoir d’eau pour l’hôpital ». L’Organisation mondiale de la santé a condamné les attaques israéliennes contre les établissements de santé et Human Rights Watch a déclaré qu’elle ne pouvait pas corroborer les allégations israéliennes selon lesquelles le Hamas utilisait l’hôpital Al-Shifa comme base militaire, et que les attaques contre les établissements de santé « devraient faire l’objet d’une enquête en tant que crimes de guerre ».
  • Impact sur l’opinion publique : Ces allégations créent une perception qui justifie et normalise les bombardements israéliens sur les hôpitaux, les abris et d’autres zones remplies de Palestinien·nes déplacé·es, de blessé·es et de patient·es. Elles rejettent également la responsabilité sur le Hamas au lieu de reconnaître la responsabilité de l’armée israélienne.

C. Affirmation : Le Hamas a décapité des enfants le 7 octobre

  • Echo des médias : Cette affirmation est partie d’une correspondante israélienne qui a rapporté les affirmations de soldat·es israélien·nes selon lesquelles elles et ils avaient trouvé des bébés décapités dans le kibboutz de Kufr Azza. Elle a rapporté : « Des bébés, la tête coupée, c’est ce qu’ils ont dit. C’est ce qu’ils ont dit ». Cette histoire, qui n’a pas été contestée, a été largement diffusée dans les médias internationaux et par des hommes politiques, ce qui a contribué à sa propagation rapide.
  • Démenti : Dès le début de l’enquête, les responsables israélien·nes se sont rétracté·es. Les enquêtes ont conclu que les allégations manquaient de preuves crédibles.
  • Impact sur l’opinion publique : Ce récit, bien que démenti, a enflammé le sentiment public à l’égard des Palestinien·nes, les déshumanisant davantage et justifiant les crimes israéliens à leur encontre. Les efforts déployés pour rétracter l’histoire après qu’elle a été démentie ont été minimes, et le mal était déjà fait. Les affirmations et cette histoire sont toujours en circulation à ce jour.

D. Affirmation : le Hamas vole l’aide humanitaire

  • Echo médiatique : Cette affirmation a été diffusée à plusieurs reprises par des responsables israélien·nes et des médias internationaux, alléguant que le Hamas détournerait l’aide humanitaire destinée aux Palestinien·nes de Gaza à des fins militaires, ou affirmant que l’envoi d’aide à Gaza reviendrait à aider le Hamas.
  • Démenti : Israël impose un blocus aérien, terrestre et maritime à Gaza depuis 17 ans, qui n’a été renforcé que depuis octobre 2023. Chaque entrée d’aide est soumise à des protocoles stricts et arbitraires par les autorités d’occupation israéliennes. Une fois que l’aide se trouve à l’intérieur de Gaza, elle relève de la responsabilité des Nations unies et des agences humanitaires. Des déclarations consécutives ont nié tout détournement de l’aide humanitaire par le Hamas, y compris par des responsables américains et des agences de l’ONU. Au contraire, Israël est le principal responsable de la famine et de la crise humanitaire en raison de son régime de blocus et de l’obstruction systématique de l’acheminement de l’aide à Gaza.
  • Impact sur l’opinion publique : l’image du Hamas qui exploite l’aide humanitaire alimente l’image négative du Hamas en tant qu’organe gouvernemental indigne de confiance dans la bande de Gaza, ce qui déshumanise encore plus les Palestinien·nes. Elle remet en question et conditionne la nécessité de l’acheminement de l’aide à Gaza, alors qu’Israël poursuit son blocus illégal, son génocide et sa guerre de famine.
https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/10/03/kit-de-presse-comment-rapporter-un-an-de-genocide/ : Couverture médiatique après un an de génocide

Via
https://agencemediapalestine.fr/

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