Le Prophète de la clémence
« Combien est digne d’admiration la figure de ce prophète (paix et salut sur lui) dont les charmes sont relevés par ses qualités intérieures, qui réunit toutes les grâces, qui a pour caractère distinctif la douceur et l’aménité de ses traits. Il réunit à la beauté délicate d’une fleur, la grandeur majestueuse de la lune. Sa générosité est vaste comme la mer, ses desseins sont grands et fermes comme le temps. » Ainsi faisait ton éloge, ô prophète de la clémence (paix et salut de Dieu sur toi), l’imam Boussaïry dans son célèbre poème « Al Burda » (Le manteau).
Certes tu as toutes les qualités que le fils d’Adam puisse avoir, poussées à leur paroxysme, toi qui les as élevées à leur acmé. Sagesse, beauté, douceur et générosité étaient tes vêtements, ceux qui protégeaient ta foi. Mais par-dessus tout, tu laissais rayonner ta miséricorde et ta clémence sur le monde ; l’ami, la compagne, l’enfant, le pauvre, la bête et jusqu’à l’ennemi pouvaient s’abreuver à cette douceur du cœur inégalée !
Le Dieu des hommes, l’Unique qui t’a fait puis t’a envoyé sauver les pauvres bougres que nous sommes, du feu de leurs propres passions. Le Tout-Miséricordieux qui t’a accueilli au plus haut des sept Cieux, afin de te déclarer Son amour et te faire don de ce qu’Il n’offrit à personne avant, ni après toi, parle de toi en ces termes dans Son livre sacré : « Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour les mondes »[1]. Ta venue seule est une miséricorde pour tout ce que Dieu a créé, toi au doux visage, qui embrassais l’enfant, patientais avec l’agresseur et étais au service des tiens jusqu’à ce que Dieu t’appelle pour la prière.
La vie passée en prières sur toi ne suffirait pas pour exprimer ma gratitude pour le bonheur que tu nous as laissé ; j’étais voué à l’égarement et tu m’as guidé ; j’allais éprouver la colère de Dieu et tes conseils m’en ont préservé ; j’allais plonger dans le feu et tu m’as retenu par ta clémence. Tu n’avais de cesse de penser au sort de tes compagnons et frères plus qu’à ton propre sort. La lune et le soleil te furent offerts en présent et tu les refusas afin de vivre parmi tes frères et les traiter avec amour et tendresse.
Tu symbolises pour moi le modèle absolu, celui qui rend le mal par le bien. Ta mansuétude ne t’a-t-elle pas poussé à demander à ceux qui t’avaient repoussé, calomnié, injurié, affamé, battu, combattu, banni, lorsque Dieu te donna le dessus sur eux après plus de vingt ans de patience : « Ô habitants de la Mecque ! Que pensez-vous que je vais faire de vous aujourd’hui ? ». Ils répondirent : « Du bien, car tu es un frère généreux, fils d’un frère généreux ». Tu repris alors : « Je vais vous dire ce que Yousouf avait dit à ses frères : Pas de récrimination contre vous aujourd’hui. Allez-vous-en, vous êtes libres ». Quelle preuve plus grande que celle-là de ta mansuétude sans bornes ô noble prophète ?!
Je prie mon Créateur chaque jour afin de pouvoir te rencontrer dans Son royaume et être à tes côtés, afin de pouvoir admirer ce cœur doux qui est le tien, voir la blancheur de ta peau, le rayonnement de ton sourire, la blancheur de tes dents, la senteur qui émanait de toi, profiter de ta miséricorde, et entendre ta voix tant désirée. Tu priais ton Maître et le mien en permanence afin qu’Il prenne ta communauté, celle dont je fais partie, en pitié, et pourtant tu savais qu’il y avait parmi nous le pécheur, l’oisif et l’insouciant. Tu étais mon intercesseur sur Terre, tu seras mon intercesseur au jour dernier, l’abnégation dont tu fais preuve me fait couler les larmes ô mon aimé.
Que t’importaient le luxe et le confort, tu les souhaitais aux autres, toi tu passais tes nuits en prières jusqu’à ce que tes pieds se fendent par reconnaissance pour Celui qui t’a fait. Tu étais un « Coran qui marche », quelle illustre description de toi fut faite par cette expression de la bouche de notre mère Aïcha, que Dieu l’agrée. Et quoi de plus sublime que le Coran ? Lui qui reflète toute la clémence divine, lui qui a préséance sur toutes les paroles comme Dieu a préséance sur toute la création.
Le bédouin urinait dans ta noble mosquée, les compagnons étaient prêts à le sanctionner, et toi saint prophète, tu leur demandes de le laisser terminer avant de lui expliquer avec douceur son erreur. Quelle patience, quelle bonté inégalée, reflet de ton âme illuminée par la lumière Divine. D’aucuns auraient fait fuir les hommes là où tu amadouais les cœurs.
Je t’envoie toutes mes salutations et mes prières ô Mohammad. Je sais qu’elles te parviennent et que tu y réponds, je promets de faire de toi mon modèle le plus élevé, de te copier dans la douceur, la clémence et la générosité. Je sais les sacrifices que tu as endurés afin de nous sauver, afin de nous faire parvenir la Parole de Dieu. Je te suis infiniment reconnaissant de t’être adressé à moi à travers ces paroles : « Mes frères me manquent ! », On te dit alors: « Ne sommes-nous pas tes frères ? » tu répondis: « Non ! Vous êtes mes compagnons ! Mes frères sont des gens qui viendront après moi, croiront en moi alors qu’ils ne m’ont pas vu ! ». [2] Je suis ton frère mon cher prophète, paix et salut de Dieu sur toi, et j’en suis honoré. Ne me prive jamais de ton amour ni de ta proximité.
« Ô Mohammad, c’est par une miséricorde de la part de Dieu que tu as été si doux envers eux. Mais si tu avais été rude, au cœur dur, ils t’auraient fui. » [3] Voici donc la source de ta clémence ! Elle est d’origine divine, ceci explique la raison de sa profondeur et de sa permanence dans le temps et l’espace. Dieu t’a créé parfait noble prophète, et t’a rendu illustre pour l’éternité. Certes, tu attirais les gens à toi grâce à ton noble comportement, et aujourd’hui le nombre de tes enfants et héritiers ne se compte plus. La parole « La ilaha illa Allah » (Il n’y a de dieu que Dieu) est prononcée en permanence et partout dans le monde car tu as su l’incruster avec paix et tendresse dans le cœur des Hommes.
Que ton visage soit illuminé, que la prière et le salut de Dieu soient sur toi le jour où tu es né, le jour où tu mourus et le jour où tu seras ressuscité vivant. Que te soit donné le bassin promis, la place élevée auprès de ton Seigneur bien-aimé. Que ton intercession soit entendue et exaucée pour notre sauvegarde. Que le Grand Magnanime soit clément avec toi et avec nous tous, ô toi le prophète de la clémence !
[1] Coran : Al-Anbiyâ’, v.107 [2] Hadith rapporté par l’imam Ahmad [3] Coran : Imrâne, v.159